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Coronavirus : une mosquée de Téhéran convertie en atelier produit des masques


Des Iraniennes du mouvement Bassidj produisant des masques dans une mosquée de Téhéran reconvertie en atelier, le 5 avril 2020. Photo AFP / ATTA KENARE

La mosquée a été transformée en atelier de confection. Alignées comme des écolières, chacune devant une petite table surmontée d'une machine à coudre, une quinzaine d'Iraniennes s'affairent à fabriquer des masques et des draps. Ici le tchador noir est de mise car ces petites mains sont membres du Bassidj, ce mouvement de "mobilisation" populaire adossé aux innombrables mosquées qui parsèment le territoire de la République islamique. Et en ces temps de pandémie de nouveau coronavirus, presque toutes portent également un masque.

"Notre groupe [d'une quarantaine de femmes] se rendait chaque année sur les champs de bataille de la guerre Iran-Irak pour servir les visiteurs", explique à l'AFP Fatemeh Saïdi, jeune femme de 27 ans engagée dans le Bassidj avec son mari.

Plus de trente ans après la fin de ce conflit (1980-1988), les visites de groupe dans ces zones de la façade occidentale du pays sont un point de passage obligé pour l'éducation civique d'une bonne partie de la jeunesse iranienne pendant les congés du Nouvel An persan (fin mars-début avril).

"Cette année, en raison de la propagation du coronavirus, les déplacements entre les villes ont été interdits et nous n'avons pas pu y aller. Alors nous sommes venues ici pour servir nos compatriotes. Nous travaillons à cela depuis plus d'un mois", raconte Mme Saïdi. Cela contribue à l'effort national de lutte contre la pandémie de Covid-19, qui touche tout particulièrement l'Iran. "Notre situation est doublement difficile", a rappelé lundi le président iranien Hassan Rohani, "puisque nous faisons face à la fois aux sanctions [américaines contre Téhéran, rétablies et intensifiées par le président Donald Trump depuis mai 2018] et au coronavirus".

La presse nationale et étrangère a été invitée à la mosquée Emamzadeh-Massoum, où travaillent ces femmes dans un quartier sud-ouest de la capitale iranienne, à l'occasion de la visite des lieux par un haut responsable des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.

Pendant que les couturières piquent, une équipe est chargée de découper les guirlandes de masques ainsi produites et trie les masques à l'unité, placés dans des seaux. D'autres femmes plient et rangent les draps en tissu imprimé au fur et à mesure de leur production. Dans une autre salle du lieu de culte, des hommes assis sur les tapis de prière confectionnent des gants en plastique avec des moules thermocollants rudimentaires.

"Nous distribuons ces produits dans les hôpitaux et les zones défavorisées de Téhéran et de plusieurs autres villes", explique Mme Saïdi.

Une des bénévoles ne cache pas les motifs religieux de sa présence : pour elle il s'agit ni plus ni moins de "rendre heureux le cœur de l'Imam Zaman", autre nom du Mahdi, le dernier des douze saints imams vénérés en islam chiite iranien, occulté de son vivant, et dont le retour attendu par les croyants annoncera la fin des temps et le début d'une ère de justice et de paix.

La mosquée a été transformée en atelier de confection. Alignées comme des écolières, chacune devant une petite table surmontée d'une machine à coudre, une quinzaine d'Iraniennes s'affairent à fabriquer des masques et des draps. Ici le tchador noir est de mise car ces petites mains sont membres du Bassidj, ce mouvement de "mobilisation" populaire adossé aux innombrables mosquées qui...