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Les pays malades de la Perse

La revue américaine Foreign Policy a fait état il y a quelques jours d’un récent sondage effectué dans vingt pays arabes, dont il ressort que l’opinion favorable dont jouissait la République islamique iranienne au sein des populations arabes a connu dans la plupart des pays de la région une chute drastique depuis 2006, date à laquelle elle avait atteint son apogée. L’étude évoquée par FP souligne dans ce cadre que la position de Téhéran à l’égard de la guerre syrienne a constitué pour l’opinion arabe « la goutte qui a fait déborder le vase ».
Les conclusions de ce sondage ne sont certes pas surprenantes, surtout à la lumière de la forte exacerbation des tensions sunnito-chiites un peu partout, précisément à la suite de l’intense implication iranienne dans le conflit qui ensanglante la Syrie. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement au vu de la ligne de conduite des mollahs khomeynistes, qui cache mal un certain « impérialisme » pratiqué dans l’ensemble de la région par ce qui paraît être l’esquisse d’un nouvel empire perse ?
Les exemples d’un tel expansionnisme iranien sont légion. Parallèlement aux cas flagrants de la Syrie et de Bahreïn, les informations – très discrètes – sur l’agitation qui secoue de façon épisodique les zones chiites d’Arabie saoudite se font de plus en plus fréquentes, plus particulièrement sur les sites électroniques. À cette obscure agitation vient se greffer une ingérence beaucoup moins discrète au Yémen, frontalier de l’Arabie saoudite. Le 23 janvier dernier, les autorités yéménites ont ainsi intercepté, avec l’aide de la marine américaine, un bateau en provenance d’Iran ayant à son bord une importante cargaison d’armes, notamment des missiles antiaériens de types SAM 2 et SAM 3. Une semaine plus tard, le 3 février, une source de sécurité yéménite confirmait que le navire était bel et bien iranien et que les armes – qui avaient été chargées en Iran – étaient destinées aux rebelles zaïdites chiites du nord du Yémen (les houthis), qui contrôlent la province de Saada.
En Irak, un scénario en tous points semblable au cas libanais s’est mis progressivement en place, avec un gouvernement contrôlé par les chiites pro-iraniens, sous la houlette de Nouri al-Maliki, qui fait face désormais à une rébellion sunnite grandissante mettant en cause la mainmise iranienne sur le pouvoir.
En Libye, les autorités ont informé officiellement le Liban, au début du mois de février dernier, que tout voyageur ayant visité l’Iran et ayant un visa iranien sur son passeport serait interdit de séjour sur le territoire libyen, cette mesure s’appliquant à l’évidence aux Libanais, dont un certain nombre ont été effectivement refoulés par les autorités aéroportuaires libyennes.
En Égypte, lors de la visite historique qu’il a effectuée au Caire au début du mois de février pour participer au 12e sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) – ce fut la première visite en Égypte d’un chef d’État iranien depuis la révolution islamique de 1979 –, le président Mahmoud Ahmadinejad a déployé d’intenses efforts afin de convaincre le nouveau pouvoir égyptien de tisser des liens stratégiques avec Téhéran. D’alléchantes propositions d’investissements et de coopération économique ont été avancées à cette fin.
Cet expansionnisme s’accompagne en outre d’une politique agressive à l’échelle internationale, illustrée par de dangereuses ambitions nucléaires démesurées et par un implacable bras de fer engagé avec le monde occidental, États-Unis en tête.
Une telle ligne de conduite, dira-t-on, n’est-elle pas le propre de toute puissance régionale qui se doit, pour des considérations économiques, stratégiques et macro-politiques évidentes, d’étendre sa présence et son influence dans tout son espace vital, et même au-delà? Certes. Sauf que dans le cas précis de la République islamique iranienne, une telle posture exacerbe dangereusement des tensions sectaires et communautaires, déjà très vives dans cette partie du monde.
Le plus grave, c’est qu’en donnant libre cours à leurs velléités impérialistes, les mollahs de Téhéran se comportent à l’égard des pays de la région comme un « éléphant dans un magasin de porcelaine ». En d’autres termes, en manifestant un mépris et un dédain totaux vis-à-vis des sensibilités, ou même des intérêts les plus élémentaires, des populations locales. Comment s’étonner, auquel cas, du résultat du sondage rapporté par Foreign Policy ?
L’illustration la plus saillante de cette attitude iranienne est sans conteste la politique suivie par le Hezbollah au Liban. Le parti chiite agit, de fait, comme si le Liban ne représentait qu’un simple champ de bataille et de manœuvres au service des ambitions géostratégiques de la République islamique. Il perd des élections législatives ? Qu’à cela ne tienne : il a recours aux menaces et à l’intimidation miliciennes pour saboter la majorité parlementaire et effacer sans sourciller le résultat du scrutin. Certains de ses cadres sont accusés par l’appareil judiciaire d’être impliqués dans des assassinats et des attentats politiques ? Peu importe : pas question de livrer les suspects. Un milicien du parti assassine de sang-froid un officier de l’armée à bord d’un hélicoptère militaire en mission ? L’accusé est mystérieusement libéré au bout de cinq mois de détention... Le frère d’un ministre du parti est impliqué dans la falsification de la signature du ministre de la Santé et dans un trafic de médicaments frelatés, et le frère d’un député du même parti est accusé de fabriquer des comprimés de stupéfiants ? Des « détails » qui ne perturbent pas outre mesure les responsables hezbollahis concernés.
Le dernier en date de ces comportements dédaigneux est sans doute le plus significatif : un chef de la diplomatie, « ministre des Affaires étrangères » de « lui-même », ou plus précisément de la faction hezbollahie qu’il représente, qui fait cavalier seul à une conférence ministérielle arabe, et qui est rappelé publiquement et vertement à l’ordre par le président de la République et le Premier ministre... Aucune importance : les dirigeants du Hezbollah affirment haut et fort, malgré tout, que la position de « leur » ministre représente la politique étrangère de l’État libanais... Et que le chef de l’État et le chef du gouvernement se tiennent cois...
Il ne s’agit là que de quelques cas de figure qui mettent en relief le genre de pratiques politiques auxquelles se livrent les mollahs de la République islamique iranienne et leurs relais locaux... Des pratiques qui ont pour effet de susciter et d’attiser une fronde perceptible dans l’ensemble du monder arabe, de Bagdad à Beyrouth, en passant par le Golfe et les bords du Barada. Et surtout – et c’est là le plus grave – qui ont aussi pour conséquence de renforcer démesurément les courants radicaux et violents dans le camp adverse. À l’ombre d’une telle dynamique destructrice, l’attentisme et les atermoiements de certains décideurs internationaux ne font qu’accélérer la descente aux enfers. Mais n’est-ce pas là le but recherché, bien au-delà des déclarations publiques et des propos souvent trompeurs?
La revue américaine Foreign Policy a fait état il y a quelques jours d’un récent sondage effectué dans vingt pays arabes, dont il ressort que l’opinion favorable dont jouissait la République islamique iranienne au sein des populations arabes a connu dans la plupart des pays de la région une chute drastique depuis 2006, date à laquelle elle avait atteint son apogée. L’étude...

commentaires (7)

Le mal est nécessaire en politique et cette nécessité vaut justification. Ainsi se comporte la nouvelle Perse voulant à tout prix revivre un ancien rêve de domination dans certains pays arabes. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

16 h 08, le 12 mars 2013

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Commentaires (7)

  • Le mal est nécessaire en politique et cette nécessité vaut justification. Ainsi se comporte la nouvelle Perse voulant à tout prix revivre un ancien rêve de domination dans certains pays arabes. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    16 h 08, le 12 mars 2013

  • Attention a l'explosion!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 42, le 12 mars 2013

  • Faut dire , que quand le perse neige fleuri auLiban....le férula hermonis se vend mieux à Damas...(proverbe phénicien)

    M.V.

    12 h 30, le 12 mars 2013

  • Quand dans la même famille, dans la même maison, les sentiments sont si exacerbés que tous les membres de cette famille aiguisent puis brandissent déjà les coutelats, prêts à s'entretuer, y a-t-il une autre alternative que celle du DIALOGUE, quelle que soit l'ampleur des différends, les accusations et les crimes attribués, pour essayer de sauver ce qui peut l'être, et si ça peut l'être, et ramener l'Entente et la paix dans la famille et dans la maison ? Ou le langage des Coutelats est le meilleur ? LA RAISON ET LA LOGIQUE DEVRAIENT PREVALOIR, sinon c'est la LOI DE LA JUNGLE ! Celle des extrémistes et des terroristes que nous condamnons sans cesse tous les jours. NOUS SUIVONS CE QUE NOS INSTINCTS ( ET NON NOTRE LOGIQUE ) NOUS DICTENT, BARBARES HYENES, LOUPS ET SAUVAGES QUI NOUS ATTRIBUONS FAUSSEMENT LE NOM D'HOMMES...

    SAKR LEBNAN

    10 h 45, le 12 mars 2013

  • Autrement dit, le bataillon iranien du Hezbollah a arraché par les armes le pouvoir au Liban, pendant que les aveugles et les sourds appellent au dialogue comme d'autres appelleraient à la prière.

    Saleh Issal

    08 h 22, le 12 mars 2013

  • En fait le but recherché est d'exacerber les sentiments et les haines entre Chiites et Sunnites dans la région à tel point où une étincelle, en temps choisi et voulu, mettrait le feu aux poudres et y sèmerait les Catastrophes. ET, LE NOUVEAU MOYEN ORIENT, Rêve de GWB, NAÎTRA ! non plus avec une intervention césarienne, mais naturellement, de lui-même, par LA STUPIDITÉ ET le fanatisme devenus légendaires, enfants DES HAINES SÉCULAIRES des habitants de la région, aux dépents de l'élément chrétien. LES CONS SE LAISSENT PRENDRE.

    SAKR LEBNAN

    07 h 03, le 12 mars 2013

  • "Les pratiques politiques auxquelles se livrent les mollahs de la République islamique iranienne et leurs relais locaux" sont littéralement des pratiques irresponsables et folles, dont la nocivité aux pays arabes et au monde musulman en général est incommensurable, par une extrême incitation au conflit sunnito-chiite dévastateur. Prenons l'exemple de notre Hezbollah libanais. Que fait-il en combattant en Syrie par ordre de l'Iran et aux côtés du régime tyran et criminel de Damas, exécré par les 3/4 du peuple syrien et par tous les peuples arabes et musulmans ? Il attire et invite au Liban, en particulier à Dhahieh, au Sud, à la Békaa, les extrémistes islamistes affiliés à al-Qaida, en tête le front al-Nousra, afin d'y exercer leur "merveilleuse" terreur, comme ils le font en Irak depuis des années. Des menaces spécifiques en ce sens sont déjà entendues. Le Hezbollah d'Irak, lui, veut "libérer les lieux saints musulmans" (al-Haramain al-Charifain), ni plus ni moins. Peut-il y avoir plus grande folie ?! En illustration, une récente vidéo (13 février écoulé), dont le "link" est le suivant : www.youtube.com/embed/xNbl3vjw4_4

    Halim Abou Chacra

    05 h 49, le 12 mars 2013

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