Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

Séance du 2 mars : le suspense maintenu

La surprise du retour de Saad Hariri passée, le paysage politique commence à se préciser. À ses visiteurs, le chef du courant du Futur est en train de dire qu'il est venu pour relancer le dossier présidentiel qui serait aujourd'hui dans un tiroir s'il n'avait pas eu l'idée d'adopter la candidature de Sleiman Frangié. M. Hariri fait aussi remarquer que le leader sunnite le plus représentatif de sa communauté est en train de multiplier les efforts pour mettre un terme à la vacance du poste maronite le plus important de l'État. Ce qui est en soi un message d'ouverture, le signe de sa modération et de son respect de la formule libanaise. Il se déclare aussi optimiste, estimant que le contexte interne est favorable à l'élection d'un président, d'autant que son camp a fait une grande concession au sujet du choix d'un candidat qui est au cœur du 8 Mars.

Le secret de l'optimisme affiché par M. Hariri se résume comme suit : à travers ses contacts avec les différents protagonistes, il estime pouvoir assurer le quorum requis pour la séance du 2 mars, qui est de 86 députés. Selon ses calculs, le Hezbollah et le bloc de Michel Aoun, qui jusqu'à présent affirment vouloir boycotter cette séance, ne peuvent aligner que 41 députés (sur 128). Ce qui signifie que le quorum des deux tiers peut ainsi être assuré.
Dans ses calculs, le chef du courant du Futur considère que son candidat, le chef des Marada, Sleiman Frangié, devrait se présenter au Parlement vu qu'il est le principal concerné. Il se base aussi sur la participation du bloc du président de la Chambre, Nabih Berry, qui, jusqu'à présent, n'a boycotté aucune des 35 séances d'élection présidentielle, ainsi que sur la présence du bloc des Forces libanaises. Pourtant la participation de ces trois blocs à la séance du 2 mars n'est pas acquise.

Depuis l'adoption par le chef des FL de la candidature du général Aoun, la position de ce bloc n'est plus évidente. D'autant que la pointe adressée par M. Hariri au chef des FL pendant son discours du 14 février n'était pas de nature à arranger les choses entre eux. C'est grâce à la rapide réaction de la députée Sethrida Geagea – qui a entrepris de contacter les personnalités du 14 Mars, une à une, pour leur dire que la phrase du leader du Futur était une plaisanterie et que son discours exprimait la position des FL – que la situation a pu être contenue après l'explosion de colère sur les réseaux sociaux.

De plus, le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, s'est rendu rapidement chez Saad Hariri pour lui rappeler que le chef des FL avait été le premier défenseur de l'accord de Taëf dans les années 1990 et que jusqu'à aujourd'hui, il est le seul leader à continuer à dénoncer la participation du Hezbollah en Syrie tout en défendant les positions de l'Arabie saoudite face aux ingérences iraniennes dans les affaires arabes. Par conséquent, le chef des FL ne mérite certainement pas la remarque publique de M. Hariri. Ce dernier a donc été visiblement convaincu et il s'est empressé de rattraper sa boutade en se rendant à Meerab et en publiant un communiqué à ce sujet. Depuis, les FL et le Futur multiplient les déclarations pour affirmer que leurs relations sont trop solides pour être ébranlées par une boutade. Dans le dossier présidentiel, cela se traduit par une volonté des Forces libanaises de ne pas boycotter la séance du 2 mars, même si les FL précisent à l'intention des aounistes que leurs députés pourraient se rendre place de l'Étoile, mais ne pas entrer dans l'hémicycle.

Les milieux aounistes défendent la position des FL et affirment qu'il y a eu un accord clair entre cette formation et le CPL, et que Michel Aoun reste le candidat de Samir Geagea. Les milieux aounistes parlent même d'une coordination de plus en plus étroite et fructueuse entre les deux plus importantes formations chrétiennes, ainsi que de projets communs pour consolider l'entente au niveau de leurs bases respectives.
Toutefois, par cohérence avec leurs précédentes positions, les FL souhaitent se rendre au Parlement, au moins certains de leurs députés. Autrement dit, si ces députés participent à la séance du 2 mars, le quorum des deux tiers pourrait être assuré et dans ce cas, Sleiman Frangié serait élu...

Face à une telle configuration politique, le Hezbollah a décidé de réagir. Ses émissaires ont discuté avec le chef des Marada et avec le président de la Chambre Nabih Berry. Les sources proches du parti ont révélé qu'il a exprimé le souhait que ces deux blocs ne se rendent pas au Parlement pour la séance d'élection présidentielle du 2 mars afin de donner plus de temps aux concertations. Le secrétaire général du Hezbollah avait d'ailleurs dit à M. Frangié, lors de leur dernière rencontre : « Vous et nous avons pris un engagement envers le général Aoun d'appuyer d'abord sa candidature. Nous devons le tenir. Mais vous êtes notre candidat stratégique. » Le député de Zghorta avait alors demandé : combien de temps faudra-t-il attendre pour que nous soyons dégagés de cet engagement ? Mais il n'avait pas obtenu de réponse. Par contre, M. Frangié ne compte pas retirer sa candidature car s'il le faisait, cela pourrait pousser le 14 Mars à choisir à sa place un candidat issu du centre.

À l'issue de sa rencontre avec Saad Hariri, M. Frangié a en tout cas laissé entendre qu'il ne se rendra probablement pas à la séance du 2 mars. Même son de cloche à Aïn el-Tiné. Mais rien n'est encore joué et les positions des différents blocs ne sont pas encore définitives, même si le Hezbollah affirme qu'il ne se laissera pas prendre au dépourvu par un scénario visant à le mettre au pied du mur ou devant un fait accompli.

 

Lire aussi
Présidentielle, déchets, criminalité : les voyants rouges s'allument

Vacance présidentielle : l'Onu « profondément préoccupée »

Face-à-face entre étudiants de droit et hommes politiques autour du vide présidentiel

Hamadé : Les chances de Frangié sont plus importantes à l'heure actuelle

La surprise du retour de Saad Hariri passée, le paysage politique commence à se préciser. À ses visiteurs, le chef du courant du Futur est en train de dire qu'il est venu pour relancer le dossier présidentiel qui serait aujourd'hui dans un tiroir s'il n'avait pas eu l'idée d'adopter la candidature de Sleiman Frangié. M. Hariri fait aussi remarquer que le leader sunnite le plus...

commentaires (5)

les futurs potentiels presidents de la republique nous donnent une lecon de civisme, ils sont à l'image des dechets qui s'amoncellent dans la ou les rues, tfeh

Élie Aoun

12 h 35, le 19 février 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • les futurs potentiels presidents de la republique nous donnent une lecon de civisme, ils sont à l'image des dechets qui s'amoncellent dans la ou les rues, tfeh

    Élie Aoun

    12 h 35, le 19 février 2016

  • Le fait même que le Hezbollah continue a faire des mains et des pieds pour éviter que les élections n'ai lieu, est la preuve qu'il est embarrassé, et au plus haut point, parce que: 1-Il n'en veut pas des élections, 2- Il ne veut pas de Franjieh même s'il prétend que c'est un allié stratégique, 3- Il veut encore moins de Aoun, 4- Plus le chaos règne mieux il peut se maintenir dans le temps, 5- Ses défaites en Syrie ont eu un impact sur le terrain et il a besoin de se refaire grâce a l'intervention des Russes, 5- Pour finir, il ne veut plus de Président Chrétien et il entend les reléguer au statut de dhimmis le moment venu... Attendez voir sa surprise lorsque ces derniers lui feront un pied de nez Aoun et Franjieh inclus!

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 30, le 19 février 2016

  • Impressionnant , ce tableau que vous nous faîtes de la situation actuelle des mouvements pour la Présidentielle . J'y vois tellement clair Scarlett que aucune surprise ne me surprendrait ! Vous êtes soit Leonardo , soit Mona Lisa . Peintre et portrait !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 03, le 19 février 2016

  • "Le grand Enfant gâté la Figue à béret ne se rendront pas à la séance du 2 mars sur injonction du héZébbb. Même si celui-ci, le Niais Per(s)cé, affirme encore qu'il ne se laissera pas prendre au dépourvu par un scénario visant à le mettre au pied du mur ou devant un fait accompli." ! Yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 06, le 19 février 2016

  • FAIRE DES PETITES BOUTADES ENTRE PARTENAIRES ET AMIS... TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... ET SEULEMENT CELLES D,UN COTE CAR POUR L,AUTRE COTE VOUS FAITES DU CHAMEAU UNE SOURIS... DES EVENEMENTS POLITIQUES D,ENVERGURE C,EST DU BARATIN COMME ON EST HABITUE A LIRE TOUS LES MATINS DANS TOUS VOS ARTICLES... JE RIS BIEN SUR... BONNE JOURNEE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 19 février 2016

Retour en haut