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Liban - La situation

À défaut de vision nationale, « des spéculations sur les intentions du Hezbollah »

Le rythme politique qui s'est ralenti depuis la vacance présidentielle semble avoir atteint un point mort. Le second jour de la visite officielle du secrétaire général de l'Onu en a fourni un triste rappel : des nombreuses promesses d'aides financières au Liban, seule a été annoncée une aide de la Banque mondiale, d'une valeur de 100 millions de dollars US, destinée à l'infrastructure scolaire, et remboursable après sept ans à compter de son entrée en vigueur. Son versement attend toutefois la relance institutionnelle : s'agissant d'une aide et non d'une donation (qui est avalisée en Conseil des ministres), elle nécessite un vote au Parlement. En suspendant ses aides au Liban à la seule condition de débloquer les institutions, à commencer par la magistrature suprême, la communauté internationale entend inciter les parties libanaises à convenir d'une issue à la crise.

Mais cette tentative demeure symbolique, lorsque l'on sait de sources diplomatiques concordantes que le Liban n'est pas une priorité pour les chancelleries. Perçu comme un pays qui « n'exporte pas de problèmes », l'intérêt qui lui est porté se limite au maintien de la stabilité et de la vitalité de son secteur bancaire. L'absence d'interlocuteurs libanais ayant une feuille de route clairement définie pour le pays n'aide pas à stimuler l'attention des décideurs internationaux et régionaux.


(Lire aussi : Ban au chevet des réfugiés palestiniens et syriens dans le Nord et la Békaa)

 

La décision du courant du Futur d'écarter du débat politique les dossiers litigieux liés au Hezbollah (l'arsenal du parti et son implication dans des guerres régionales) a contribué à prémunir le pays des répercussions du conflit régional. Le dialogue bilatéral, de même que l'appui par le courant du Futur à la candidature du député Sleiman Frangié à la présidentielle ont servi cet objectif. Un objectif qui, en somme, obéit au souci constant de rassurer le Hezbollah, au risque de s'attirer ses foudres.

Le compromis Frangié devait pousser plus loin l'entente sur la préservation de la stabilité, en proposant une relance institutionnelle à laquelle le Hezbollah serait un partenaire direct. Une relance qui s'orienterait exclusivement vers un programme socio-économique, affranchi des polémiques touchant à la dimension milicienne du parti chiite.
Jusqu'à l'heure, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, reste attaché à ce compromis. Il serait en effet convaincu de son utilité, et surtout du fait que le Hezbollah n'a aucune raison de le refuser. Maintenir son appui à la candidature de Sleiman Frangié servirait à lui donner des chances d'aboutir. Loin de Saad Hariri l'idée de s'en servir d'un point de vue tactique, c'est-à-dire pour inciter le Hezbollah à négocier avec lui un compromis autour d'un troisième candidat consensuel. De plus, les milieux de la Maison du centre présument que le Hezbollah continuera de soutenir la candidature du chef du Courant patriotique libre (CPL), par respect pour leur alliance.

Cette manière de la Maison du centre de jouer franc jeu avec le parti chiite lui a permis de constituer des partenariats avec le chef du Rassemblement démocratique et le président de la Chambre. Ce dernier aurait tenté, dit-on, de convaincre son allié chiite de l'opportunité d'élire un président de la République issu du 8 Mars. Aux visiteurs de Aïn el-Tiné, il a prôné un « compromis qui ne peut se constituer qu'en dehors des alliances actuelles ». C'est-à-dire sur un terrain d'entente nationale, dépassant les clivages.

De ce terrain, l'on ne peut repérer que des fragments disparates. Parmi les constantes susceptibles de le constituer, la méthode soutenue par le courant du Futur de contenir la rue sunnite. « Si Saad Hariri tenait des discours aussi violents que ceux du secrétaire général du Hezbollah, le pays se serait enflammé », selon une source proche de la Maison du centre, qui rapporte que le leadership du Futur est « conscient de sa capacité à mobiliser la rue sunnite, mais s'abstient de le faire ». Le ministre démissionnaire Achraf Rifi l'a lui-même reconnu dans une interview diffusée en soirée sur la chaîne al-Arabiya. « La rue sunnite n'est pas du tout en état d'insurrection ni de révolte. Notre seule démarche vise à créer une dynamique qui rétablisse l'équilibre du jeu interlibanais », a-t-il affirmé.

Si l'on concède que cette méthode de la non-violence définit a minima la stratégie du courant du Futur, il manque à celle-ci une vision sur le moyen terme. Or, en écartant d'entrée la question des armes du Hezbollah, le compromis Frangié a induit un oubli quasi généralisé de la dimension extralibanaise du parti chiite. Le 8 Mars en est venu à véhiculer une image « démocratique » du Hezbollah, qui aurait concédé une marge de manœuvre à ses alliés.

Certains font état d'un embarras du 8 Mars face au risque de « perdre une occasion en or d'élire un président issu de ses rangs ». Ils donnent surtout l'impression que le Hezbollah dispose d'une marge de manœuvre par rapport à l'Iran sur les dossiers libanais, en l'occurrence la présidentielle.
Au point d'en oublier que le secrétaire général avait lui-même affirmé que le 8 Mars ne se rendra à la séance électorale qu'avec « des votes unifiés ». Au point surtout d'omettre deux qualités intrinsèques au Hezbollah. Étant d'abord le seul à détenir les armes, « il n'attend pas des opportunités en or, mais les crée », relève une source politique. Il sert ensuite de carte régionale à Téhéran : le Hezbollah ne fait qu'exécuter la volonté de Téhéran, et les compromis qu'il fait au Liban ne sont que de nature tactique. À l'heure actuelle, les décideurs iraniens attendraient les résultats de la présidentielle américaine pour décider de leur prochaine démarche au Liban. La relance institutionnelle pourrait encore durer au moins jusqu'à la fin de l'année.


(Lire aussi : Machnouk : C'est le bloc du Futur qui désigne le Premier ministre)

 

Selon une lecture un peu plus optimiste, le parti chiite pourrait décider « de son propre chef » de débloquer la présidentielle, mais, s'il le fait, ce sera seulement pour « imposer une assemblée constituante », que disent craindre des milieux du courant du Futur et certains indépendants.
En plus d'avoir imposé le vide, le parti chiite a réussi à « amener toutes les parties, libanaises et étrangères, à spéculer à sa place sur ses intentions », constate une source diplomatique occidentale.

Une démarche d'autant plus aisée qu'il n'existe plus au Liban de support politique pluriel à la dynamique d'édification de l'État. Le sunnisme modéré est en quête de partenaires, depuis que l'entente de Meerab s'oriente de plus en plus vers la création d'un front chrétien, préoccupé par la diffusion de la parité à tous les sièges de la fonction publique et par la revendication d'un « partenariat », dont le tandem CPL-Forces libanaises (FL) serait la seule partie chrétienne légitime.

Le chef des Marada, Sleiman Frangié, a mis en garde contre le recours à la rue que le CPL entend mener conjointement avec les FL. « S'ils décident de descendre dans la rue, au lieu de se rendre à la séance électorale, tous les interdits tomberont : la possibilité pour nous de nous rendre à l'hémicycle sera envisagée », a-t-il relevé dans un entretien au quotidien al-Joumhouriya. Il a ajouté que « même si le Hezbollah me demandait de retirer ma candidature, je ne le ferais pas. Ce serait m'annuler moi-même ».

 

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commentaires (14)

À défaut de vision nationale, « des spéculations sur les intentions du Hezbollah » LE POUVOIR ET L'ARGENT PASSENT BIEN AVANT LES CHRETIENS ET LE LIBAN QU'ON ARRETE DE DONNER L'ILLUSION QU'UN PRESIDENT "CHRETIEN" POURRAIT RASSURER ET PROETEGER LES DROITS DES CGHRETIENS DU LIBAN. SEUL LE FEDERALISME EN LIBERANT LE LIBAN DE L'EMPRISE DU HEZBOLLAH, ET LES CHRETIENS DE L'EMPRISE DE LEURS CHEFS DE MILICE ET AUTRES SAIGNEURS/GENERAUX/ARNAQUEUERS DE LA GUERRE QUI LES TIENNENT EN OTAGES- POURRAIT GARANTIR LEUR FUTUR AU PAYS DU CEDRE.

Henrik Yowakim

18 h 57, le 26 mars 2016

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Commentaires (14)

  • À défaut de vision nationale, « des spéculations sur les intentions du Hezbollah » LE POUVOIR ET L'ARGENT PASSENT BIEN AVANT LES CHRETIENS ET LE LIBAN QU'ON ARRETE DE DONNER L'ILLUSION QU'UN PRESIDENT "CHRETIEN" POURRAIT RASSURER ET PROETEGER LES DROITS DES CGHRETIENS DU LIBAN. SEUL LE FEDERALISME EN LIBERANT LE LIBAN DE L'EMPRISE DU HEZBOLLAH, ET LES CHRETIENS DE L'EMPRISE DE LEURS CHEFS DE MILICE ET AUTRES SAIGNEURS/GENERAUX/ARNAQUEUERS DE LA GUERRE QUI LES TIENNENT EN OTAGES- POURRAIT GARANTIR LEUR FUTUR AU PAYS DU CEDRE.

    Henrik Yowakim

    18 h 57, le 26 mars 2016

  • Le printemps arrive. Ces soirées avec un magnifique coucher de soleil. Cette douceur extérieure. Les fleurs qui semblent nous sourire. Les invitations qui se lancent plus facilement. La sensation des pieds dans l'herbe. Les premiers pique-niques. Les enfants qui courent dans le jardin. Le temps qui se met en pause et qui nous offre de merveilleux souvenirs !!! Voilà ce qui nous inspire à l'arrivée du Printemps, et voilà ce que le printemps nous apporte : du temps en PLUS pour partager de merveilleux moments ! Que faut il que nous fassions, nous, les libanais, pour savourer ce printemps sans craindre de basculer dans le printemps arabes aux résultats néfastes ? Un long chemin à parcourir : élire un Président, constituer une assemblée de députés au service de la nation, Alors nous saurons apprécier le printemps

    FAKHOURI

    15 h 26, le 26 mars 2016

  • ON DOIT CHOISIR ENTRE DEUX MERCENAIRES POTENTIELLEMENT PRÊTS À VENDRE CE QUI RESTE DU PAYS.

    Gebran Eid

    14 h 30, le 26 mars 2016

  • ..."Son parcours est celui d'un vieux routier du djihad. Selon des sources de sécurité irakiennes, il aurait séjourné en Afghanistan à la fin des années 1990. Il aurait ensuite, selon des sources américaines, rejoint Al-Qaïda en 2004 pour y devenir un adjoint du redouté chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en 2006 par une frappe américaine de drone. Il a ensuite été emprisonné et a rejoint le groupe Etat islamique embryonnaire en Syrie après sa libération en 2012".... Extrait tirer du figaro POUR CEUX QUI N'ONT ENCORE RIEN COMPRIS SVP ARRETEZ VOUS SUR LA DERNIERE PHRASE : "Il a ensuite été emprisonné et a rejoint le groupe Etat islamique embryonnaire en SYRIE après sa libération en 2012" hehehe ....

    Bery tus

    14 h 29, le 26 mars 2016

  • D'OÙ LA NECESSITEE DE DESCENDRE DANS LA RUE !! Merci à Aoun et Geagea

    Bery tus

    13 h 21, le 26 mars 2016

  • Au Liban ..nous sommes quelque part dans le temps et l'espace ..., le catalyseur de l'équation moyenne orientale ...mais cela , ne se sait pas suffisamment ...! Nous arrivons même, a neutralisé " un peu "...l'amplitude du schisme entre sunnites et chiites ...! (et parfois entre voisins....) , rien que pour cela , les chrétiens devraient être , mieux respectés et protégés en Irak et en Syrie et ailleurs au Moyen Orient ....!

    M.V.

    13 h 19, le 26 mars 2016

  • " A l'heure actuelle, les décideurs iraniens attendraient les résultats de la présidentielle américaine pour décider de leur prochaine démarche au Liban..." Tous nos responsables politiques savent cela, de même que le Hezbollah ne fait qu'exécuter les volontés de Téhéran. Et malgré cela, eux les LIBANAIS, ils continuent d'accorder une légitimité à ce parti qui fait partie de notre gouvernement...et sont prêts d'attendre la fin de l'année pour savoir ce qu'il décide pour la présidentielle libanaise, lui le parti d'obédience iranienne ? RESPONSABLES POLITIQUES, VOUS NE MERITEZ VRAIMENT PAS CE PAYS ! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 18, le 26 mars 2016

  • La qualité de l'OLJ est de publier des photos ou les mots sont inutiles ! Regardez bien ces deux photos Croyez vous réellement que l'un comme l'autre présente une image de Président de la République ? Leur incapacité s'affiche sur leur visage Elire un président pour monter une façade de "démocratie" n'arrêtera pas les ambitions du Hezbollah. Il est incroyable que c'est le Hezbollah chiite qui autorisera l'élection d'un président chrétien !!! Les chrétiens par leur laxisme n'ont plus le choix : la valise ou la soumission Quant à nos voisins, l'Iran ne lâchera pas prise sur la Syrie. La Syrie, avec ou sans la Russie, est fichue Il lui faudra une bonne vingtaine d'années pour se hisser au niveau d'une nation Bachar El Assad est fini, La population syrienne est dispersée, loin des préoccupation de leur nation : il faut qu'ils réapprennent à vivre, ce n'est pas une tâche facile pour des êtres humains meurtris par 5 ans de massacres sauvages, de part et d'autre

    FAKHOURI

    10 h 25, le 26 mars 2016

  • Très compliqué. On ne parle pas des non dits non plus , en plus de ce qui est dit et non pensé. Mais je n'arrête pas de lire que le hezb résistant est fichu, en voie de disparition etc....par des experts en huluberlutations , attendons donc que cela se fasse et on l'aura notre président. Surtout que ce politicien nous dit qu'on attend la fin de l'année pour voir qui va présider les us fourbes , donc comme le dit Medea, salle d'attente!

    FRIK-A-FRAK

    10 h 19, le 26 mars 2016

  • DES PARAVENTS... QUI N,HESITENT PAS... EN SUIVISTES DES AVENTURIERS A DETRUIRE LE PAYS PAR LEUR EGO...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 26 mars 2016

  • Ce qu'il faut surtout noter c'est que tout le monde décide sauf les intéressés! Un président Chrétien ? Nommé par les musulmans? Elle est très bonne mais triste

    yves kerlidou

    10 h 02, le 26 mars 2016

  • Allez y Candidat Sleimane Frangie...allez a la prochaine seance.Le quorum sera atteint et vous avez toutes vos chances. La rue chretienne n'est ni bete ni absurde pour descendre manifester pour un candidat qui refuse la bataille dans un hemicycle... Dans la mesure ou votre election permettra simplement de maintenir un "statu quo" en allant de l'avant sur le plan socio-economique.. A defaut de pouvoir resoudre le probleme de fond qu'est la dimension milicienne du hezbollah...allez-y et redonnons au pays la capacite d'aller a nouveau de l'avant. Remettons l'economie sur les roues!!!! Nous n'avons pas besoin d'une guerre civile pour determiner encore une fois si notre ADN est arabite, resistance, la route de jerusalem passe par Teheran ou Jounie....Taef existe appliquons le. Avec le tandem Frangie Hariri, on peut esperer un remake du deja vu 1992-2004 mais en plus jeune et en plus efficace vu votre jeunesse et votre positionnement. Et de grace,donnez nous la chance d'aller voter sur la base de la loi 1960 et donnons l'illusion d'etre une "democratie" avec la classe politique que nous meritons. Bachar est là pour un moment et vous permettra une certaine liberte a laquelle n'avait pas droit Hariri pere avec les adeptes du systeme securitaire... En attendant de voir si l'Iran sera enfin un Etat au sens des relations internationales ..."monstre froid" ou eternel revolutionnaire incapable de calmer ses pulsions. Allez y !

    Pierre Moise

    09 h 31, le 26 mars 2016

  • Guerre de nerfs entre partis et tribus en faillite .

    Sabbagha Antoine

    08 h 33, le 26 mars 2016

  • "Le Liban n'est pas une priorité pour les chancelleries" ? Comment ça, si chacun de nos chefs politiques -notamment les "maronites" d'entre eux- se considère le centre du monde et non seulement celui du Liban ?

    Halim Abou Chacra

    05 h 57, le 26 mars 2016

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