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Diaspora - Portrait

Pour la question kurde, une seule adresse : Edmond Gharib

Comment ce Libanais originaire de Aïta el-Fakhar est-il devenu la grande référence de la question kurde aux USA ?

Edmond Gharib dans les montagnes du Kurdistan.

C'est là le parcours d'Edmond Gharib, un Américain d'origine libanaise qui a approfondi le sujet de la communauté kurde bien avant que celui-ci ne devienne d'une actualité brûlante, tout récemment.
Edmond Gharib est l'auteur d'une grande « première » : c'est lui qui, en 1999, a introduit dans le cursus universitaire américain l'histoire et la culture kurdes. Également spécialiste des relations internationales, il enseigne cette matière à l'Université de Washington et à l'Université de Georgetown. On le retrouve continuellement animant des débats sur le Moyen-Orient et participant à des programmes politiques télévisés américains et européens.

La genèse de son intérêt pour la question kurde ? « C'est avec des amis kurdes à Beyrouth (où il a fait une partie de ses études à l'AUB) que je me suis familiarisé avec leur culture et leur devenir. J'ai voulu en savoir plus sur ce peuple marginalisé, et j'ai découvert son important potentiel et sa résistance pour la survie. J'en ai fait le sujet de ma thèse à la fin de mes études universitaires à l'Université de Georgetown. »

Un précurseur

Continuellement préoccupé par ce problème, en bon précurseur, l'expert en fait l'objet d'un livre publié en 1973 (Le Mouvement national kurde), qui n'a pas eu de résonance à l'époque car la question kurde était comme mise en veilleuse. Pour preuve, le secrétaire d'État en ce temps, Henry Kissinger, interrogé sur ce problème, avait dit : « C'est là un business de missionnaires. »

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En 1981, Edmond Gharib publie La question kurde en Irak. Son savoir est très grand dans ce domaine, ayant suivi de très près l'évolution nationale de ce peuple en Irak, en Turquie, en Syrie et en Iran. À ce moment aussi, l'existence de ce peuple se fait sentir à travers le monde. Cette fois, Kissinger l'a compris, lui aussi, puisque, dans deux de ses livres, il évoque le rôle des États-Unis et de l'Iran dans le mouvement kurde des années 70 en citant ses deux principales sources d'informations : un rapport secret du Congrès et Edmond Gharib. Ce dernier a enchaîné avec plus d'une dizaine de titres dont Le Dictionnaire historique de l'Irak (pays dont il a aussi fait sa spécialité), Double vision : portrait des Arabes dans les médias américains,La Guerre du Golfe et La Révolution de l'information dans le monde arabe.

Son père, un proche de Gebran Kh. Gebran

Il faut dire que Gharib est issu d'une famille férue d'histoire et de littérature. Son père, Andraos, devenu Andrew en émigrant aux States à l'âge de 14 ans, a fait partie du cercle rapproché de deux célèbres écrivains de l'émigration, Mikhaël Nehmé et Gebran Khalil Gebran qui lui avait donné la permission de traduire ses poèmes de l'anglais à l'arabe. Aujourd'hui, son fils ne s'est pas éloigné de cette lignée, ajoutant à son écurie un autre cheval de bataille, l'étude de l'essor de la presse de l'émigration.

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Comme souvent, qui se ressemble s'assemble. Edmond Gharib a épousé, en 1979, Chérine Khaddoury, fille de Magid Khaddoury, un éminent connaisseur irakien de l'histoire contemporaine de l'Irak et du Moyen-Orient, et aussi du système des lois dans l'islam. À son actif, la création à l'Université Johns Hopkins, dans les années 60, du Centre des hautes études sur le Moyen-Orient. Auparavant, il avait fait partie en tant que délégué irakien du comité qui, en 1943, avait rédigé la Charte des Nations unies. « Il m'avait précisé, raconte son gendre, que la majorité des membres de ce comité étaient des diplômés de l'Université américaine de Beyrouth. Charles Malek lui avait même demandé à être le rapporteur du volet des droits de l'homme, dont le comité était présidé par Eleonore Roosevelt. »

Chez les Gharib-Khaddoury, les valeurs ancestrales ont la vie dure, en ce sens qu'on les place toujours dans leur contexte actuel. Ainsi, Chérine, l'épouse d'Edmond Gharib, est la directrice adjointe du Festival du cinéma international, qui se déroule annuellement à Washington et auquel elle a donné un frère nommé « Arabian Sight ». Ce dernier événement présente chaque année les meilleurs films du Maghreb et du Machrek.

C'est là le parcours d'Edmond Gharib, un Américain d'origine libanaise qui a approfondi le sujet de la communauté kurde bien avant que celui-ci ne devienne d'une actualité brûlante, tout récemment.Edmond Gharib est l'auteur d'une grande « première » : c'est lui qui, en 1999, a introduit dans le cursus universitaire américain l'histoire et la culture kurdes. Également spécialiste...