Geagea : Nous sommes contre le sectarisme et le défi, mais nous voulons une nouvelle loi électorale

Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a donné hier après-midi le coup d’envoi à l’adhésion aux FL, en tant que parti politique qui a été doté récemment d’une structure partisane moderne et de statuts permettant de gérer les pratiques démocratiques au sein du nouveau parti. Une cérémonie a été organisée à cette occasion au siège des FL à Meerab, en présence du vice-président du parti Kataëb, Chaker Aoun, représentant le président Amine Gemayel, du représentant du président du bloc parlementaire du courant du Futur, Fouad Siniora, le député Jamal el-Jarrah, ainsi que des députés Sethrida Geagea, Nadim Gemayel, Georges Adwan, Élie Keyrouz, Antoine Zahra, Fady Karam, Chant Djandjian, Tony Aboukhater, Joseph Maalouf, Fady Habre. Étaient également présents M. Nehmé Harb, représentant le député Boutros Harb, les anciens ministres Hassan Sabeh, Joe Sarkis et Tony Karam, le chef du mouvement de l’Indépendance, Michel Moawad, le chef du mouvement du Changement, Élie Mahfoud, Mme May Chidiac et de nombreuses autres personnalités politiques et médiatiques.

Dans son allocution prononcée devant les partisans qui s’apprêtaient à prêter serment, Samir Geagea a commencé par retracer le long parcours des FL et de la résistance libanaise, soulignant en substance que ce combat a débuté il y a 38 ans lorsque les institutions légales ont été totalement marginalisées et paralysées sous le poids des armes illégales. « C’est alors qu’une poignée d’hommes et de femmes a entrepris de défendre la souveraineté, l’indépendance, la dignité et la présence libre, jusqu’au martyre, a relevé le leader des FL. Les Forces libanaises ne datent pas d’aujourd’hui, ni même de 1975. Elles sont apparues lorsque nos ancêtres ont réalisé que se soumettre à l’oppresseur ne fait qu’accroître l’oppression, lorsqu’ils ont réalisé que vivre dans l’humiliation, c’est mourir un peu. C’est de cet esprit que la résistance libanaise a puisé l’essence de son existence au fil des ans, et c’est alors qu’est née la première génération de résistants au Liban. Les Forces libanaises en tant qu’esprit militant enraciné dans cette terre existent depuis longtemps. Quant aux Forces libanaises en tant que parti et institution, elles sont au centre de notre rencontre aujourd’hui. Cette cérémonie est, certes, importante, mais elle ne constitue qu’une petite étape sur la voie d’un long combat. »
 
La génération de la résistance et celle du 14 Mars
Après avoir souligné qu’il ne saurait y avoir de patrie forte sans une vie politique dense et sans partis forts, M. Geagea a déclaré : « Nous édifions un parti qui respecte l’alternance au pouvoir, qui écarte l’héritage (politique) et la sacralisation (du leader). Nous édifions un parti qui abolit le traditionalisme, le clientélisme et le féodalisme, et qui porte plutôt l’étendard de la compétence et de l’égalité. Nous édifions un parti qui puisse rassembler la génération de la résistance armée et du martyre, d’une part, avec, d’autre part, la génération du 14 Mars et de la résistance pacifique face à l’occupation, la génération de la révolution du Cèdre qui milite dans les places publiques et par le biais d’Internet et des réseaux sociaux. »

Et M. Geagea d’ajouter : « Nous édifions un parti pour la femme autant que pour l’homme, et nous invitons dans ce cadre les femmes et les jeunes filles à adhérer en masse aux Forces libanaises (...). Les FL ne peuvent pas être comme de l’eau tiède, elles ne peuvent pas rassembler des adhérents qui ne savent pas ce qu’ils veulent et ce qui est requis de leur engagement. Les FL ne peuvent être qu’à l’image de Bachir Gemayel et des milliers de martyrs qui sont tombés (...). Aujourd’hui, l’ironie du sort a voulu que nous donnions le coup d’envoi de l’adhésion aux FL alors que dans le même temps, la justice a rendu public un acte d’accusation à l’encontre de celui qui avait annoncé avec enthousiasme la dissolution des Forces libanaises » (allusion à Michel Samaha qui avait annoncé, en sa qualité de ministre de l’Information, la dissolution des FL en 1994).

La campagne contre les FL et la loi électorale
M. Geagea a d’autre part vivement stigmatisé la campagne menée contre les FL et leur leader dans le sillage du débat fiévreux sur la loi électorale, réfutant fermement les accusations de « sectarisme » lancées à cet égard contre les FL. « Celui qui a souligné en 2008 que Fouad Siniora le représente plus que Michel Aoun ne peut pas être taxé de confessionnel ou sectaire, a déclaré M. Geagea. Le parti (des FL) qui depuis sept ans n’a jamais cessé de prôner les thèses nationales et de défendre les thèmes rassembleurs, au service de tout le Liban et de tous les Libanais, ne saurait être qualifié de sectaire. Le parti qui s’est opposé sans hésiter et de manière claire et directe à toutes les tentatives de mobilisation confessionnelle à l’occasion du débat sur le (chômage) du vendredi saint, ou de ce qui a été qualifié d’invasion d’Achrafieh, ou encore à l’occasion de l’exploitation du slogan des droits des chrétiens, un tel parti revêt un caractère national. Si le leader de ce parti a été la cible d’une tentative d’assassinat, et si les députés de ce parti ont été surveillés pour attenter à leur vie, ce n’est pas parce qu’ils sont confessionnels et sectaires, mais c’est parce qu’ils sont souverainistes et indépendantistes, et parce qu’ils luttent pour la liberté de tout le peuple libanais et pour l’édification d’un État qui ne soit pas agressé. »

Après avoir rappelé les positions des FL en faveur du printemps arabe et la solidarité que le parti a exprimée avec le Hamas, M. Geagea a déclaré : « Nous voulons une nouvelle loi électorale, non pas parce que les chrétiens veulent se venger des années passées, mais parce que le pays a besoin d’une nouvelle loi électorale, sans pour autant réveiller les démons du passé. Nous voulons une loi électorale qui soit agréée par tous. Nous sommes contre le défi et contre l’attitude de ceux qui ont crié victoire ces derniers jours. Toute victoire d’un Libanais sur l’autre au niveau de problèmes internes ne pourrait être qu’éphémère (…). Nous lançons un appel à nos alliés au sein du 14 Mars afin de déployer tous les efforts possibles pour aboutir à un consensus. »

Et M. Geagea de conclure : « La loi électorale est une revendication populaire pressante. Il était donc nécessaire d’aborder cette question avec le plus grand sérieux. Le 14 Mars et la révolution du Cèdre n’ont pas pour mission uniquement la souveraineté, l’indépendance et le règlement du problème des armes illégales, mais ils ont aussi pour devoir de se pencher sur toutes les doléances des Libanais, sans exception (...). Nous sommes contre le sectarisme, contre l’exacerbation des passions confessionnelles, contre le défi, mais nous voulons une nouvelle loi électorale. Nous sommes pour l’entente, mais à condition d’aboutir à une nouvelle loi électorale. Nous sommes le porte-étendard de la cause. Nous sommes le parti du 14 Mars, le parti de la révolution du Cèdre. »

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