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Liban - Pétrole

L’accord Berry-Bassil : une entente locale pour des motifs régionaux ?

Sami Nader dresse pour « L'Orient-Le Jour » le contexte géopolitique de la réunion des deux hommes à Aïn el-Tiné.

MM. Berry et Bassil réunis à Aïn el-Tiné en présence de Ali Hassan Khalil. Photo archives

L'entente « soudaine » entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, sur le dossier du pétrole, en dépit de leurs divergences sur plusieurs autres points, suscite bien des interrogations. Aussi bien en ce qui concerne le timing de la conclusion de cet accord que ses éventuelles répercussions politiques.

 

(Lire aussi : Pétrole et gaz au Liban : les potentialités, les chances et les risques*)

 

Israël commence les prospections... le Liban se mobilise
Selon l'économiste et analyste politique Sami Nader, c'est surtout dans un contexte régional qu'il convient de replacer la rencontre Berry-Bassil à Aïn el-Tiné. M. Nader rappelle que « si Israël a entamé les prospections pétrolières depuis un bon moment, ce n'est que depuis quelques semaines qu'il a commencé à extraire le gaz ». Selon lui, « les opérations de prospection gazière se heurtent à plusieurs obstacles, dont notamment la nécessité de liquéfier le gaz, d'où le projet qui avait associé l'État hébreu à la Turquie pour installer des pipelines reliant les deux pays, mais qui avait été interrompu suite à la rupture des relations turco-israéliennes en 2010 ».

« Israël ne voulait pas entreprendre des prospections gazières avant d'assurer les marchés permettant la consommation de ce produit (dont notamment les marchés européens qu'il pensait intégrer par la Turquie). L'accord de normalisation des relations avec la Turquie, signé il y a presque une semaine, a rendu possible cette opération, ce qui justifie l'attitude d'Israël actuellement », ajoute l'analyste, avant de poursuivre : «

Aujourd'hui, les travaux israéliens s'effectuent principalement dans le puits nommé "Léviathan", proche de la zone disputée avec le Liban et incluant les blocs 8 et 9 ». « Tout cela peut largement expliquer la hâte libanaise à plancher sur le dossier », estime-t-il.

 

(Lire aussi : La richesse pétrolière est une bénédiction, si elle est correctement exploitée, affirment les Kataëb)

 

Sami Nader ne manque pas toutefois de lier l'accord « pétrolier » Berry-Bassil à la récente visite de l'envoyé spécial du secrétaire d'État américain pour les affaires de l'énergie Amos Hochstein à Beyrouth, en mai dernier. Selon M. Nader, « le responsable américain aurait incité ses interlocuteurs libanais à commencer à extraire le pétrole et le gaz en respectant les critères environnementaux, et à régler les différends liés aux zones disputées avec Israël ».

Concernant la position de la Russie à l'égard de ces développements, Sami Nader estime qu'« il est normal de voir la Russie couper la voie à cet accord pétrolier turco-israélien. Elle voudrait voir les pipelines traverser son territoire ». « La Russie aurait peut-être contribué à exhorter les protagonistes libanais à faire progresser le dossier du pétrole, puisqu'elle veut avoir un rôle à jouer dans ce secteur », souligne-t-il.
Face à ce tableau, qui fait dire à certains que le Liban intégrera prochainement le cercle des pays pétroliers, Sami Nader relève quelques remarques importantes. Selon lui, « le cahier des charges relatif aux entreprises qui devraient participer aux prospections pétrolières et gazières est bon, mais la commission de gestion du secteur pétrolier n'est pas suffisamment indépendante du pouvoir exécutif, ce qui entraverait son action ».

 

(Lire aussi : La faillite politique, principale accusée dans le dossier du gaz offshore)

 

« En second lieu, nous n'avons pas de stratégie nationale concernant le pétrole et le gaz, sachant que cette politique devrait stipuler la mise en place d'une compagnie nationale de gaz et de pétrole, nommer les compagnies logistiques qui devraient accompagner les travaux et établir le système financier régissant les opérations, ainsi que les stratégies de marketing et de dépense des revenus générés », indique M. Nader.
La rencontre de Gebran Bassil et Nabih Berry incite certains à spéculer sur une entente globale entre le CPL et le mouvement Amal, qui irait même jusqu'au dossier de la présidentielle, en dépit de la relation tendue entre les deux parties depuis des mois, Nabih Berry ayant entretenu le chaud et le froid au sujet de la candidature Aoun. Sami Nader affiche une opposition catégorique à cette thèse, estimant que, contrairement aux idées reçues, « la réunion de Aïn el-Tiné n'aura aucune répercussion sur l'échéance présidentielle, puisque cette dernière est tributaire d'une entente entre l'Iran et l'Arabie saoudite ».
Une opinion partagée par des sources politiques bien informées qui estiment que « la rencontre entre le président de la Chambre et le chef du CPL a surtout assuré le cadre d'une entente politique sur le dossier du pétrole, permettant de discuter ce dossier en Conseil des ministres, à la suite d'une demande américaine ».

 

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L'entente « soudaine » entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, sur le dossier du pétrole, en dépit de leurs divergences sur plusieurs autres points, suscite bien des interrogations. Aussi bien en ce qui concerne le timing de la conclusion de cet accord que ses éventuelles répercussions politiques.
 
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commentaires (2)

MINE BIDDOU YEKHOD IL LATTA ? MINE BIDDOU YEKOL IL BATTA ? SE DEMANDENT LES BELEURS...

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 50, le 07 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • MINE BIDDOU YEKHOD IL LATTA ? MINE BIDDOU YEKOL IL BATTA ? SE DEMANDENT LES BELEURS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 50, le 07 juillet 2016

  • vous annoncez cet article par le titre suivant: L’accord Berry-Bassil : une entente locale pour des motifs régionaux ? Le titre exact auraid du être: L'accord Berry-Bassil: une entente possible pour la division du gateau.

    Akl Albert

    18 h 50, le 07 juillet 2016

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