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Dernières Infos - Diplomatie

Reprise à Vienne de négociations tendues sur le nucléaire iranien

Reprise à Vienne de négociations tendues sur le nucléaire iranien

Des policiers surveillant l'entrée de l'hôtel où ont lieu les discussions pour sauver l'accord international sur le nucléaire iranien, à Vienne, le 15 avril 2021. Photo REUTERS/Leonhard Foeger

Les discussions pour sauver l'accord international sur le nucléaire iranien ont repris jeudi à Vienne avec un sentiment d'urgence, au moment où Téhéran se prépare à enrichir l'uranium à hauteur de 60%.

La réunion des Etats parties à l'accord (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie et Iran) "a commencé il y a quelques minutes", a déclaré le porte-parole de l'Union européenne Peter Stano, peu après 12h30 heure locale (10h30 GMT). La décision de l'Iran de franchir le seuil inédit de 60% "est extrêmement inquiétante du point de vue de la non-prolifération nucléaire et elle va à l'encontre de l'esprit des pourparlers en cours à Vienne", a-t-il souligné, rappelant qu'"il n'y avait aucune justification civile crédible ou plausible" à une telle mesure.

Le président iranien s'était, un peu plus tôt, voulu rassurant. "Nos activités nucléaires sont pacifiques, nous ne cherchons pas à obtenir la bombe atomique", a affirmé Hassan Rohani dans un discours transmis par la télévision d'Etat jeudi.

Il n'empêche, en se rapprochant des 90% nécessaires à une utilisation militaire, la République islamique "met la pression sur tout le monde", résume un diplomate européen. Après un bon départ, "c'est vrai que cela complique les choses", a-t-il dit à l'AFP.

"Nous prenons très au sérieux cette annonce provocatrice" de Téhéran, avait réagi mercredi soir à Bruxelles le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. "Je dois vous dire que cette mesure soulève des questions sur le sérieux de l'Iran s'agissant des pourparlers nucléaires".

"Seule solution viable" 
Comment réagir ? Voilà la question qui se pose en coulisses.

L'enrichissement d'uranium à 60% se veut une "réponse" au "terrorisme nucléaire" d'Israël après l'explosion survenue dimanche dans l'usine d'enrichissement de Natanz, argue Téhéran, qui accuse ouvertement les Israéliens d'avoir saboté cette usine.

Berlin, Paris et Londres ont mis en garde contre toute escalade, "par quelque pays que ce soit", tout en déclarant que l'annonce par l'Iran d'un prochain enrichissement à 60% est un événement "grave (...) contraire à l'esprit constructif" des discussions. Mais Moscou préfère y voir le signe qu'il faut agir vite. "Cela prouve que le rétablissement du JCPOA", l'acronyme anglais qui désigne communément l'accord conclu en 2015 dans la capitale autrichienne, "est la seule solution viable pour ramener le programme nucléaire iranien" sur les rails, a écrit sur Twitter l'ambassadeur de Russie auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov.

L'Iran l'a répété mercredi : pour enrayer cette "spirale dangereuse", les Etats-Unis doivent lever les sanctions imposées par Donald Trump, qui a retiré son pays de l'accord en 2018.

Le JCPOA avait permis un allègement des mesures punitives contre la République islamique en échange d'une réduction draconienne de ses activités nucléaires, sous le contrôle de l'ONU, afin de garantir qu'elle ne cherche pas à se doter de la bombe atomique.

"Urgence" 
C'est un des sujets sur lesquels planchent les experts à Vienne, sous l'égide de l'Union européenne, avec la participation indirecte d'une délégation américaine, logée dans un autre hôtel.

"Les événements de ces derniers jours rappellent à chaque partie que le statu quo est synonyme de perdant-perdant pour les deux camps" et "accroissent l'urgence", commente auprès de l'AFP Ali Vaez, un spécialiste du dossier iranien au sein du centre de réflexion International Crisis Group (ICG). "Il est clair que plus le processus diplomatique s'éternise, plus grands sont les risques qu'il soit entravé par des saboteurs et des personnes mal intentionnées", ajoute-t-il, tandis que le Guide suprême iranien Ali Khamenei a fait savoir mercredi qu'il n'autoriserait pas que les discussions traînent "en longueur".

Les obstacles sont cependant nombreux et définir une feuille de route acceptable par l'Iran et par les Etats-Unis, les deux puissances ennemies, prendra du temps, préviennent les experts. La toile de sanctions tissée par l'ex-président américain s'avère ainsi complexe à défaire, certaines ayant été imposées pour des raisons non-nucléaires. 

En attendant, Téhéran réduit le délai pour acquérir la matière fissile nécessaire à la fabrication d'une bombe, déplore le diplomate européen.

"Le ciel ne nous tombera pas sur la tête dès le lendemain du début de l'enrichissement d'uranium à 60% par l'Iran", souligne Ali Vaez, "mais les préoccupations vont grandir quand les Iraniens auront accumulé une quantité significative de matière" même si la convertir en arme requiert des étapes supplémentaires.

Les discussions pour sauver l'accord international sur le nucléaire iranien ont repris jeudi à Vienne avec un sentiment d'urgence, au moment où Téhéran se prépare à enrichir l'uranium à hauteur de 60%.La réunion des Etats parties à l'accord (Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie et Iran) "a commencé il y a quelques minutes", a déclaré le porte-parole de l'Union européenne...