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Liban - Réfugiés syriens

Derbas à « L’OLJ » : Les camps, une idée à l’état brut, dans l’attente d’un financement...

Le gouvernement Salam déterminé à construire des camps de réfugiés aux frontières et à refouler les nouveaux demandeurs d'asile.

Des réfugiés syriens au Liban dormant à même le trottoir...Photo archives

Ce n'est pas une, mais deux annonces qu'a faites ces dernières 48 heures le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas. D'une part, il a rendu publique, mercredi soir, la décision gouvernementale d'ériger des camps de réfugiés pilotes, à titre d'essai, aux frontières libano-syriennes, en territoire libanais. D'autre part, il a annoncé que le Liban, sans pour autant fermer ses frontières avec son voisin, a décidé de ne plus accueillir de demandeurs d'asile syriens, mis à part les cas humanitaires désespérés qui n'ont aucune autre alternative que le Liban. Aussitôt relayé par son confrère, le ministre du Travail, Sejaan Azzi. Car le pays du Cèdre, qui accueille un million deux cent mille réfugiés enregistrés par le HCR, « n'a pas la capacité d'accueillir davantage de réfugiés ».
Ces deux décisions découlent d'une seule et même raison : le Liban est au bord du gouffre et les autorités ont décidé d'agir pour éviter davantage de débordements sécuritaires et pour empêcher que la situation ne devienne hors de contrôle. « Les choses ont changé et nous devons agir », assure le ministre Rachid Derbas à L'Orient-Le Jour, après avoir dénoncé les agressions contre les réfugiés syriens.

 

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Des roulottes ou des maisons préfabriquées ?
La question reste de savoir comment les autorités envisagent de s'y prendre pour mettre ces deux décisions en application. « L'aménagement de camps est déjà à l'ordre du jour du gouvernement depuis le mois de mai », révèle M. Derbas, chargé par le Premier ministre Tammam Salam de préparer une feuille de route pour la mise en place de camps, en collaboration avec tous les ministères concernés, notamment les ministères du Travail, de l'Intérieur et des Affaires étrangères. « Nous pensons installer les camps-pilotes entre les deux postes-frontières de Masnaa et de Jdeidet Yabouss, en territoire libanais, mais aussi dans la région frontalière du Akkar », souligne-t-il. Le ministre précise à ce propos que « ces premiers essais serviront de test », l'objectif des autorités étant « de réduire les tensions internes, d'assurer aux réfugiés syriens des conditions de vie dignes, tout en les contrôlant mieux ».

 

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Soucieuces d'encourager les réfugiés à s'installer dans ces camps qui pourraient compter dans un premier temps entre 5 000 et 10 000 personnes, les autorités libanaises étudient la possibilité de les loger « dans des roulottes ou des maisons préfabriquées démontables, qu'ils pourraient éventuellement emporter avec eux, lorsqu'ils pourront rentrer en Syrie », observe le ministre.
Sauf que le financement pour un tel projet n'est toujours pas assuré, « l'idée étant encore à l'état brut ». « Nous envisageons de présenter le projet aux organisations internationales, aux pays donateurs et aux pays arabes, dans l'espoir qu'il soit financé », assure Rachid Derbas. Le ministre devrait également se réunir avec la représentante de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, (HCR), Ninette Kelley, afin de prendre le feu vert de l'organisation. Mais il reconnaît que « le HCR n'est pas en faveur de l'installation de camps de réfugiés aux frontières, jugée trop dangereuse », du moins pas pour l'instant.

 

(Lire aussi : Les réfugiés syriens personae non gratae dans des localités chiites de la Békaa et du Sud)


Justifier leur entrée au Liban
Commentant le refus libanais d'accueillir davantage de demandeurs d'asile, Rachid Derbas note que les Syriens qui se présentent aux postes-frontières doivent désormais « justifier leur entrée au Liban ». « Ils doivent déclarer les raisons de leur venue, qu'elles soient professionnelles, pour des raisons de santé ou autre », indique-t-il. Et d'ajouter : « Il n'y a plus de raison que les demandeurs d'asile viennent au Liban. » Il explique à ce propos que les villages syriens situés à proximité du Liban sont déjà vidés de leurs habitants. « Les habitants des régions syriennes affectées par les conflits sont plus proches des autres pays voisins de la Syrie, ils peuvent donc trouver refuge dans ces pays », fait-il remarquer.

 

(Lire aussi : À Bourj Hammoud, les Syriens « de première génération » dans l'expectative)


Mais que pense le HCR de ces deux décisions ? L'organisation se dit « prête à poursuivre sa collaboration » avec les autorités libanaises et à « étudier avec elles les emplacements envisagés » pour l'aménagement de camps de réfugiés. « Nous n'avons pas encore abordé le sujet avec les autorités libanaises, note la chargée de la communication au sein du HCR, Dana Sleiman. Mais sur base de notre expérience, nous estimons que l'aménagement de camps de réfugiés à la frontière risque de porter atteinte à la sécurité des réfugiés et à celle du pays d'accueil. » Outre les dangers liés aux catastrophes naturelles, l'organisation craindrait pour les incursions d'éléments armés.

Quant à la décision de refouler les demandeurs d'asile, le HCR se déclare prêt à œuvrer avec le ministère des Affaires sociales « pour s'assurer que les demandeurs d'asile n'ont pas d'autres solutions que de trouver refuge au Liban ». Il ne manque pas, toutefois, de saluer les efforts des autorités libanaises qui ont permis l'entrée des réfugiés syriens pour des raisons humanitaires. « Nous sommes conscients que le Liban est sous grande pression, et allons étudier avec les autorités les mesures qu'elles envisagent de prendre pour instaurer la sécurité à ses frontières », conclut Mme Sleiman.
Le plus dur reste à faire. À savoir, la mise en application rapide des deux décisions. Le gouvernement Salam relèvera-t-il le défi ?

 

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Ce n'est pas une, mais deux annonces qu'a faites ces dernières 48 heures le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas. D'une part, il a rendu publique, mercredi soir, la décision gouvernementale d'ériger des camps de réfugiés pilotes, à titre d'essai, aux frontières libano-syriennes, en territoire libanais. D'autre part, il a annoncé que le Liban, sans pour autant fermer ses...

commentaires (1)

C'est bizarre, quand même, de constater combien le HCR se soucie du bien-être et de la sécurité des réfugiés et les fait passer avant les nôtres. C'est franchement insultant!

NAUFAL SORAYA

08 h 20, le 12 septembre 2014

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Commentaires (1)

  • C'est bizarre, quand même, de constater combien le HCR se soucie du bien-être et de la sécurité des réfugiés et les fait passer avant les nôtres. C'est franchement insultant!

    NAUFAL SORAYA

    08 h 20, le 12 septembre 2014

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