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Enfances

C’est demain, 28 décembre, que l’Église catholique commémore le massacre des saints innocents. Prévenu de l’arrivée d’un roi libérateur auprès du peuple juif, le tyran Hérode, cruel et paranoïaque, aurait ordonné, comme le fit le Pharaon au temps de Moïse, le massacre de tous les enfants mâles de moins de deux ans. On peut se demander, à la lumière des massacres d’enfants qui se multiplient aujourd’hui en Syrie, d’où vient cette propension à se venger sur les plus vulnérables, à les abattre pour anéantir leurs parents, à les déshumaniser au point de ne voir en eux que des trophées de guerre, des cibles efficaces. Je me souviens, à 7-8 ans, des récits des anciens qui avaient écouté les témoignages des réfugiés arméniens fuyant le génocide. Ils disaient que les enfants étaient égorgés sur les genoux de leurs mères. Cette scène était si épouvantable à concevoir qu’aucun croquemitaine de nos livres d’images ne pouvait égaler en horreur l’horreur de la réalité. La question se pose, lancinante, quant au regard des adultes sur les enfants dans nos contrées. Sans méfiance, pleins de songes, de rêves et de questions, pleins de pourquoi surtout, les petits représentent un danger potentiel pour les satrapes. Aussi viennent-ils alimenter de leur innocence la cruauté des contes fondateurs. Le père Noël, cette version Coca Cola du vieux saint Nicolas, a bien commencé sa carrière en recollant les morceaux de huit petits enfants équarris par un boucher, après les avoir extraits d’un tonneau de sel. Dessaler, après tout, c’est aussi rendre moins naïf.
On retient de tout cela que le père Noël a été inventé par des adultes qui avaient gros à se faire pardonner. Une fois l’an, il s’agit de recoller les morceaux de l’enfance et puis de sortir les mômes de la saumure en leur donnant, déguisés en jouets, tendresse et courage. Le problème, pour les enfants libanais, nés de parents qui portent encore les stigmates de la guerre, c’est qu’ils subissent aujourd’hui l’excès inverse. On les colle si solidement qu’ils en perdent toute autonomie. Surprotégés, ils sont maintenus en enfance à ne plus savoir grandir. Ces enfants rois sont esclaves de leur manque de cadre, de discipline, de rigueur, de responsabilité. Ils sont des handicapés du rapport à autrui. Suréquipés en appareils électroniques, ils vivent dans des mondes virtuels qui neutralisent en eux l’élan vers l’autre et le sens de l’écoute. Croyant les combler, on les sature. Cet amour maladroit est une forme de violence. Offrons-leur de se frotter à la vraie vie.
C’est demain, 28 décembre, que l’Église catholique commémore le massacre des saints innocents. Prévenu de l’arrivée d’un roi libérateur auprès du peuple juif, le tyran Hérode, cruel et paranoïaque, aurait ordonné, comme le fit le Pharaon au temps de Moïse, le massacre de tous les enfants mâles de moins de deux ans. On peut se demander, à la lumière des massacres d’enfants...
commentaires (2)

Ajouter a cela le fait que, meme apres la puberte et a l'age de jeunes adultes, garcons et filles n'ont pas le droit de voler de leurs propres ailes en quittant le nid familial pour s'installer dans leur vie de celibataires... Honte a celui ou celle qui quitte ses parents avant le mariage ! D'ou l'image qui resume le mieux l'homme libanais: Il quitte la jupe de sa mere pour s'accrocher a celle de sa femme.

Gerard Avedissian

06 h 18, le 27 décembre 2012

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Commentaires (2)

  • Ajouter a cela le fait que, meme apres la puberte et a l'age de jeunes adultes, garcons et filles n'ont pas le droit de voler de leurs propres ailes en quittant le nid familial pour s'installer dans leur vie de celibataires... Honte a celui ou celle qui quitte ses parents avant le mariage ! D'ou l'image qui resume le mieux l'homme libanais: Il quitte la jupe de sa mere pour s'accrocher a celle de sa femme.

    Gerard Avedissian

    06 h 18, le 27 décembre 2012

  • Les millénaires passent et se ressemblent... Joli papier en tout cas.

    Robert Malek

    04 h 30, le 27 décembre 2012

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