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Liban - TSL

Hamadé au juge Re : À bientôt, sauf s’il m’arrive quelque chose à Beyrouth...

La Syrie voulait transformer les institutions libanaises en marionnettes, selon le député du Chouf.

Le scénario « optimiste » de Rafic Hariri « devait s’écrouler avec la tentative d’assassinat » de Marwan Hamadé lui-même, début octobre 2004. Photo archives

Pour le quatrième jour consécutif, le député et ancien ministre Marwan Hamadé a poursuivi son décryptage du fil des événements et du climat politique qui a précédé l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri.
Devant la chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban, M. Hamadé a passé en revue hier la chronologie des développements survenus au lendemain de la prorogation du mandat du président Émile Lahoud, évoquant la mise en place de l'opposition plurielle qui devait prendre de plus en plus d'ampleur à partir de septembre 2004. Le député a ainsi évoqué la démission des ministres du bloc de la Rencontre démocratique de Walid Joumblatt du gouvernement de Rafic Hariri, après la prorogation « forcée » du mandat du président Lahoud. Ils seront rejoints par le ministre Farès Boueiz.

 

(Lire aussi : Assad à Rafic Hariri : « Je détruirai le Liban sur ta tête si... »)


En réponse à une question qui lui était posée par le représentant du bureau du procureur, Graeme Cameron, M. Hamadé explique que la démission a eu lieu comme convenu avec l'ancien Premier ministre, sur base de la répartition des rôles. Rafic Hariri devait ainsi accepter la prorogation du mandat du président et agir en fonction, alors que les ministres proches de Walid Joumblatt devaient démissionner, de manière à rester conséquents avec eux-mêmes surtout qu'ils avaient déjà exprimé leur refus du décret d'amendement de la Constitution pris en Conseil des ministres.
Selon Marwan Hamadé, l'opposition antisyrienne initiée sitôt après devait empêcher la dérive du régime parlementaire démocratique libanais vers un régime présidentiel dans lequel le président Lahoud, « l'homme de la Syrie », dit-il, étendrait son hégémonie sur l'ensemble des pouvoirs et sur le reste des institutions.
« La prorogation du mandat d'Émile Lahoud visait à étendre l'hégémonie syrienne sur les institutions en vue de les convertir en marionnettes aux mains du régime syrien, précise-t-il. À partir de cette période, nous avons commencé à qualifier la présence syrienne d'occupation. »

 

(Lire aussi : Hamadé : Hariri est sorti de la réunion avec Assad avec l'impression que les Libanais étaient des moins que rien aux yeux des Syriens)

 

Kornet Chehwane
Un véritable mouvement d'opposition au régime syrien – dont les prémices avaient déjà débuté – commence alors à se mettre en place et à s'organiser, notamment en vue de l'échéance des élections parlementaires. Le mouvement s'inscrivait également dans le cadre d'« une démarche réformiste », affirme M. Hamadé.
L'ancien ministre évoque alors le rôle de Kornet Chehwane et du Rassemblement du Bristol, deux instances mises en place dans l'objectif « d´élargir les assises de l'opposition à l'hégémonie syrienne ». L'idée était « de renflouer cette opposition de sorte à y inclure toutes les composantes (communautaires) du pays, y compris la communauté chiite », a encore précisé le témoin.
M. Hamadé a indiqué que cette période « qui peut être qualifiée de véritable renaissance de la démocratie libanaise (Nahda) est devenue le symbole de toute une période de lutte pour l'opposition antisyrienne jusqu'à l'assassinat de Rafic Hariri ». Il a relaté les différentes étapes du rapprochement entre la Rencontre démocratique et les différents groupes d'opposition à la Syrie au Liban, tels que Kornet Chehwane, un mouvement que rallieront par la suite des personnalités proches de Rafic Hariri. Et d'expliquer, en réponse à une autre question, comment les Syriens cherchaient à réduire l'influence de l'ancien Premier ministre en œuvrant à un découpage électoral à Beyrouth, où Rafic Hariri se présentait, sur base du « saucissonnage ». Ils lui imposaient en outre sur sa liste électorale des candidats proches du régime Assad que Rafic Hariri qualifiait de « sous-marins », dit-il.

 

(Lire aussi : Hamadé devant le TSL : « Les rêves de Rafic Hariri étaient incompatibles avec ceux des Syriens »)

 

Scénario optimiste
« Cette méthode n'a toutefois pas réussi en 2000 lorsque l'ancien Premier ministre a marqué une victoire éclatante. » Au même moment, Rafic Hariri cherchait à calmer la colère du régime syrien, que l'adoption de la 1559 avait irrité au plus haut point, dit encore M. Hamadé, en évoquant « les espoirs » formulés par l'ancien Premier ministre qui continuait d'œuvrer en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale. « Il croyait (à l'époque) qu'une stabilité gouvernementale pourrait lui servir de bouclier de protection (...) et pensait qu'un gouvernement regroupant toutes les parties en présence était susceptible, selon lui, de faire baisser la tension, a ajouté M. Hamadé. De toute évidence, il n'avait pas pris en considération les conseils de Walid Joumblatt de proroger, de rendre le tablier et de quitter le pays », dit-il, précisant que Rafic Hariri continuait de croire également que les Syriens n'objecteraient pas son retour à la tête de l'exécutif « surtout qu'il avait fini par accepter de proroger le mandat de Lahoud ».


C'est dans ce sens également qu'il faut comprendre le message écrit adressé à l'ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, et à Patrick Renault, le chef de la Délégation de l'Union européenne à l'époque, venus lui rendre visite à Koraytem, devant lesquels l'ancien Premier ministre a insisté sur la nécessité de calmer le jeu.
« Un scénario optimiste qui devait s'écrouler avec la tentative d'assassinat » de Marwan Hamadé lui-même, début octobre 2004.
Saisi d'un malaise, le représentant du procureur s'excuse devant la Cour de ne pas pouvoir poursuivre l'interrogatoire. Le juge Re lève alors la séance et remercie le témoin en lui rappelant que la reprise des audiences est prévue pour début décembre. Ce à quoi, M. Hamadé rétorque sur un ton mi-figue, mi-raisin : « À bientôt, sauf s'il m'arrive quelque chose à Beyrouth. »

 

Pour mémoire

Procès Hariri : Wissam el-Hassan avait démissionné de ses fonctions quelques jours avant l'assassinat

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Lire aussi
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Pour le quatrième jour consécutif, le député et ancien ministre Marwan Hamadé a poursuivi son décryptage du fil des événements et du climat politique qui a précédé l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri.Devant la chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban, M. Hamadé a passé en revue hier la chronologie des développements survenus au lendemain...

commentaires (5)

le député Marwan Hamadé a montré avec une clarté et une limpidité à toute épreuve la perfidie du régime syrien et de ses laquais au Liban. Ceux-ci en sont très irrités et très déroutés. Les affirmations de Mohammad Raad chez Lahoud qu'il "ne prend pas connaissance du TSL" n'en sont qu'une preuve flagrante.

Halim Abou Chacra

17 h 46, le 21 novembre 2014

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Commentaires (5)

  • le député Marwan Hamadé a montré avec une clarté et une limpidité à toute épreuve la perfidie du régime syrien et de ses laquais au Liban. Ceux-ci en sont très irrités et très déroutés. Les affirmations de Mohammad Raad chez Lahoud qu'il "ne prend pas connaissance du TSL" n'en sont qu'une preuve flagrante.

    Halim Abou Chacra

    17 h 46, le 21 novembre 2014

  • Bravo MR Hamade, pour votre courage pour votre merveilleux rapelle des faits votre justesse et surtout votre droiture !!! Merci encore une fois pour ce ke vous avez fait pour le liban !!

    Bery tus

    15 h 27, le 21 novembre 2014

  • MARWAN HAMADÉ : UN JOUEUR DU : QUITTE OU DOUBLE ! DU : FAITES VOS JEUX... RIEN NE VA PLUS ! UN KAMIKAZE DE LA LIBERTÉ ET DE LA DÉMOCRATIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 51, le 21 novembre 2014

  • c'est vrai qu'il n'y'a rien de plus dérangeant que les ricanements du bourreau.

    Lebinlon

    10 h 49, le 21 novembre 2014

  • Non mais c'est qu'il se prend pour Hariri pere ce nul de chez les nuls !!! rentre chez toi mec , tu n'as pas l'importance que tu t'accordes . Zouave !

    FRIK-A-FRAK

    10 h 09, le 21 novembre 2014

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