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Liban - Municipales/Beyrouth

Contre le « lièvre haririen », la « tortue Beyrouth Madinati »

Yorgui Teyrouz, Marc Geara, Serge Yazigi et Rita Maalouf, quatre candidats sur la liste de Beyrouth Madinati. Photo RRT

Quatre des candidats de la liste de Beyrouth Madinati au conseil municipal de Beyrouth ont participé à une rencontre-débat organisée au Centre sportif, culturel et social du Collège Notre-Dame de Jamhour, au lendemain de la publication de la liste parrainée par Saad Hariri et qui monopolise depuis 18 ans les sièges à la municipalité.
Face à une liste politisée et confessionnelle par excellence, publiée mardi, avec la bénédiction de Saad Hariri, un pharmacien, un promoteur immobilier, un architecte urbaniste et une experte légiste en science criminelle ont défendu une autre liste hier, prônant un projet toujours à l'état embryonnaire que près de 2 000 volontaires de la société civile tentent de protéger, celui de Beyrouth Madinati.

Pour Marc Geara, promoteur immobilier, la grande différence entre Beyrouth Madinati et l'autre liste complète est l'affiliation des candidats à des partis politiques ou leur allégeance à des notables. « Sur notre liste, il n'y a aucune personne membre d'un parti politique ou qui a prêté allégeance à une partie ou une autre. Nous ne devons rien à personne et nous sommes là juste pour servir les citoyens, car cette capitale nous appartient et nous devons sortir de ce cercle vicieux de la politisation de la municipalité, dont les projets souffriront a fortiori à chaque conflit politique opposant les parties représentées au sein du conseil municipal dans un soi-disant souci de représentativité », explique-t-il.
« La représentativité saine est la diversité que nous proposons : une équipe compétente dans différents domaines complémentaires et qui est de surcroît homogène, donc qui peut parfaitement fonctionner, car ses membres partagent la même vision pour la capitale, et non parce que toutes les confessions et tous les partis politiques sont représentés », reprend-il. « La bataille est difficile, et si elle est gagnée, d'autres défis nous attendent, dont notamment la réorganisation du travail au sein de la municipalité et la gouvernance », conclut-il.

(Lire aussi : Quand la campagne municipale se fait musicale)

 

Une dernière chance
Prenant la parole par la suite, l'experte légiste Rita Maalouf a comparé Beyrouth Madinati à une dernière chance qu'il fallait à tout prix saisir malgré toutes les contraintes et la démotivation qui l'avaient étranglée moralement après son retour des États-Unis. « Non seulement je devais supporter sur les panneaux les mêmes visages et les mêmes noms de ceux qui nous ont forcés à quitter le pays il y a quelques dizaines d'années, mais il fallait accepter qu'ils nous noient dans nos propres déchets en nous humiliant davantage, et c'en était trop pour moi », raconte-t-elle, émue.
Selon elle, c'est une question de survie : il est temps de rassembler toutes les initiatives personnelles en une seule équipe plus forte comme Beyrouth Madinati, qui n'est autre que la concrétisation d'un travail acharné d'une équipe de jeunes de la société civile ayant rêvé avec des projets bien réels « d'un quotidien différent, dans la capitale », et qui n'ont que l'intérêt public en perspective.

(Lire aussi : Face à la parité, la liste Wazzan clame « le droit des sunnites à une bonne représentation »)

 

Tous les moyens possibles
« Je suis fier d'appartenir à Beyrouth Madinati », lance Yorgui Teyrouz, un jeune énergique et plein d'espoir se voulant représentant d'une jeunesse désemparée, mais qui veut pallier le laxisme et l'absence totale de l'État sur le plan humain auprès des citoyens. Le fondateur de Donner Sang Compter a appelé à soutenir la liste Beyrouth Madinati par tous les moyens possibles et imaginables.
« Appelez tout électeur que vous connaissez à Beyrouth et parlez-lui de notre projet, c'est très efficace, je vous assure. Il faut agir et essayer de faire bouger les choses, même si notre projet ne percera pas dès la première fois, mais il faut qu'il fasse la différence cette fois, nous nous le devons à nous-mêmes et à tous ceux qui travaillent depuis des années sous le label de société civile. Je ne peux pas ne pas être impressionné et me joindre à ce groupe d'activistes, passionnés, indépendants, intellectuels, ouverts, non politisés et bien organisés, qui nous a invités à élire un président pour la liste d'une façon démocratique après avoir travaillé avec toute l'équipe pour six mois. Il faut essayer d'atteindre le maximum de personnes non motivées, ou nous passer leurs coordonnées pour les convaincre de notre projet, qui est préparé par des spécialistes dont les propositions et les études sont soigneusement rangées dans les tiroirs de la municipalité de Beyrouth depuis des années déjà », dit-il.

(Voir aussi : Micro-trottoir spécial Municipales 2016 : A Beyrouth, les électeurs entre colère, lassitude et dégoût)

 

Priorité à l'équipe
L'architecte urbaniste Serge Yazigi s'est dit pour sa part transformé par cette expérience aux côtés de Beyrouth Madinati. « Je ne me reconnais plus ! Moi qui n'aime pas être mis sur le devant de la scène, je me vois en train de me déplacer sans cesse dans les quartiers de Beyrouth, faisant presque du porte-à-porte et discutant avec les habitants de la capitale dans des endroits publics que nous leur faisons découvrir pour leur plus grand plaisir », raconte-t-il. « C'est l'équipe et le projet qui priment, non l'individu ou la personnalité des candidats. C'est notre travail en équipe qui fait la particularité de Beyrouth Madinati, ainsi que son discours modéré loin des tensions ; c'est notre langage positif qui marque une rupture avec le folklore qui accompagne d'habitude les élections au Liban », ajoute-t-il. « Tous les candidats sur la liste de Beyrouth Madinati, y compris moi-même, ont fait l'objet d'une enquête-interrogatoire afin de s'assurer de leur honnêteté et de leur non-affiliation à des partis politiques », explique M. Yazigi. « Notre projet que nous défendrons jusqu'au bout est une feuille de route élaborée par des experts en travail municipal et en élections, qui sont familiers des obstacles administratifs et de toutes les pratiques adoptées dans ces domaines », reprend-il.
« Nous n'abandonnerons pas ce rêve que nous nous sommes approprié et qui va nous permettre, en cas de victoire, de gérer la capitale progressivement et de créer à nouveau des espaces verts et publics, jusqu'à pouvoir faire aboutir la totalité du projet qui est certes ambitieux, mais réalisable. Des milliers de villes l'ont adopté avant nous », ont répété tour à tour Marc Geara et Serge Yazigi.

Reste que l'électeur doit être informé, motivé et convaincu d'aller voter pour cette liste avant le 8 mai, car il reste le seul facteur capable de changer le statut du conseil municipal d'affilié à X ou Y à celui d'indépendant, et donc au service de la capitale, qui abrite en son sein deux millions d'habitants, tous concernés d'une manière ou d'une autre par cette échéance.

 

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commentaires (5)

Pour une fois nous voyons enfin les citoyens agir. Ils ont un programme bien défini, issu des citoyens, par les citoyens et pour les citoyens. Leur initiative est intelligente et intéressante. Je leur souhaite bonne chance!

Pierre Hadjigeorgiou

12 h 41, le 28 avril 2016

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Commentaires (5)

  • Pour une fois nous voyons enfin les citoyens agir. Ils ont un programme bien défini, issu des citoyens, par les citoyens et pour les citoyens. Leur initiative est intelligente et intéressante. Je leur souhaite bonne chance!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 41, le 28 avril 2016

  • TOUS... NON CRAVATES ! ATTENDONS VOIR LES BARBES DES PRETENDUS DIVINS CHANGES AUSSI ET QUI PORTERONT LEURS TURBANS BIL MA2LOUB !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 24, le 28 avril 2016

  • Pour une fois, une équipe (Beyrouth Madinati) avec un programme municipal pour Beyrouth, clair, net et précis. Vraiment une première! C'est vraiment une première de ne pas considérer les Beyroutins comme des minus habens à qui c'est inutile de leur parler et de débattre avec eux un plan d'action pour leur ville. Pourquoi perdre son temps? Pour une fois, quelqu'un nous prend au sérieux et n'essaye pas de nous ingurgiter des slogans creux, raseurs et apathiques.

    Aref El Yafi

    09 h 02, le 28 avril 2016

  • Contre le « lièvre haririen », la « tortue Beyrouth Madinati » ET CONTRE LE LOUP HEZBO/IRANIEN L'AGNEAU CHIITO/LIBANAIS?

    Henrik Yowakim

    03 h 49, le 28 avril 2016

  • Quatre des candidats de la liste de Beyrouth Madinati au conseil municipal de Beyrouth ont participé à une rencontre débat au lendemain de la publication de la liste parrainée par Saad Hariri et qui monopolise depuis 18 ans les sièges à la municipalité AVEC CE MODELE DE GOUVERNANCE POURRI QU'EST LE CONFESSIONSLISME IL NE PEUT Y AVOIR QUE DES MONOPOLES AUSSI BIEN CHEZ LES CHRETINS LARRONS QUE CHEX LES LES HARIRIENS SUNNITES OU LES SOUFIENS CHIITES QUI CONTROLENT PRATIQUEMENT TOUS LES ROUAGES DE L'ETAT FLIBUSTIER. BIEN PLUS QUE SIGNIFIE FAIRE DES ELECTIONS QUAND CE SONT SIMPLEMENT DES SELECTIONS DECIDEES PAR LES PARRAINS MAFFIEUX? AVEC UNE POPULATION MENDIANTE,RESIGNEE ET CLOCHARDISEE , ASSERVIE AUX SAIGNEURS DES COMMUNAUTEES AU MOYEN DU CLIENTELISME ET LEUR AYANT PRETEE SERMENT DE FIDELITEE/VASSALITEE CES ELECTIONS NE PEUVENT ETRE QUE LE SIGNE ECLATANT DE LA DOMINATION NEOFEODALE DE L'ARGENT ET DU FUSIL. LA RESISTANCE CONTRE CES SAIGNEURS ETANT DANS TOUS LES CASCAS SYNONYME DE TRAHISON ET DEDE CRIME CONTRE LA COMMUNAUTEE. SI SEULEMENT ON AVAIT IMPOSEE LA REPRESENTATION PROPORTIONNELLE ON AURAIT PU ESPERER QUE LES DONS QUICHOTTE DE BEYROUTH MADINATI AURAIENT PU OCCUPER QUELQUES SIEGES AU CONSEIL MUNICUIPAL TRANSFORMEE DEPUIS LONGTEMPS EN MOULINS A PAROLES ET CHAMBRES D'ENREGISTREMENT LES DECISIONS SE PRENANT TOUJHOURS AILLEURS.COMME DANS TOUTES LES AUTRES MINICIPALITEES SURTOUT SOUS OCCUPATION DIVINE.

    Henrik Yowakim

    03 h 45, le 28 avril 2016

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