« La crise syrienne et ses implications pour l'Union européenne vont occuper une place essentielle » lors de la 70e session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui entame ses travaux aujourd'hui dans une ambiance de frénésie diplomatique, en présence de 154 chefs d'État et de gouvernement et de 50 ministres. Qualifiée « d'historique et exceptionnelle », cette semaine ministérielle regroupe au Palais de Verre le plus grand rassemblement de dirigeants de la planète, notamment le président russe Vladimir Poutine et le président de la Chine Xi Jinping.
Lors d'une rencontre avec la presse francophone au siège de la mission française auprès de l'Onu « pour faire le point sur les thèmes et les événements principaux de cette semaine », le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué, qu'il « aura l'occasion de rappeler la solidarité de la France envers le Liban, en proie à un blocage à la fois politique, institutionnel, et à une crise humanitaire majeure ». M. Fabius a affirmé qu'il participera mercredi à la réunion du Groupe de soutien international au Liban, en présence du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, du Premier ministre Tammam Salam, du secrétaire d'État américain John Kerry, et d'autres, « parce que nous considérons que le Liban doit être accompagné et soutenu pour sortir de ses difficultés actuelles. Ce sujet sera également évoqué notamment avec nos partenaires iraniens, lors de la rencontre du président François Hollande avec le président Rohani et les Saoudiens. »
Situation difficile
Que peut donc faire concrètement la France pour venir en aide au Liban en proie au fardeau des réfugiés syriens et au blocage de ses institutions? Le ministre Fabius a rappelé à L'Orient-Le Jour « les liens très étroits entre la France et le Liban, puisque la France est traditionnellement l'amie du Liban. Pour nous, ce n'est pas simplement un choix politique, c'est un choix du cœur qui ne se dément pas », a-t-il assuré. « Le Liban est dans une situation très difficile depuis malheureusement longtemps. Il y a la présence massive de réfugiés syriens, qui représentent un tiers de la population, ce qui est considérable avec des conséquences de toute sorte. Il y a aussi une crise proprement politique puisque nos amis libanais ne parviennent pas à choisir leur président. Et s'ajoute à cela un certain nombre d'événements, notamment la question des déchets et d'autres, qui évidemment sont rendus d'autant plus délicats à régler », a-t-il constaté.
Cent millions d'euros aux réfugiés
« Qu'avons-nous à l'esprit? poursuit-il. D'une part, essayer de faire le maximum pour que le flot des réfugiés syriens au Liban diminue ou tarisse. Mais là, il s'agit de traiter la cause, et la cause, c'est le problème syrien » , a-t-il dit. Et le ministre français d'ajouter : « Il faut d'autre part aider financièrement le Liban qui est vraiment mis en difficulté et le président de la République a annoncé 100 millions d'euros pour les réfugiés, dont une part pour le Liban. La France qui est en relation avec les uns et les autres doit travailler pour essayer, je dis bien essayer, de favoriser une solution institutionnelle », a-t-il assuré.
Protéger le Liban
Laurent Fabius a poursuivi : « J'ai eu l'occasion moi-même de rencontrer nombre de protagonistes et c'est très difficile, a-t-il jugé. Nous n'avons pas la prétention, par un coup de baguette magique, de régler tout cela. Et puis, il faut aussi que nous prenions nos dispositions pour que telle ou telle force ne profite pas de cette situation régionale pour imposer durement sa loi au Liban. C'est de tout cela qu'on va parler. Moi-même et le président de la République, nous verrons le Premier ministre, Tammam Salam, mais notre effort est constant et en même temps, nous mesurons la grande difficulté de la situation. Je veux simplement dire que nous nous sentons totalement aux côtés de nos amis libanais », a encore souligné le chef du Quai d'Orsay.
La crise syrienne
La crise en Syrie, thème majeur de cette 70e session, restera au cœur de tous les entretiens notamment entre les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine. Le ministre français a souligné que cette session de l'Assemblée générale sera « l'occasion d'évoquer la crise syrienne et ses implications pour l'Union européenne qui fait face à un afflux sans précédent de réfugiés. Cette dernière question sera abordée notamment lors d'une réunion de haut niveau organisée par l'Allemagne au titre de sa présidence du G7, en présence des pays du Golfe ».
Laurent Fabius n'a pas manqué de rappeler la position de la France, particulièrement sur la question de la transition politique en Syrie : « Seule la mise en place d'une transition politique, associant des éléments du régime actuel et de l'opposition modérée, conformément au communiqué de Genève, permettra de mettre un terme au conflit syrien. Bachar el-Assad ne peut représenter l'avenir d'un pays et d'un peuple qu'il a martyrisés. »
La conférence de Paris
« L'Assemblée générale des Nations unies sera placée, à la fois pour les Nations unies et pour la France, sous le signe du climat et développement », a encore souligné le ministre français. Mettant en exergue l'importance du « triangle » Addis-Abeba, New York, Paris, il a relevé que « la conférence d'Addis-Abeba a permis d'avancer sur les questions générales concernant le financement du développement. À New York, nous allons définir ce qu'on appelle de nouveaux Objectifs de développement durable (ODD), qui incluront pour la première fois la protection de l'environnement. Et le 30 novembre à Paris, lors de la COP21, nous espérons parvenir à un accord universel qui permettra de limiter le réchauffement climatique à deux degrés ».
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commentaires (12)
UN LOUP DÉGUISÉ EN AGNEAU VA AIDER LE LIBAN !
Gebran Eid
14 h 39, le 28 septembre 2015