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Poursuite du fragile dialogue en Tunisie après une timide avancée

Poursuite du fragile dialogue en Tunisie après une timide avancée

Le président tunisien Kais Saied lors de l'ouverture des pourparlers libyens en Tunisie, le 9 novembre 2020. Photo AFP/Fethi Belaid

Les délégués libyens réunis en Tunisie ont débattu jeudi des contours d'un nouveau pouvoir, au lendemain d'un "accord préliminaire" sur la tenue d'élections selon l'ONU, une timide avancée dans le but de résoudre le conflit dans lequel ce pays est englué.

Plusieurs séries de pourparlers interlibyens ont eu lieu à divers niveaux et entre différents représentants depuis la cessation en juin des hostilités entre les deux principaux camps: à l'Ouest, le gouvernement d'union (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et, à l'Est, le pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar, soutenu par un Parlement élu.

A la faveur de ces petits pas, un Forum présenté comme inclusif se déroule depuis lundi à Gammarth, près de Tunis, et un premier progrès notable a été rapporté mercredi soir par l'ONU, avec l'annonce d'un accord préliminaire sur l'organisation d'élections sous 18 mois. La prudence reste de mise: la Libye a plongé dans le chaos après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, et les initiatives diplomatiques et accords des dernières années ont tous échoué à résoudre le conflit.

Toutefois, le Forum de Gammarth "est la meilleure occasion pour mettre fin aux divisions", a estimé l'émissaire par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams. Mercredi soir, elle a annoncé que les 75 délégués libyens étaient "parvenus à une feuille de route préliminaire pour mettre fin à la période de transition et organiser des élections présidentielles et parlementaires libres, justes, inclusives et crédibles" sous 18 mois.

Ces pourparlers visent aussi à mettre sur pied un exécutif unifié, composé d'un conseil présidentiel de trois membres et d'un gouvernement, et à en nommer les quatre têtes. Ils rassemblent des participants de tous bords, sélectionnés par l'ONU en fonction de leur appartenance géographique, politique ou idéologique, et s'engageant à ne pas briguer de mandat. La légitimité de ces délégués a néanmoins déjà été remise en cause par des groupes se disant sous-représentés.

Tensions à Syrte

Le risque subsiste également que des dirigeants actuels, absents des pourparlers, des groupes armées ou leurs parrains internationaux tentent de jouer les trouble-fête, dans un pays qui a connu une implication croissante de puissances étrangères et où la trêve reste fragile.

Jeudi, les forces du GNA ont mis en garde contre les risques de violation du cessez-le-feu, du fait de tensions autour des rencontres en cours à Syrte entre des représentants militaires des deux principaux camps, au sein d'une commission militaire mixte dite 5+5. "Les mouvements militaires autour de Syrte et Jufra supposent qu'il n'y a pas de volonté d'évacuer la zone de la part des milices armées", a estimé dans un communiqué leur porte-parole, Mohamad Gnounou. "Nous ne voulons pas voir échouer le dialogue politique", mais nous ne négocierons pas sous la menace de mercenaires et de leurs défenses aériennes", a-t-il prévenu. Syrte est une ville stratégique entre l'ouest et l'est libyen où le front s'est stabilité au printemps.

Mardi, le commandement des forces du GNA avait déjà accusé sur Twitter des mercenaires russes de Wagner, un groupe actif au côté du maréchal Haftar, de les avoir empêchés d'atterrir à Syrte, les obligeant à faire une partie du trajet par la route.

Les pourparlers militaires en cours à Syrte doivent notamment se pencher sur le retrait des forces étrangères de Libye, où la Turquie soutient activement le GNA tandis que la Russie, les Emirats arabes unis et l'Egypte soutiennent les pro-Haftar.

Pour Jack Watling, chercheur au centre d'analyse RUSI à Londres, l'incident à l'aéroport de Syrte est lié à la volonté locale de sécuriser l'espace aérien, mais aussi à la volonté de Moscou de démontrer son influence. "Est-ce que cet incident a saboté les négociations? Probablement pas. Mais la Russie a montré qu'elle en avait les moyens, si elle souhaite", selon lui.

Les délégués libyens réunis en Tunisie ont débattu jeudi des contours d'un nouveau pouvoir, au lendemain d'un "accord préliminaire" sur la tenue d'élections selon l'ONU, une timide avancée dans le but de résoudre le conflit dans lequel ce pays est englué.Plusieurs séries de pourparlers interlibyens ont eu lieu à divers niveaux et entre différents représentants depuis la cessation en...