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Liban - Terrorisme/Attentat de Qaa

Le Conseil des ministres « mobilisé à fond » et « à l’unanimité » avec l’armée

Tammam Salam s'est montré inquiet ; les sujets qui fâchent n'ont pas été abordés, la participation du Hezbollah au conflit syrien a en revanche été soulevée.

Le Conseil des ministres, réuni au Grand Sérail, observant une minute de silence en mémoire des victimes des attentats-suicides de Qaa. Ani

Le Conseil des ministres devait se réunir hier pour évoquer la situation financière du pays et écouter l'exposé du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil sur le dossier. Les ministres du courant du Futur devaient en profiter pour réclamer le vote du budget. Mais c'est essentiellement sur l'actualité dans Qaa que s'est penché le gouvernement réuni sous la présidence du Premier ministre, Tammam Salam. Et ce au lendemain du lundi noir qu'a vécu la localité frontalière avec la Syrie, endeuillée par une série d'attentats terroristes. La séance sur les finances du pays a donc été reportée sine die, ce qui donne à penser qu'il n'y avait pas urgence dans ce domaine. En revanche, le chef du gouvernement s'est montré inquiet quant à la possibilité d'autres attentats dans le pays.

 

(Lire aussi : Le Liban officiel craint une nouvelle vague d'opérations terroristes)

 

Pas de débat, mais des points de vue
Quelques heures avant la réunion sécuritaire convoquée par M. Salam, le Conseil des ministres s'est déclaré « à l'unanimité » « mobilisé à fond pour aider l'armée libanaise à faire face au terrorisme », rapporte à L'Orient-Le Jour le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige. Le gouvernement a aussi invité à « une prise de position nationale unifiée » et à considérer l'agression contre Qaa comme un « acte terroriste contre une localité libanaise et non pas contre un village chrétien ». Il a estimé nécessaire de ne pas considérer l'attaque terroriste « d'un point de vue communautaire, mais national ». Le Conseil des ministres a de plus rejeté « toute forme d'autosécurité » pour lutter contre le terrorisme, car cela concerne « l'ensemble du pays » et peut « toucher n'importe quelle ville ou localité ». Il a également envisagé de demander à l'Arabie saoudite de « revenir sur sa décision » d'annuler l'aide de 4 milliards de dollars aux forces armées libanaises et de « débloquer » les fonds pour soutenir la troupe.
C'est dans une ambiance « grave, calme et responsable », marquée par « une minute de silence » à la mémoire des morts de Qaa, que s'est tenue la réunion, comme le souligne à L'OLJ une source au sein du gouvernement. En l'absence notamment du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui s'est rendu à Qaa, du ministre de la Défense, Samir Mokbel, et du ministre de la Culture, Rony Arayji.

Point de débats donc pour l'occasion, mais plutôt « des points de vue » exprimés par les différents ministres sur l'agression contre Qaa. Des points de vue qui ont fait l'objet d'un communiqué final et montré une volonté unanime « de combattre le terrorisme par une réaction nationale ».
Le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a ainsi invité les autorités à « soutenir » financièrement et par des projets de développement la localité de Qaa et « toutes les localités frontalières avec la Syrie », afin de permettre à leurs habitants de « résister ». Le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a noté « que le Liban pourrait faire face à cette guerre (terroriste), si un président était élu ». Quant à Boutros Harb, ministre des Télécoms, il a mis en garde contre le danger que représente pour l'État la prolifération des armes parmi les citoyens. « Nous devons envisager la possibilité de mettre en place un système de volontariat de partisans de l'armée, afin d'assurer la sécurité des citoyens », a-t-il dit.

 

(Lire aussi : À Qaa, l'armée ratisse les alentours et les habitant(e)s portent les armes)

 

L'armée a déjoué des attentats
Si les sujets qui fâchent n'ont pas été discutés, la participation du Hezbollah au conflit syrien a été soulevée. Une participation au sujet de laquelle le parti de Dieu a rétorqué que « sans sa présence armée en Syrie, les terroristes seraient au Liban et le pays ressemblerait aujourd'hui à l'Irak ou à la Syrie », rapportent le ministre de Freige. Mais face à ce « dialogue de sourds », le dossier a été aussitôt clos, « la gravité du moment nécessitant l'unanimité ».

Certes, la décision officielle de soutenir l'armée libanaise « n'a rien de nouveau », comme le confirme M. de Freige, « mais la population de Qaa n'est pas livrée à elle-même », soutient la source ministérielle. « L'armée ne la décevra pas. Elle ne nous a pas déçus dans son combat contre les groupuscules islamistes à Ersal et dans la région », assure-t-elle, observant que la troupe avait « mis en garde contre des attentats » et « même déjoué des attaques » grâce à ses services de renseignements.
« Mais c'est le mode opératoire et le nombre élevé de kamikazes qui ont surpris », observe-t-elle, reprenant les propos évoqués en Conseil des ministres. Évoquant dans ce sens la question des réfugiés syriens dans la région de Macharih el-Qaa, le Conseil a appelé à « la vigilance », des cellules terroristes étant « susceptibles d'exister au sein des populations réfugiées ». Il a toutefois insisté sur la nécessité de « poursuivre sa mission humanitaire à l'égard des réfugiés », ajoute-t-elle.

 

(Voir aussi : A Qaa, hommes et femmes prennent les armes pour se défendre : les images)

 

Au début du Conseil des ministres, c'est le Premier ministre qui a d'abord mis en garde contre la mise en place d'un système d'autosécurité. Des propos qui ont suivi les apparitions armées d'habitants de Qaa, au lendemain des attentats. « Nous mettons en garde contre l'autosécurité et devons aborder les développements à Qaa avec une approche nationale et non communautaire », a déclaré Tammam Salam, rejoignant l'armée dans son appel à la population.
« Le pays a besoin d'être en état d'alerte nationale sans exacerber les sensibilités communautaires et sectaires », a encore dit le chef du gouvernement. Il a affirmé que le « Liban fait face à une menace terroriste inhabituelle » et a dit craindre que « ce ne soit le début d'une vague d'actions terroristes dans diverses régions du pays ».

Enfin, le communiqué final du Conseil des ministres a invité les Libanais à ne pas céder à la panique. « L'heure est à l'union nationale, par respect pour les victimes de Qaa. »

 

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