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Dernières Infos - Opposition

Pour Navalny, contre Poutine : des dizaines de milliers de manifestants en Russie

Des policiers détenant un manifestant pro-Navalny, le 23 janvier 2021 à Vladivostok. Photo AFP / Pavel KOROLYOV

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi en Russie à l'appel de l'opposant Alexeï Navalny pour exiger sa libération, donnant lieu à au moins 1.600 arrestations, ainsi qu'à des heurts dans plusieurs grandes villes, notamment à Moscou.

Les plus gros rassemblements ont eu lieu dans la capitale russe et dans la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg, avec dans chaque cas quelque 20.000 participants, selon des journalistes de l'AFP. Des mnaifestations ont également eu lieu dans des dizaines d'autres villes. Les foules scandaient des slogans comme "Poutine voleur !", "Navalny, on est avec toi !" et "Liberté pour les prisonniers politiques !". A Moscou, des heurts ont opposé à plusieurs reprises dans l'après-midi des policiers qui frappaient à coups de matraque des manifestants leur jetant des boules de neige. 

Ce mouvement de contestation a lieu à quelques mois des législatives prévues pour l'automne, sur fond de chute de popularité du parti au pouvoir Russie unie. Ces actions sont les manifestations les plus importantes depuis celles organisées par M. Navalny déjà pendant l'été 2019 à Moscou en marge d'élections locales. Dans le centre de la capitale, les forces antiémeutes ont arrêté plus de 500 personnes, selon l'ONG spécialisée OVD Info qui avait comptabilisé vers 15H00 GMT 1.614 arrestations sur l'ensemble du territoire russe. Dans un communiqué, Amnesty International a accusé la police d'avoir "battu sans discernement et arrêté arbitrairement" des manifestants "pacifiques" et souvent "jeunes".

Matraques et boules de neige  
A Moscou, le rassemblement a eu lieu place Pouchkine et dans les rues et l'avenue voisines. 
Les manifestants ont à de nombreuses reprises fait pleuvoir les boules de neige sur les policiers, qui ont sans ménagement arrêté des protestataires. "Des bandits en uniforme protègent les bandits qui sont au pouvoir", a dénoncé Vera Spivakova, une retraitée moscovite de 71 ans présente à cette manifestation. A Saint-Pétersbourg, une foule compacte a défilé sur le célèbre Prospekt Nevski. "J'aurais eu honte de rester à la maison", a confié Galina Fedosseva, 50 ans.

Le fonds de lutte contre la corruption, l'organisation de M. Navalny, n'a pas donné d'évaluation du nombre des manifestants mais a évoqué sur Twitter "une foule d'une taille incroyable" à Moscou. La police a quant à elle estimé que 4.000 personnes étaient allées manifester et qu'une quarantaine de membres des forces de l'ordre avaient été légèrement blessés.

En fin d'après-midi, les manifestants se sont divisés en groupes de dizaines de personnes en différents endroits de la capitale pour manifester. La présence policière dans le centre-ville restait très importante en début de soirée. 
Plus tôt, Ioulia Navalnaïa, la femme de l'opposant récemment propulsée sur le devant de la scène, s'est rendue à la manifestation moscovite, avant de publier un selfie dans un fourgon cellulaire, annonçant son interpellation. Elle a été libérée vers 15H00 GMT.
Outre Moscou et Saint-Pétersbourg, d'importants rassemblements ont eu lieu en Extrême-Orient, à Vladivostok et Khabarovsk, où de violentes arrestations ont également été signalées. A Iakoutsk, en Sibérie, une centaine de personnes ont manifesté par -50 degrés Celsius. 

L'ambassade américaine accusée
Le ministère russe des Affaires étrangères, via sa porte-parole Maria Zakharova, a pour sa part affirmé que l'ambassade des Etats-Unis avait publié sur son site internet des "itinéraires" des manifestations afin de les encourager et devrait s'en "expliquer". 
La représentation diplomatique avait appelé sur son site les Américains à ne pas se rendre à ces rassemblements, précisant les lieux où ils se déroulaient. L'ambassade des Etats-Unis a pour sa part dénoncé sur Twitter "la répression des droits" des Russes.

Placé en détention jusqu'au 15 février au moins et visé par plusieurs procédures judiciaires, Alexeï Navalny, 44 ans, a été appréhendé le 17 janvier, dès son retour d'Allemagne, après cinq mois de convalescence à la suite d'un empoisonnement présumé dont il accuse le Kremlin. Son appel à manifester, après son incarcération, a été accompagné d'une enquête vidéo dans laquelle il accuse Vladimir Poutine de s'être fait bâtir pour un milliard d'euros une fastueuse demeure sur les rives de la mer Noire.
Les autorités rejettent l'ensemble des accusations d'empoisonnement et de corruption, qualifiant l'opposant et son entourage d'"escrocs" à la solde des Occidentaux. La vidéo a néanmoins rencontré un énorme succès et a été visionnée plus de 68 millions de fois depuis mardi sur YouTube.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi en Russie à l'appel de l'opposant Alexeï Navalny pour exiger sa libération, donnant lieu à au moins 1.600 arrestations, ainsi qu'à des heurts dans plusieurs grandes villes, notamment à Moscou.Les plus gros rassemblements ont eu lieu dans la capitale russe et dans la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg, avec dans chaque cas...