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À La Une - Liban

Les militants de "Vous puez!" évacués par la force du ministère de l'Environnement

"Nous continuerons! Révolution! Notre volonté est la plus forte!", scandent les manifestants devant le bâtiment.

La police anti-émeute a évacué de force une partie des militants de la campagne "Vous puez!" qui ont occupé mardi le ministère de l'Environnement, dans le centre-ville de Beyrouth. AFP/STR

La police anti-émeute a évacué de force mardi les dizaines de militants de la société civile qui ont occupé le ministère de l'Environnement à Beyrouth pour protester contre son incapacité à régler la crise des ordures, une escalade inédite d'un vaste mouvement anticorruption.

"Nous continuerons! Révolution! Notre volonté est la plus forte! a scandé la foule, alors que la campagne citoyenne "Vous puez", qui dirige le mouvement de protestation, a affirmé que plusieurs de ses partisans avaient été "frappés" durant leur évacuation forcée.
Les organisateurs de cette campagne avaient lancé un ultimatum qui a expiré à 18h00 locales (16h00 GMT) pour obtenir la démission du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk et trouver une solution durable à la crise des ordures qui dure depuis un mois et demi. Mais au-delà de cette crise, la mobilisation illustre le ras-le-bol de la population face à la corruption endémique, à la paralysie des institutions politiques et au délabrement des services publiques, 25 ans après la fin de la guerre civile.
Depuis la première manifestation, organisée le 22 août dans le cadre de ce mouvement, le gouvernement miné par ses divisions n'a pris aucune décision pour répondre aux exigences des protestataires, et le ministre Machnouk a refusé de démissionner.

Quelques heures après avoir fait sortir de force des dizaines de militants du siège du ministère, la police anti-émeute a évacué en soirée quatorze militants qui s'y trouvaient encore. Elle avait contraint les médias à quitter le bâtiment avant d'évacuer les militants.
"Ils nous ont obligés à sortir par la force, ils ont chassé les médias, coupé l'électricité, ils nous ont bousculés dans les escaliers étage par étage. Notre sit-in était pacifique mais ils ont eu recours à la violence", a dit Imad Bazzi, l'un des organisateurs.

Selon la Croix-rouge libanaise, il y a eu 16 blessés dont Lucien Bourjeily, un des organisateurs de la campagne qui a été hospitalisé. Les 15 autres blessés ont été soignés sur place "dont un pour suffocation et 14 pour des coups reçus".
Quant au ministre, il est parvenu à sortir ensuite du bâtiment dans un convoi, selon les médias locaux.

Les forces anti-émeute étaient intervenues après le refus des militants de quitter le bâtiment, où ils avaient observé pacifiquement pendant plusieurs heures un sit-in dans un couloir, non loin du bureau de Mohammad Machnouk qui y était présent.


(Voir aussi : Occupation, évacuation musclée : les images d'une journée tendue au ministère de l'Environnement)

 

"Dehors! Dehors! Machnouk dehors!"
Vers 13h, les activistes du collectif, brandissant des drapeaux libanais, étaient entrés dans le bâtiment du ministère de l'Environnement. "Dehors! Dehors! Machnouk dehors!" ont scandé les militants qui se sont installés dans le bâtiment, dans un couloir proche du bureau du ministre. "Vous puez! Vous puez!", ont-ils encore crié, ainsi que "Pacifique! pacifique!", pour insister sur le caractère non violent des protestations. Des militants se sont assis à même le sol, applaudissant et entonnant l'hymne national, alors que d'autres ont agité des drapeaux libanais aux fenêtres du ministère.

En cours de journée, plusieurs policiers avaient tenté de les convaincre, en vain, de quitter les lieux. Les forces de l'ordre étaient également déployées au pied de l'immeuble, où se sont rassemblés des dizaines de jeunes à l'appel du mouvement "Vous puez", à l'origine de la campagne qui a vu des dizaines de milliers de Libanais descendre dans les rues pour conspuer la corruption de la classe politique et son immobilisme face à la crise des déchets.

Quelques heures après le début de l'occupation, des activistes ont rapporté que l'électricité avait été coupée au siège du ministère, laissé sans lumière ni climatisation. Un militant à l'intérieur du bâtiment s'est évanoui, les autres ont appelé la Croix-Rouge à intervenir et à faire entrer de l'eau et de la nourriture dans l'étage où la chaleur pesante se faisait sentir.

 

مجموعات من المواطنين ومجموعة طلعت ريحتكم تحتل في هذه الأثناء مبنى وزارة البيئة في اللعازاية حتى اسقاط الوزير وتدعو جميع المواطنين إلى الحضور الى المكان.

Posted by ‎طلعت ريحتكم‎ on Tuesday, September 1, 2015

 

 

Le ministre de l'Environnement a, de son côté, dénoncé une entrée par effraction de la part des activistes, refusant néanmoins de quitter les lieux. Selon la chaîne LBC, le ministre a demandé de négocier avec un représentant de la campagne, mais les militants ont refusé. En début d'après-midi, le ministère de l'Intérieur avait donné une demi-heure aux militants pour quitter le bâtiment, les appelant à manifester dans les lieux où ils ont l'habitude de se rassembler. Un appel rejeté par les activistes. Quelques heures plus tard, la police anti-émeute entrait dans le bâtiment.

Les activistes ont également refusé de discuter avec la présidente du parti Vert, Nada Zaarour, venue rencontrer le ministre de l'Environnement dans le but de mener une médiation. L'un des manifestants a expliqué que Mme Zaarour était protégée par des forces de l'ordre et que pour cette raison, les protestataires ont estimé qu'elle intervenait en tant que représentante du gouvernement. Mme Zaarour a de son côté dénoncé les agissements des activistes. "Les écologistes sont des personnes pacifiques qui refusent que l'Etat soit pris en otage", a-t-elle lancé.

"La démission de Machnouk résoudra-t-elle la crise des déchets?"
Contacté dans la matinée par L'Orient-Le Jour, le président du centre libanais des droits humains (CLDH) et membre du collectif "Vous puez!", Wadih el-Asmar, présent à l'intérieur du ministère, a déclaré que "le ministère de l'Environnement a démontré son incapacité de gérer le dossier des déchets", ajoutant que "le fait qu'il se soit retiré de la commission ministérielle chargée du dossier des déchets ne change rien à nos appels à sa démission". Par ailleurs, l'activiste a expliqué qu'il n'était plus nécessaire d'attendre la fin de l'ultimatum". "Nos intentions sont désormais claires", a-t-il ajouté.

M. Machnouk avait indiqué lundi qu'il allait se retirer de la commission ministérielle en charge du dossier des déchets mais qu'il n'allait pas démissionner, provoquant la fureur des militants. Mardi, il a expliqué qu'il s'était retiré pour protester contre "les forces politiques qui ont échoué à trouver des lieux pour les décharges".

Réagissant aux revendications des militants, le Premier ministre Tammam Salam a affirmé qu'il n'offrira pas le cadeau de la démission du ministre de l'Environnement, a indiqué une source proche du chef du gouvernement, citée par la LBCI. "Il est injuste de faire porter au ministre de l'Environnement la responsabilité d'une crise vieille de plusieurs années dont tous les partis politiques sont responsables", a ajouté cette source. "La démission de Mohammad Machnouk résoudra-t-elle la crise des déchets? La crise se limite-t-elle à cela?", s'est interrogée une autre source proche du Grand Sérail, citée par la LBCI.

"Il faut que les manifestants attendent deux ou trois jours pour connaître les propositions d'un comité ad hoc mis en place" pour se pencher sur la question des ordures, a indiqué une autre source proche de Tammam Salam à l'AFP.

La campagne de protestation a commencé avec la crise des ordures provoquée à la mi-juillet par la fermeture de la décharge de Naamé et l'amoncellement des déchets dans les rues.
Samedi, une manifestation organisée sur l'emblématique Place des martyrs a rassemblé des dizaines de milliers personnes scandant des slogans hostiles à la prévarication de la classe politique, le plus grand rassemblement depuis le début de la crise. Cette mobilisation illustre le ras-le-bol de la population face à la corruption endémique, au dysfonctionnement de l'État et à la paralysie des institutions politiques.

Les députés ont prolongé à deux reprises leur propre mandat depuis les élections en 2009, en raison des divisions politiques, ce que les militants qualifient d'"illégitime". Ils se montrent également incapables d'élire un président de la République, poste vacant depuis mai 2014. En plus du règlement de la question du traitement des déchets, les protestataires réclament l'organisation de nouvelles législatives.

Le pouvoir n'a pas encore officiellement réagi aux revendications de la société civile. Le président du Parlement, Nabih Berry, a cependant appelé à un dialogue entre dirigeants le 9 septembre. Une initiative dont les militants estiment qu'elle n'est qu'un moyen de détourner l'attention de leurs revendications.

 

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commentaires (5)

TOUTE CETTE HISTOIRE... PUE !!!

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 54, le 01 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • TOUTE CETTE HISTOIRE... PUE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 54, le 01 septembre 2015

  • Grande erreur du collectif "Vous puez !" l'occupation du ministère de l'Environnement.

    Halim Abou Chacra

    18 h 33, le 01 septembre 2015

  • ON DÉRAPE DE NOUVEAU ! L'ANARCHIE RÈGNE DANS LES RANGS DES MANIFESTANTS... LES INFILTRÉS ET LES PROVOCATEURS Y SONT TOUJOURS PRÉSENTS... LES SLOGANS PARTISANS SE FONT TOUJOURS ENTENDRE... QUI SONT LES ORGANISATEURS ET LES MANIPULATEURS ? YIA CHABEB çA C'EST LE LIBAN... çA C'EST SON SYSTÈME... PERSONNE NE TOMBE PAR LA RUE... UNIQUEMENT PAR LES SUFFRAGES... DÉBARRASSEZ-VOUS DE TOUT CE MONDE AUX PROCHAINES ÉLECTIONS... ! LES RESPONSABLES SONT CEUX QUI ONT INITIÉ LA DESCENTE DANS LES RUES MALGRÉ LES AVIS CONTRAIRES DE TOUT LE MONDE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 02, le 01 septembre 2015

  • Messieurs du gouvernement TENEZ BON !!! On ssit tous comment et par qui cette manif a été élaborée

    Bery tus

    17 h 50, le 01 septembre 2015

  • Je suis surpris ...,je ne savais pas... qu'il y ait un ministère de l'environnement dans notre pays....?

    M.V.

    14 h 50, le 01 septembre 2015

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