Le président sud-soudanais Salva Kiir. Photo d'archives AFP
Le président sud-soudanais Salva Kiir a engagé début avril des lobbyistes américains, parmi lesquels un ancien ambassadeur au Kenya, notamment pour bloquer la création d'un tribunal chargé de juger les responsables des exactions commises depuis le début de la guerre civile en 2013, selon le contrat consulté mardi par l'AFP.
Le contrat, consultable sur le site du ministère américain de la Justice, porte sur un montant de 3,7 millions de dollars (3,3 millions d'euros) et a été signé le 2 avril par le numéro 2 du protocole de la présidence sud-soudanaise "au nom du président Salva Kiir", et par les deux directeurs de la société Gainful Solutions, dont l'ancien ambassadeur des États-Unis au Kenya entre 2006 et 2011, Michael Ranneberger.
"L'ambassadeur (à la retraite) Michael Ranneberger, ainsi que son associé Soheil Nazari-Kangarlou, au travers de leur société commune Gainful Solutions Inc., est ici engagé par le gouvernement du Soudan du Sud (GOSS), via le bureau du président, pour aider le GOSS à améliorer les relations avec les États-Unis, à la fois sur le plan politique et économique", stipule le contrat de deux ans. Mais le contrat comporte des objectifs bien plus inavouables, notamment son point numéro 4: "Retarder et in fine bloquer la mise en place d'un tribunal hybride envisagé par le R-ARCISS", l'acronyme désignant en anglais le nouvel accord de paix sud-soudanais conclu en septembre 2018 à Addis Abeba.
Prévu dans un premier accord de paix signé en août 2015, puis dans celui d'Addis Abeba de 2018, ce tribunal "hybride" serait un tribunal spécial indépendant mêlant droit national et droit international et chargé d'enquêter sur et de juger les responsables des exactions depuis le début de la guerre civile. Sa création a été réclamée à maintes reprises par la communauté internationale, Union Africaine en tête.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, lorsque le président Kiir a accusé Riek Machar, son ancien vice-président de fomenter un coup d'État. Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-soudanais, soit près d'un tiers de la population, à quitter leurs foyers.
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