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Moyen Orient et Monde - Témoignage

Boko Haram : des Nigérianes mariées de force puis tuées pour rester « pures »...

Une pancarte de Boko Haram dans une ville nigériane du Nord-Est reprise par l’armée. Emmanuel Braun / Reuters

Des dizaines de Nigérianes mariées de force à des combattants islamistes de Boko Haram ont été exécutées par leurs « époux » avant la reprise par l'armée de la ville de Bama, dans le Nord-Est, ont rapporté hier des témoins.
Cinq témoins, interrogés par l'AFP, ont raconté comment des islamistes, fuyant l'avancée de l'armée qui a reconquis la ville de Bama, craignaient d'être tués ou séparés de leurs femmes. Ils les ont tuées pour éviter qu'elles ne se remarient à des non-musulmans ou des athées, selon ces sources. « Les terroristes ont dit ne pas vouloir que leurs femmes épousent des infidèles », a déclaré Sharifatu Bakura, 39 ans. Selon cette mère de trois enfants, dont le témoignage a été corroboré par d'autres, les combattants islamistes avaient été prévenus de l'assaut contre Bama, un de leurs fiefs dans l'État de Borno. Les insurgés ont alors décidé de fuir en direction de Gwoza, une localité proche, sans attendre l'arrivée des soldats. Mais, avant de fuir, ils ont « tué leurs femmes pour que personne ne puisse se remarier avec elles ». Mme Bakura a perdu son mari, tué par les islamistes il y a quatre mois, mais elle n'a pas été obligée d'« épouser » un combattant car elle était enceinte.

« Pures jusqu'au paradis »
Le groupe islamiste armé Boko Haram a forcé des dizaines de femmes de Bama à se « marier » avec des combattants après avoir conquis la ville en septembre 2014. Les témoins, placés sous la protection de militaires cette semaine dans la capitale de l'État de Borno, Maiduguri, ont précisé que le massacre des femmes avait commencé une dizaine de jours avant la reprise de Bama. Les islamistes ont déclaré que « s'ils tuaient leurs femmes, elles resteraient pures jusqu'à ce qu'ils se retrouvent au paradis », a ajouté un autre témoin, Salma Mahmud. Un membre d'une milice d'autodéfense qui a participé à la reprise de Bama, Abba Kassim, a déclaré y avoir vu « des dizaines de cadavres de femmes ». D'autres témoins ont cité des chiffres similaires mais il n'était pas possible de vérifier ce bilan dans l'immédiat.

Ordre du chef
Fanna Aisami, 52 ans, également réfugiée à Maiduguri après avoir fui Bama, a déclaré que les meurtres de femmes ont eu lieu après des ordres donnés en ce sens par un « chef » de Boko Haram. Ce « chef » a « informé ses hommes de la situation et des conséquences en cas de reconquête de la ville par les troupes gouvernementales. Il leur a dit qu'à leur arrivée, ils prendraient leurs femmes et qu'elles seront ensuite forcées de se marier et de vivre avec des infidèles », raconte une mère de sept enfants, jointe à Kano au téléphone. Leur chef a « dit qu'il serait préférable pour eux de tuer leurs femmes et de les envoyer au paradis », a ajouté Aisami. Plusieurs femmes ont ensuite été exécutées en face de la maison du chef, a-t-elle dit.
Confirmant ce récit, Yagana Mairambe, 58 ans, a ajouté cependant que « certains membres de Boko Haram avaient refusé » de tuer leurs femmes et s'étaient enfuis avec elles vers l'État voisin de Yobe. Le porte-parole du gouvernement pour les questions de sécurité, Mike Omeri, a déclaré à l'AFP ne pas pouvoir confirmer ces informations dans l'immédiat et les responsables militaires n'étaient pas joignables.
Boko Haram, dont le nombre de combattants est évalué à plusieurs milliers, subit une série de défaites dans le nord-est du Nigeria, alors que le gouvernement d'Abuja tente de rassurer les électeurs sur la tenue du scrutin présidentiel et législatif du 28 mars, initialement prévues le 14 février. Mais le groupe islamiste, qui vient de faire allégeance à l'organisation jihadiste État islamique (EI), multiplie les attentats sanglants dans les grandes villes du nord du Nigeria et les massacres de villageois dans les zones reculées, dans ce pays et parfois dans les États voisins.
Hier encore, des témoins ont affirmé que onze personnes ont été tuées au cours d'une attaque menée entre mercredi et hier par des centaines de combattants de Boko Haram contre la ville de Gamboru, dans le nord-est du Nigeria, à la suite du retrait des forces tchadiennes.

 

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