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Liban - Coopération

La révision de la Politique européenne de voisinage est passée par le Liban

Un document arabe conjoint, présentant certaines propositions, a été remis hier à Beyrouth par le ministre des Affaires étrangères au commissaire chargé de la Politique européenne de voisinage.

Les responsables arabes et européens posant ensemble avant la dernière conférence de presse, avec, au centre, MM. Bassil et Hahn. Photo Ibrahim Tawil

L'initiative est venue du ministère des Affaires étrangères : dans le cadre d'une révision globale de la Politique européenne de voisinage (PEV), et afin que la voix arabe du sud de la Méditerranée se fasse entendre, un congrès s'est tenu hier à Beyrouth, en présence de plusieurs ministres arabes des Affaires étrangères et de responsables européens, notamment le commissaire chargé de la PEV et des Négociations d'élargissement, Johannes Hahn. Le congrès s'est conclu par la présentation d'un document arabe conjoint, présentant certaines propositions, remis par le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil au commissaire européen.

Cet document arabe est fondé sur quelques idées élaborées par le ministre Gebran Bassil dans son mot d'ouverture, notamment la primauté de l'aspect politique dans la collaboration avec l'Europe, la nécessité de combler les fossés culturels entre les pays et le respect des spécificités nationales et régionales.
« Cette feuille arabe est un effort qui a commencé à Bruxelles, s'est poursuivi à la réunion de l'Union pour la Méditerranée à Amman, jusqu'à ce congrès, a-t-il dit. Nous espérons qu'on en tiendra compte de manière essentielle dans l'élaboration de la nouvelle PEV. » La feuille arabe, toujours selon M. Bassil, appelle à un « partenariat véritable ». Elle accorde une place prépondérante à l'aspect politique de ces relations de voisinage, étant donné les circonstances délicates que traverse la région et son besoin de stabilité. M. Bassil a également évoqué l'aspect culturel incontournable, « à travers lequel le fossé politique, sécuritaire et social peut être comblé ». Enfin, le ministre a souhaité « une politique de voisinage qui respecte les caractéristiques (des pays) et soit fondée sur les valeurs communes », tout en « reposant sur des procédures simplifiées et jouissant de moyens financiers à la hauteur de ses ambitions ».

Ce document avait été élaboré antérieurement et discuté, dans un premier temps, entre les participants arabes au congrès, lors d'une première session hier matin : les ministres palestinien, tunisien, algérien, égyptien, marocain et un représentant de la Jordanie s'étaient joints au ministre Bassil et au secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Arabi. La seconde session avait inclus les représentants européens : outre M. Hahn, le ministre letton des Affaires étrangères Edgar Rinkevics était présent, la Lettonie étant le pays qui assure la présidence de l'UE, et qui doit bientôt passer la main au Luxembourg, dont le ministre des AE, Jean Asselborn, avait également fait le déplacement.

Pour sa part, M. Hahn a accordé une grande place au dialogue entre les pays dans le cadre de l'élaboration de la nouvelle politique de voisinage. « Nous avons insisté, au cours de nos réunions et de nos discussions, sur les secteurs essentiels liés à l'économie, à l'énergie, à la sécurité, au pouvoir, a-t-il dit. Nous sommes soucieux de renforcer le dialogue autour de ces secteurs afin d'offrir le meilleur aux citoyens. » Il a évoqué notamment l'importance de créer des emplois pour les jeunes et de renforcer les échanges d'étudiants entre Nord et Sud, dans les deux directions, insistant au passage sur la formation professionnelle.
Le commissaire européen a souligné que l'élaboration de la nouvelle politique de voisinage sera finalisée en 2016, et que les discussions porteront entre autres sur la manière de rendre le système plus rapide et efficace.
M. Arabi a, de son côté, estimé que le vrai succès de la nouvelle PEV sera dans l'équilibre qu'elle assurera entre les pays des deux rives de la Méditerranée, afin que chacun d'entre eux puisse profiter pleinement de ce programme. Il a appelé lui aussi au respect des caractéristiques des pays du Sud.

Éducation et prospérité, contre le terrorisme
Il est évident que les crises régionales n'étaient pas absentes des mots prononcés ni des discussions, puisqu'elles ont un impact certain sur la collaboration internationale. La lutte contre le terrorisme et la crise des réfugiés étaient des thèmes récurrents, hier, au cours du congrès.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chucri, a évoqué les efforts fournis par son pays pour lutter contre l'extrémisme religieux, appelant par la même occasion à une mobilisation contre l'islamophobie en Occident, qui ne fait que jeter les jeunes dans les bras des extrémistes. M. Arabi a fait le lien entre prospérité économique et montée des extrémismes, étant donné que les courants violents font leur lit dans la misère et l'ignorance.
M. Hahn a évoqué les nombreux pays de la PEV qui sont actuellement en conflit ou qui subissent l'impact de crises régionales, les assurant du soutien continu de l'UE. Il a particulièrement déploré le conflit syrien, devenu une crise humanitaire désastreuse. Il n'a pas omis de parler du drame des migrants en Méditerranée et des mesures prises par l'UE. Le commissaire européen a enfin salué les progrès constatés dans certains pays, qui ont adopté de nouvelles Constitutions, ont tenu des élections libres... espérant que leur exemple sera suivi ailleurs.
M. Bassil a, en outre, estimé que la PEV peut fournir des moyens de faire face au terrorisme, soulignant que le Liban a récemment renforcé sa collaboration avec l'Union européenne dans ce domaine. Il a abordé le sujet des réfugiés syriens au Liban, « un pays qui accueille 200 réfugiés par kilomètre carré », un problème qui « menace l'équation même du Liban ». Il a appelé à « des solutions efficaces apportées par la communauté internationale ».
Au cours de la conférence de presse finale, M. Bassil a été interrogé sur la question du terrorisme. Il a affirmé que « celle-ci a été longuement discutée au cours des entretiens sur la politique de voisinage ». « Toutefois, au Liban, nous estimons que les pays arabes doivent assumer la responsabilité de ce combat », a-t-il dit. « L'UE et d'autres pays du monde devraient surtout éviter d'adopter des politiques qui exacerbent ce phénomène, a-t-il poursuivi. Nos efforts se concentrent sur la diffusion d'une compréhension globale du terrorisme. »
À la question de savoir si le document arabe comportait une mention portant sur une solution au problème des réfugiés, M. Bassil a précisé que ce document porte sur la situation dans tous les pays arabes qui ont participé à sa rédaction, et ne traite pas de sujets propres à chaque pays.

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Deux programmes pour 34 millions d'euros

Deux conventions de financement d'un montant total de 34 millions d'euros viennent d'être accordées au gouvernement libanais par l'Union européenne (UE). Elles portent sur deux programmes, l'un constituant un appui à la stabilité nationale, l'autre consacré à la protection des ressources maritimes.
La cérémonie de signature a eu lieu hier au Grand Sérail, en marge du congrès sur la politique de voisinage, et en présence du Premier ministre Tammam Salam : les conventions ont été signées par le commissaire chargé de la Politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, Johannes Hahn, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk et le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), Nabil el-Jisr.
Le programme sur la « construction de la stabilité nationale » bénéficiera d'un budget de 15 millions d'euros et aura pour objectif principal d'assurer une meilleure coordination et une cohésion entre les institutions sécuritaires.
Dix-neuf millions d'euros seront alloués à la « protection et au développement durable des ressources maritimes au Liban », prévoyant le traitement des déchets dans les zones côtières ainsi que des restes des déchets stockés depuis la marée noire de 2006, des mesures préparatoires à l'exploration gazière et pétrolière au large de la côte, et la récupération et la préservation de la biodiversité marine.

 

Reçus par Salam et Berry

Les participants au congrès sur la politique de voisinage hier à Beyrouth ont été reçus par des responsables libanais en marge de leurs activités. En matinée, c'est le Premier ministre Tammam Salam qui a reçu, au Grand Sérail, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, accompagné du secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Arabi et de plusieurs ministres arabes. L'après-midi, le président du Parlement Nabih Berry a accordé un entretien à Aïn el-Tiné au commissaire chargé de la Politique européenne de voisinage, Johannes Hahn, et à la délégation qui l'accompagnait. Il a ensuite reçu M. Bassil, M. Arabi et les ministres arabes et européens.


Face à face avec la société civile

Une session principalement consacrée à un dialogue entre le commissaire chargé de la Politique européenne de voisinage, Johannes Hahn, et des représentants de la société civile, du secteur privé, des universités et des syndicats, a été organisée à la suite du congrès sur la politique de voisinage européen hier, à Beyrouth. Un face-à-face franc, au cours duquel beaucoup d'idées ont été exprimées.
Nombre de remarques ont porté sur le fait que le financement de l'Union européenne (UE) est souvent lié aux réformes, mais il n'existe pas de sanctions en cas de violations. Des interventions ont porté sur l'appui à la société civile pour la lutte en faveur des droits de l'homme et de l'éducation, d'autres sur la nécessité d'assurer une aide durable à un problème de réfugiés appelé à durer. D'un point de vue économique, certains intervenants ont demandé un allègement des formalités et des conditions pour l'exportation des produits libanais vers les pays européens.
M. Hahn a, pour sa part, précisé que le budget alloué par l'UE aux acteurs de la société civile a augmenté de 20 % ces dernières années. Il a cependant fait remarquer qu'il n'est pas toujours évident d'être en contact avec la société civile, qui est plus ou moins largement marginalisée dans certains pays, le Liban faisant figure d'exception dans la région.

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