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Liban - L’éclairage

Aux yeux de l’administration US, Frangié s’est démarqué de Aoun par son approche nationale

Le chef des Marada, Sleiman Frangié, le 7 décembre 2015. REUTERS/Omar Ibrahim

De retour de Washington, certains responsables libanais affirment que l'administration US a exprimé sa satisfaction au lendemain de la décision prise par les hauts dirigeants du 14 Mars, à savoir la renonciation à la candidature du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ainsi qu'à toute autre candidature dite consensuelle, pour leur substituer les deux principaux candidats issus du camp du 8 Mars, le chef des Marada, Sleiman Frangié, et le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun.
Cette démarche est intervenue, rappellent les responsables, après que les assises du 14 Mars se sont rendues à l'évidence qu'il n'y aurait ni élection ni quorum si le candidat pressenti n'est pas issu du 8 Mars, et qu'il fallait par conséquent œuvrer à lever les obstacles qui entravent le processus de l'élection.

Des diplomates qui suivent de près ce dossier affirment que le Hezbollah, qui s'est contenté jusque-là de renouveler son engagement et son soutien à Michel Aoun, se dissimule derrière la candidature de ce dernier pour masquer la réalité de l'enjeu et innocenter son parrain iranien. La vérité, soutient un diplomate occidental, est que ni le parti chiite ni l'Iran ne souhaitent l'élection d'un président en ce moment. C'est ce qu'a clairement déclaré l'adjoint du chef du Hezbollah, Hussein Khalil, samedi dernier, à l'issue de sa visite à Rabieh en déclarant que « lorsque les choses auront mûri, nous agirons en conséquence et en cueillerons les fruits ». Cette attitude a révélé au grand jour la réalité des intentions du parti chiite à l'égard de l'élection présidentielle et réfuté les allégations selon lesquelles l'Arabie saoudite et son allié libanais, Saad Hariri, assument la responsabilité du blocage de cette échéance. Une thèse qui ne tient pas la route surtout que l'on sait que ce sont les composantes du 8 Mars, à l'exception des députés d'Amal, qui boycottent les séances électorales depuis le début.


(Lire aussi : Sleiman s'insurge contre le blocage « inacceptable »)


Plusieurs diplomates confirment d'ailleurs la thèse de l'influence de la République islamique iranienne au niveau du dossier de la présidentielle. Dernier témoignage en date, celui de la coordinatrice spéciale des Nations unies, Sigrid Kaag, qui a indiqué que ses multiples visites en Iran n'ont abouti à rien.
De retour de Washington, les responsables précités ont rapporté que les responsables américains n'ont pas apprécié les prises de position de M. Aoun, surtout qu'elles surviennent après moult efforts entrepris par des diplomates US pour tenter de le convaincre de la nécessité de modifier un tant soit peu son discours politique et de réduire ses engagements à l'égard du Hezbollah. Autant de tentatives qui ont été vouées à l'échec, notamment celles entreprises par l'ancien diplomate, Jeffrey Feltman, et l'actuel ambassadeur David Hale qui, tous deux, ont conseillé à Michel Aoun d'atténuer la virulence de son discours politique et de faire un pas en direction du 14 Mars pour le retrouver à mi-chemin. Rien n'y a fait, les protagonistes du 8 Mars ayant campé sur leur position, suscitant auprès des interlocuteurs US des inquiétudes sérieuses. Celles-ci ont été renforcées après les récentes prises de position du chef du bloc du Changement et de la Réforme qui a avalisé le projet du Hezbollah sur les plans local et régional, s'attachant au principe de la préservation des armes aux mains du parti chiite.


(Lire aussi : « L'Iran ne s'ingère d'aucune manière dans les affaires du Liban, encore moins dans la présidentielle », affirme Fatehali)


C'est toutefois une impression bien plus positive qu'a laissée sur les responsables US l'autre candidat du 8 Mars, Sleiman Frangié, dont le profil et les positions exprimées ont rassuré ses interlocuteurs américains, notamment l'ambassadeur David Hale avec lequel il s'est longuement entretenu. Au yeux de ses interlocuteurs américains, M. Frangié s'est ainsi distingué de son concurrent direct par son attitude générale concernant les priorités qu'il défend, notamment en faisant passer l'intérêt national au-dessus de toute autre considération alors que M. Aoun continue de faire la promotion du projet syro-iranien. C'est d'ailleurs le leader druze, Walid Joumblatt, qui aurait attiré l'attention de l'ambassadeur US sur les « qualités » du premier, en conseillant à M. Hale de faire preuve d'ouverture et d'écoute à son égard. Ce dernier a sans aucun doute réussi à mettre en confiance les Américains, quant à sa vision et ses choix nationaux faisant preuve d'indépendance par rapport aux pressions extérieures.
On apprenait également que ce sont les membres d'une délégation du 14 Mars qui ont entrepris la mission de promouvoir la candidature de M. Frangié auprès des Américains, sachant notamment que l'ambassadeur David Hale avait déjà pavé la voie en introduisant auprès de l'administration US le profil du chef des Marada et l'importance du tandem Hariri-Frangié, considéré approprié dans le contexte régional actuel.

 

(Lire aussi : Bou Faour chez Berry : La situation n'est pas encore assez mûre pour permettre l'élection d'un président)



Les Américains savent pertinemment aujourd'hui que la solution au blocage de la présidentielle est aux mains du Hezbollah et plus particulièrement des Iraniens. D'où leur conviction que c'est à eux qu'il faut désormais s'adresser pour effectuer une percée quelconque à ce niveau, surtout que le contexte des négociations de Genève en vue d'un règlement de la crise syrienne – même s'il devait s'avérer long et fastidieux – semble aujourd'hui favorable à cette approche.
Il reste à voir toutefois si le président américain Barack Obama sera convaincu de la pertinence d'une ouverture en direction de l'Iran en vue d'un éventuel compromis concernant le dossier libanais, et si cela pourrait servir, d'une manière ou d'une autre, les intérêts des démocrates, actuellement en pleine campagne électorale.

 

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De retour de Washington, certains responsables libanais affirment que l'administration US a exprimé sa satisfaction au lendemain de la décision prise par les hauts dirigeants du 14 Mars, à savoir la renonciation à la candidature du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ainsi qu'à toute autre candidature dite consensuelle, pour leur substituer les deux principaux candidats issus du camp...

commentaires (5)

Le américains un fois de plus démontre leurs faiblesses ,dans la région ...faut qu'après les fiascos majeurs en Irak et Syrie ...il on intérêt à faire profile bas ...mais svp pas sur le compte du Liban , nous avons déjà largement payé le prix fort ,aux tribulations US...

M.V.

11 h 12, le 09 février 2016

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Commentaires (5)

  • Le américains un fois de plus démontre leurs faiblesses ,dans la région ...faut qu'après les fiascos majeurs en Irak et Syrie ...il on intérêt à faire profile bas ...mais svp pas sur le compte du Liban , nous avons déjà largement payé le prix fort ,aux tribulations US...

    M.V.

    11 h 12, le 09 février 2016

  • Hahahahaha encore eux ? C'est comme si je vous disais , alors il te plaît mon frère, vous répondez, oui mais je préfère ta soeur .... Hahahahahahah. ....

    FRIK-A-FRAK

    10 h 40, le 09 février 2016

  • - QUI BLOQUE ? SECRET DE POLICHINNELLE... C,EST LE PARAVENTISSIME... PRIS EN OTAGE PAR LES LARGESSES ACCEPTEES DE SES EMPLOYEURS IRANIENS... - L,ENJEU : UN NOUVEAU PACTE NATIONAL AU DETRIMENT DES CHRETIENS DU PAYS... - ET DAME LA -MARQUISE- DANS SA SOTTISE... NE LE COMPREND NI LE REALISE...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    08 h 07, le 09 février 2016

  • Aux yeux de l’administration US, Frangié s’est démarqué de Aoun par son approche nationale IL S'EST DEMARQUEE NATIONALEMENT DE AOUN EN S'ALLIANT A LUI POUR BOYCOTTER LA SEANCE DE LA SELECTIOON PESTILENTIELLE ?

    Henrik Yowakim

    04 h 16, le 09 février 2016

  • Nous avons vu ce que les américains ont fait de la région, ils méritent que nous leur donnions un crédit confiance !!

    Sam

    03 h 57, le 09 février 2016

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