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Liban - Initiative

Barqa ou la vengeance par le développement

À 110 km de Beyrouth, dans le caza de Baalbeck, quelque part sur cette route entre la ville du soleil et les Cèdres, Barqa est un village qui vit une expérience unique grâce à la détermination de ses habitants et la graine semée par le père Nicolas Kuiters, un prêtre jésuite hollandais qui paiera de sa vie son ancrage à la région alors que la guerre faisait rage.

Une vue de la réserve de genévriers.

Barqa est un village comme tous les autres sur cette route Baalbeck-les Cèdres, longtemps ignoré par l'administration centrale. Un village comme tous les autres jusqu'à l'arrivée, en pleine guerre, d'un jésuite hollandais (1978) qui a complètement transformé cette société plutôt fermée, lui insufflant un nouvel esprit. Un esprit synonyme de solidarité, de développement, mais surtout d'enracinement à la terre malgré les difficultés inhérentes aux lieux, en raison des difficultés qu'il leur apprendra à surmonter avec beaucoup d'ingéniosité.
« Je suis le père Nicolas Kluiters », avait dit cet étranger se présentant en civil aux habitants de Barqa. Un prêtre ? Lui ? s'étaient-ils exclamés, étonnés et suspicieux. Chez nous, un ecclésiastique porte une soutane et une longue barbe. Et le père Nicolas d'expliquer qu'il venait proposer une aide tout simplement. La perspicacité de « Istez » Nazih, le maître du village, qui a aussitôt saisi le message de l'inconnu, sauvera la situation et permettra à cet homme de Dieu d'être accueilli par les villageois et, par la suite, complètement intégré, aimé et apprécié. C'était alors le début d'une belle histoire, une histoire que le père Nicolas paiera de sa vie. En effet, il sera kidnappé lors d'une sortie, entre Ras Baalbeck et Barqa. Au bout de multiples recherches, d'interventions et d'autant d'intimidations et de vexations à l'époque, le village, qui cherchait désespérément l'homme providentiel auquel il s'était attaché, retrouve son père Nicolas sans vie, jeté au fond d'un ravin (1985). Mais la graine était semée et les projets sur rails. Ces projets qui ont été ses armes contre la désertion du village. « La seule façon de nous venger de sa mort était de poursuivre son action et de nous développer sur tous les plans », dit un ancien. Un credo repris, d'une seule voix, par tous les habitants de ce village étonnant de vitalité où, dans chaque commerce, chaque maison, trône le portrait du père Nicolas Kluiters aux côtés de ceux de la famille.
Et, depuis, le développement se traduit concrètement sur plusieurs plans : une école complémentaire digne de ce nom, un dispensaire qui est en quelque sorte un minihôpital accueillant même les urgences sérieuses, un atelier de couture où travaillent une trentaine de femmes s'affairant à la confection de sous-vêtements pour une entreprise de lingerie féminine, dirigés tous par les sœurs des Saints-Cœurs très présentes. C'est aussi une colonie de vacances annuelle, organisée depuis bientôt 20 ans, pour la formation des jeunes à cet esprit de solidarité, de développement et d'écologie. La plupart de ces activités ont été commencées avec le père Nicolas et le soutien de l'Ordre de Malte pour certains, et de la Communauté européenne pour d'autres.
À ne pas oublier une coopérative de 600m2 qui permet une autonomie et un certain confort au village.
Le développement, c'est aussi le travail de terrassement et de préparation d'une terre aride plantée petit à petit de légumes et d'arbres fruitiers bio. Comme nouvellement la création de deux petites entreprises d'emballage de graines de toutes sortes par des familles qui sont retournées au village. C'est encore, last but not least, une ferme qui grandit petit à petit et propose divers produits laitiers.

Rabiha et la réserve de genévriers
Rabiha, sur les hauteurs de Barqa. C'est là une autre histoire. Pour y accéder autrement que par une piste ou à dos d'âne, les villageois ont tracé une route de 12 km avec les moyens du bord et la participation aux travaux des grands et des petits. Puis, ils ont construit de grands réservoirs, drainé l'eau de Ouyoun Ourghoch, région située sur l'autre versant de la montagne, du côté des Cèdres, pour arroser la région de Rabiha, le village et les terrains agricoles. Tout cela a été possible avec le soutien de bénévoles et de certaines ONG.
En grimpant vers Rabiha, on découvre la plus grande réserve de genévriers au monde, d'après les sources des spécialistes de l'Université Saint-Joseph, que les habitants de Barqa soignent comme la prunelle de leurs yeux. Ils en sont si fiers.
L'écotourisme n'est pas en reste avec de petits chalets proposés sur ces hauteurs aux amoureux du silence, de la nature, de la marche. Les jeunes se sont constitués en comité pour suivre tous les projets en cours. Ils sont déterminés à aller jusqu'au bout. « Le père Nicolas en sera fier. Il a été notre bénédiction », disent-ils.
Aujourd'hui, Barqa est donnée en exemple aux villages environnants.
Barqa est un village comme tous les autres sur cette route Baalbeck-les Cèdres, longtemps ignoré par l'administration centrale. Un village comme tous les autres jusqu'à l'arrivée, en pleine guerre, d'un jésuite hollandais (1978) qui a complètement transformé cette société plutôt fermée, lui insufflant un nouvel esprit. Un...

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