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À La Une - Liban

Disparition de Serge Hochar, militant indéfectible des vins du Liban

L'homme avait consacré sa vie à un combat : la renaissance du vignoble libanais et sa reconnaissance sur la scène internationale.

Serge Hochar, PDG de Château Musar, est décédé au Mexique le 31 décembre 2014, d'un accident en mer. Photo Greg Demarque / Guide Zawaq des vins du Liban

Serge Hochar, PDG de Château Musar, président de l'Institut de la vigne et du vin, et ancien patron de l'Union vinicole du Liban (UVL) est décédé le 31 décembre à 74 ans d'un accident en mer, alors qu'il était en vacances avec sa famille à Acapulco au Mexique.


Pour les vins du Liban, cette perte est immense. Car ce n'est pas seulement un producteur de vin que la profession perd aujourd'hui. Le nom de Serge Hochar est aussi indéfectiblement lié à un combat. Celui auquel cet homme a consacré sa vie : la renaissance du vignoble libanais et sa reconnaissance sur la scène internationale. « Serge Hochar est l'homme qui a lancé les vins du Liban dans le monde. Pour moi, c'était un maître », assure Zafer Chaoui, actuel président de l'UVL et PDG de Château Ksara.


Sur son blog, la grande chroniqueuse anglaise, Jancis Robinson rend également un hommage appuyé à ce maestro des vins libanais : « Serge était beaucoup plus qu'un simple vigneron ou la force vive derrière l'un des châteaux les plus réputés du Liban. C'était quelqu'un de très spirituel, qui était loin cependant d'être un ascète, un homme très positif en fait. Toujours très drôle, il donnait l'impression de comprendre en profondeur la nature humaine. J'ai toujours beaucoup aimé être en sa compagnie. Lorsque nos chemins se croisaient, nous parlions de beaucoup d'autres choses que du seul vin. »

 

(Voir aussi : Journée des vins du Liban à Berlin : succès de l'édition 2014)


Fondé en 1930, par le père de Serge Hochar, Château Musar va vite devenir l'une des plus belles success-stories du Liban au tournant des années 1980. Ce succès, Musar le doit à son PDG, Serge Hochar, qui a repris les rênes de cette cave, située à Ghazir, à la fin des années 1950. L'une des grandes intuitions de Serge Hochar est d'avoir compris l'importance des exportations pour les vins du Liban. Quand la guerre de 1975 éclate, Musar vend 75 % de sa production localement. Vingt ans plus tard, c'est l'exact opposé : la part des exportations est passée de 5 à 75 % entre 1975 et 1995.


Cette reconnaissance internationale démarre au Royaume-Uni, où Serge Hochar devient même en 1984 « The Man of the Year » pour le magazine spécialisé Decanter. Serge Hochar s'enorgueillissait encore récemment d'avoir été invité à faire découvrir ses vins devant un parterre de 250 professionnels en Afrique du Sud. « Vous rendez-vous compte ? Qu'ils m'invitent, moi ? », nous avait-il dit par téléphone, encore étonné de cette invitation.


Cette réputation, Serge Hochar la devait à la qualité de ses vins, qui ne laissaient jamais indifférents. Il avait d'ailleurs coutume de l'affirmer haut et fort : « Je ne fais pas du vin ; je fais de l'art. » Une manière, pour lui, de revendiquer cette part de magie, presque d'alchimie, qui intervient lorsque l'homme transforme les raisins vendangés en vin.


Serge Hochar se moquait de la mode ou de la doxa. Il faisait d'abord confiance à son instinct. On reconnaissait ses vins à leur nez souvent particulier, entre l'aigre et le doux, le chaud et le froid, la force et la faiblesse. Des vins dont la grandeur était précisément de jouer sur cet équilibre ténu au nez comme en bouche. Certains de ses grands amateurs n'hésitaient pas à dire qu'ils évoquaient les saveurs des grands finos de Xeres.


Sur le Web, le monde du vin est en deuil. Les hommages viennent de ses confrères libanais, parmi lesquels la jeune génération est en pointe comme Château Qanafar (Békaa Ouest) qui salue une légende qui s'en va.

 


(Nous avons perdu notre légende. Repose en paix Serge Hochar)


Les grands critiques internationaux, ceux-là même que Serge Hochar avait convaincus de venir « faire un tour » dans ce drôle de vignoble libanais au fur et à mesure de leurs rencontres, lui rendent aussi un émouvant hommage.

 



Serge Hochar était l'un de ces hommes « plus grand que la vie ». J'étais certain qu'il vivrait pour toujours. Son sourire le suggérait.


C'est peut-être cela que nos mémoires garderont de Serge Hochar : un sourire, une façon ludique et espiègle d'appréhender la vie comme si tout cela était aussi un merveilleux tour de passe-passe. « Tchin-Tchin » Monsieur Hochar.

 

Pour mémoire

À l'étranger comme au pays, l'industrie du vin libanais se porte bien

 

 

 

 

Serge Hochar, PDG de Château Musar, président de l'Institut de la vigne et du vin, et ancien patron de l'Union vinicole du Liban (UVL) est décédé le 31 décembre à 74 ans d'un accident en mer, alors qu'il était en vacances avec sa famille à Acapulco au Mexique.
Pour les vins du Liban, cette perte est immense. Car ce n'est pas seulement un producteur de vin que la profession perd...

commentaires (2)

Un drapeau en berne sur le Temple de Bacchus voilà ce qu' aurait mérité Serge Hochar !!! Allah yirhamak Rhitachou

Ado

17 h 51, le 02 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • Un drapeau en berne sur le Temple de Bacchus voilà ce qu' aurait mérité Serge Hochar !!! Allah yirhamak Rhitachou

    Ado

    17 h 51, le 02 janvier 2015

  • Monsieur Serge Hochar , le vin vous survivra au Liban ...grâce à vous...! ....sincères condoléances à la famille et aux proches.....même Bacchus est en deuil...

    M.V.

    15 h 10, le 02 janvier 2015

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