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Liban - Procès

TSL : une séance axée sur l’accent de l’inconnu qui a revendiqué l’assassinat de Rafic Hariri

L’ancien directeur de la Jazeera.

Le jour de l'explosion qui a tué l'ancien ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, un inconnu « dont la langue arabe était approximative », a appelé la chaîne al-Jazeera pour revendiquer l'attentat. L'inconnu a indiqué qu'il s'exprimait au nom d'un groupe appelé al-Nosra wal jihad fi bilad al-Cham, une formation dont personne n'avait entendu parler auparavant. C'est sur cet épisode que Ghassan Ben Jeddo, ancien directeur de la chaîne panarabe à Beyrouth à l'époque, a été longuement interrogé hier par l'accusation au sein du Tribunal spécial pour le Liban chargé de juger les assassins de l'ancien chef de gouvernement.

Le témoignage de cette vedette de la télévision – devenu depuis 2012 le directeur de la chaîne al-Mayadeen à capitaux syro-iraniens, fondée par l'un des hommes-clés du régime de Bachar el-Assad, Rami Makhlouf –, est d'une importance capitale pour la suite du procès. Il devrait notamment servir à déterminer si oui ou non la revendication présumée de ce groupe islamiste était crédible. Rappelons que cinq membres du Hezbollah sont aujourd'hui aux bancs des accusés dans l'affaire Hariri. Mais la piste islamiste continue à ce jour d'être évoquée par la défense.

Hier, Ghassan Ben Jeddo devait notamment livrer à la Cour les détails de sa première conversation avec le « messager » de la revendication de l'attentat et les circonstances qui ont entouré ce premier appel, suivi d'un communiqué écrit.
Le journaliste a ainsi confirmé les informations précédemment livrées par d'autres témoins pour ce qui est de la « similarité » entre la teneur de la conversation téléphonique avec « l'inconnu » et le texte du communiqué signé par le prétendu groupe islamiste, al-Nosra wal jihad fi bilad al-Cham, dont l'authenticité n'a jamais été vérifiée.
Sitôt l'appel reçu, M. Ben Jeddo a pris contact avec le siège de la chaîne à Qatar pour les prévenir de la revendication. Ce n'est que bien plus tard qu'il est passé à l'antenne pour annoncer l'information au grand public, raconte le journaliste.
« Je me rappelle que lors du contact que j'ai eu avec le siège d'al-Jazeera, j'avais bien dit que c'est la première fois que j'entendais parler de ce groupe et que je ne savais pas s'il s'agissait d'un groupe réel ou d'une partie tierce relevant des services de renseignements », a-t-il déclaré devant les juges, qui suivaient avec grand intérêt les moindres détails de l'histoire.

 

( Lire aussi : Pour l’avocat de Hussein Oneissi, le procès « n’est pas une partie de poker » )



Parmi les éléments-clés qui retiendront l'attention de la Cour, les propos du témoin sur l'accent et l'identité présumée du premier correspondant, un détail crucial dans cette affaire. Selon le témoignage de M. Ben Jeddo, l'interlocuteur, qui parlait en arabe littéraire, « avait une faible maîtrise de la langue arabe ». « On pourrait penser que c'était quelqu'un qui venait d'Afghanistan ou du Pakistan, ou peut-être, quelqu'un d'anglophone parlant l'arabe », a poursuivi le témoin.
L'accusation, représentée par Alex Milne, a alors rappelé à M. Ben Jeddo que dans un précédent témoignage, il avait dit au chef de la commission d'enquête à l'époque, Peter Fitzgerald, que cela « pouvait être quelqu'un qui tout simplement prétendait ne pas avoir une bonne maîtrise de la langue arabe ». Comprendre un Libanais qui faisait semblant de ne pas l'être.
Évitant de répondre directement à la question, le journaliste a affirmé avoir effectivement dit « que son arabe était faible et qu'il venait probablement d'Afghanistan ou du Pakistan ». Insatisfait de la réponse, le président de la chambre de première instance, le juge David Re, le relance : « Pourquoi vous aviez dit un Arabe qui prétend ne pas l'être si vous estimez qu'il vient d'Afghanistan ou du Pakistan ? »

Le témoin a esquissé une seconde réponse qui n'a toujours pas satisfait le juge. « J'ai dit cela parce qu'à l'époque on entendait beaucoup parler d'islamistes en provenance de ces régions. »
Le juge Re n'a pas abdiqué. Il lui a alors demandé si aujourd'hui il peut reconnaître l'accent d'un Afghan qui parle arabe ou un Pakistanais qui le parle ? « Peut-être », a-t-il dit. « Un Jamaïcain » ? « Non », a répondu le témoin. « Un Italien ? » « Non plus », a enchaîné M. Ben Jeddo.
Au tour du juge Walid Akoum de lui demander si dans son premier témoignage à la commission, il a voulu dire que « l'interlocuteur était peut-être arabe mais qu'il faisait semblant de ne pas l'être ».
« Peut-être », a fini par lâcher le journaliste. Et d'ajouter un peu plus loin : « Ceux qui ont appelé la seconde et la troisième fois sont clairement arabes. » Le témoin sera encore interrogé aujourd'hui et demain, vendredi, par l'accusation mais aussi par la défense dont la contre-attaque s'annonce d'ores et déjà corsée.

 

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Le jour de l'explosion qui a tué l'ancien ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, un inconnu « dont la langue arabe était approximative », a appelé la chaîne al-Jazeera pour revendiquer l'attentat. L'inconnu a indiqué qu'il s'exprimait au nom d'un groupe appelé al-Nosra wal jihad fi bilad al-Cham, une formation dont personne n'avait entendu parler auparavant. C'est sur cet épisode...

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