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Liban - Nations unies

À l’Onu, le cri d’humanité de Salam

Le Premier ministre, brandissant hier la photo du petit Aylan Kurdi lors de son allocution à l’Onu. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre Tammam Salam a appelé hier à New York la communauté internationale à accroître son soutien en vue de préserver la stabilité du pays et l'aider à surmonter le fardeau des réfugiés syriens.
Dans son allocution devant l'Assemblée générale de l'Onu, M. Salam a appelé le monde à « cesser de démissionner de ses responsabilités et à œuvrer pour ramener la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient, pour garantir aux peuples leur droit à des lendemains meilleurs ». Il a appelé dans ce cadre les peuples de la planète à « tendre la main pour bloquer les compteurs de la mort en Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen et en Palestine ».

Au début de son intervention, Le Premier ministre a rappelé l'apport du Liban à la rédaction de la Charte de l'Onu. « Je souligne l'engagement du Liban à remplir son rôle intégralement en tant que membre actif de la communauté internationale pour réaliser les objectifs nobles agréés par les nations, à commencer par la préservation de la sécurité et de la paix internationales, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales de tous les hommes », a-t-il indiqué.
« Il est question de droits fondamentaux de l'homme. Or, dans notre pays, ce concept s'amenuise jour après jour sous le poids des guerres et se réduit face à l'avancée de la pensée obscurantiste dissimulée sous des apparats religieux. Il disparaît même face à la brutalité du colonialisme pratiqué par Israël et la sa tentative de se dissimuler sous des oripeaux démocratiques et modernes. Face aux yeux du monde entier, les nations s'effritent dans notre région, et des millions quittent leurs maisons pour l'inconnu », a poursuivi M. Salam.

(Lire aussi : Ban réitère son appel à l'élection rapide d'un président)

 

Régler la tragédie à sa source
« Voici Aylan », a dit Tammam Salam, en brandissant une photo du petit enfant syrien kurde, Aylan Kurdi, qui s'était noyé au cours d'une tentative d'exode en Turquie pour fuir la guerre en Syrie. « Voici l'enfant de trois ans, que le monde entier a vu au début du mois, noyé dans son sommeil éternel, après avoir été rejeté par la mer. Il résume ce que sont devenus les droits fondamentaux de l'homme dans notre région. Son image est le récit d'un peuple torturé, errant sur les mers, jeté sur les trottoirs des villes et dans les gares ferroviaires, en attendant un permis, un visa ou à manger. Il s'agit d'une histoire qui est sortie du cadre politique, militaire ou légal, pour devenir une grande question liée au présent et à l'avenir de l'humanité », a poursuivi le Premier ministre.

« Nous avons suivi les efforts déployés par les États européens pour absorber des nombres supplémentaires de réfugiés sur leurs terres. Ce sont des efforts qui puisent leurs racines dans un héritage culturel et des expériences douloureuses tirées des guerres et de leurs malheurs. Cependant, nous estimons que la meilleure solution au problème et la moins coûteuse pour la Syrie et les pays voisins et le monde, est d'aller directement vers la tragédie et en régler l'origine », a-t-il ajouté.
« Le Liban réitère son appel aux forces internationales (...) pour qu'elles sortent de leur attentisme et de leurs hésitations et mettent un terme au carnage en Syrie, à travers une solution politique garantissant l'unité, l'indépendance et la sûreté du territoire du pays et qui réponde aux aspirations du peuple syrien à une vie libre et digne », a souligné le chef du gouvernement.
« Nous lançons cet appel non seulement en raison des liens de voisinage et de parenté, ainsi que de l'histoire et des intérêts communs entre le peuple syrien frère et nous, mais aussi parce que la fin de la crise syrienne est certainement dans l'intérêt du Liban, qui ploie sous le fardeau extraordinaire des déplacés, ce que l'Onu elle-même a qualifié de catastrophe nationale », a-t-il noté.

« Si l'Europe, avec ses capacités énormes et son ouverture humaine, s'est retrouvée confuse face aux milliers de déplacés dans leurs villes, le Liban, dont le territoire est exigu et les capacités limitées, accueille plus d'un million de réfugiés syriens, ce qui représente le tiers de la population du pays », a rappelé le Premier ministre.
« L'infrastructure et les communautés d'accueil au Liban ont été poussées à bout, à l'heure où les aides internationales reculent de manière substantielle en raison de ce qui est appelé la fatigue des donateurs », a-t-il averti.
« Le Liban, qui est attaché à ses engagements internationaux, appelle une fois de plus les pays donateurs à honorer leurs engagements, sinon à augmenter leur contribution financière et à offrir les aides directement aux institutions gouvernementales et aux sociétés libanaises hôtes, en vertu du plan d'urgence lancé par le Liban en coordination avec l'Onu en décembre dernier », a-t-il noté.
« Nous insistons sur le principe du partage des responsabilités, et la nécessité d'établir des zones sûres ou des zones tampons pour les réfugiés en Syrie, ou des zones de rassemblements à la frontière », a ajouté Tammam Salam.

Lutter contre le terrorisme
Le Premier ministre a en outre estimé que « le problème des réfugiés syriens n'est que l'une des conséquences du conflit sur le Liban », précisant que la plus grave de ces conséquences reste le terrorisme. « Une vingtaine de nos soldats sont toujours otages des extrémistes, et nous tentons toujours de les libérer », a-t-il rappelé. Et d'insister sur le fait que « le Liban n'est pas un terreau fertile pour le terrorisme ». « Le pays est prêt à prendre part à tout effort international en vue de combattre le terrorisme et insiste sur la nécessité d'en régler les causes », a-t-il dit, soulignant la volonté du Liban de « consolider ses forces armées, pilier essentiel de la sécurité, de la stabilité et de la paix civile dans le pays ».

M. Salam a expliqué que « la protection de l'entité libanaise équivaut à la protection du dernier exemple du vivre-ensemble et du pluralisme dans la région ». Aussi a-t-il appelé « les frères et les amis à tenir le Liban à l'écart de la polarisation régionale, et à aider le pays à mettre fin à la vacance présidentielle et à la paralyse actuelle (...), à travers l'élection d'un président de la République, sans plus attendre ».

Le Premier ministre a enfin réitéré les positions traditionnelles du Liban concernant le dossier israélo-palestinien : engagement à respecter la 1701 dans son intégralité, refus de l'implantation des réfugiés, soutien au droit au retour, nécessité du retrait israélien des territoires libanais occupés et de la fin des atteintes à la souveraineté libanaise, et dénonciation de l'implantation des colonies israéliennes en Palestine et des actes de violence israéliens, notamment tout récemment devant l'esplanade des Mosquées.

 

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