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Nos Lecteurs ont la Parole - Nabil ANTAKI

I.- Lettre d’Alep : quitter ? Rester ?

Rester ou quitter, tel est le dilemme auquel font face, maintenant plus que jamais, les Syriens, Alépins surtout. Que faire ? Résister encore? Rester en dépit de tout ce qui se passe ? De tout ce que nous subissons depuis plus de trois ans ? Quelle est la solution? Quel sera l'avenir ? Mais d'abord, y en aura-t-il un ? Quitter définitivement le pays ? Aller vivre ailleurs son avenir et surtout celui de ses enfants ? Mais où ? Et comment ? Faire une croix sur son passé ? Laisser tout ce que l'on possède et repartir à zéro ? La litanie de ces questions, auxquelles aucune réponse n'est possible, est longue et elle nous obsède à longueur de journée. Les gens qui temporisaient, qui avaient laissé questions et réponses en suspens en attendant d'y voir plus clair, soit ils espéraient une solution prochaine à la crise ou tout simplement parce que le courage de partir leur manquait, quittent à présent toujours plus nombreux la Syrie, surtout les chrétiens, pour prendre le chemin de l'exil définitif vers un pays qu'ils n'ont pas choisi. « Peu importe où je vais, l'important c'est que j'y arrive et que j'y puisse vivre en paix. »
La patience des gens est à bout. Depuis trois ans que dure le conflit syrien (avec ses 192 000 tués, ses millions de déplacés et de réfugiés), ils ne voient nulle solution poindre à l'horizon. Et puis l'enchaînement des événements a fait perdre, même aux plus optimistes, leurs illusions. Tout d'abord le blocus de plusieurs semaines de la ville, suivi d'une coupure totale d'eau pendant plus de deux mois, le tout ponctué de pluies d'obus et de mortier qui continuent à faire leur moisson quotidienne de morts et de
blessés....
Mais le pire, c'est la peur qui vous prend aux tripes et qu'inspire cette bande de sauvages qui a pris possession de tout l'est de la Syrie et du nord de l'Irak pour y faire régner un État de droit islamique n'ayant rien à voir avec l'islam. C'est une bande composée en majorité d'étrangers, avec lesquels nos compatriotes musulmans ne s'identifient guère, qui égorgent, décapitent (et pas seulement des journalistes américains), crucifient jusqu'à ce que mort s'ensuive, lapident les femmes soi-disant adultères, flagellent pour punir (les fumeurs, par exemple), enterrent des personnes vivantes, vendent les femmes comme esclaves... La liste de leurs actes de barbarie et de cruauté est trop longue pour être reproduite dans son intégralité dans cette lettre.
Mais c'est surtout le sort réservé aux chrétiens de Mossoul et de Qaraqosh ainsi qu'à d'autres « minorités » religieuses (irakiennes, pourtant, au même titre que les musulmans, comme les yazidis par exemple) qui a été l'événement-catastrophe. C'est cela qui a motivé la décision des Syriens de quitter le pays. Placés devant le choix de se convertir ou mourir, ou alors de fuir, des centaines de milliers de gens ont pris la route de l'exode, quittant la terre de leurs ancêtres, leurs racines, leur histoire, et sont partis sans rien pouvoir emporter, pas même leur alliance, ni un peu d'argent, chassés puis exterminés comme le furent en 1915 les Arméniens des mains des Ottomans, lors du premier génocide du XXe siècle.
C'est ainsi qu'Alep s'est elle aussi dépeuplée de ses chrétiens. Il n'en resterait plus guère que la moitié (selon les optimistes) ou même le tiers. Il y a trois ans, ce sont les gens aisés et les élites (médecins, hommes d'affaires, universitaires...) qui avaient quitté, dans l'attente de jours meilleurs, avant que le provisoire ne devienne définitif. Depuis peu, c'est tout le monde qui veut partir : classes moyennes, jeunes, moins jeunes, pauvres, personnes sans ressources... tous se bousculent au portillon.
Et nous, que pouvons-nous dire, qu'avons-nous à dire à tous ces candidats à l'exil ? Devons-nous les y encourager ou les en dissuader ?
Que pouvons-nous dire à ces 3 jeunes couples en partance pour le Liban et devant s'inscrire au bureau des Nations unies pour les réfugiés pour obtenir un visa d'immigration, qui étaient venus il y a une semaine nous faire leurs adieux ? Trois ans sans travail, c'est dur pour de jeunes foyers à qui tout souriait quand ils s'étaient embarqués dans la vie professionnelle et conjugale, il y a quelques années.
Que pouvons-nous répondre aux plus démunies des familles que nous aidons matériellement et qui n'en peuvent plus d'habiter le quartier pauvre de Midane, cible quotidienne des obus des rebelles? À celles qui ont vu leurs voisins tués ou blessés et qui ont peur pour elles-mêmes et pour leurs enfants ? « Nous voulons partir, aidez-nous à accomplir nos formalités, nous avons des cousins, des frères en Amérique latine, qui pourront nous obtenir un visa. »
Que conseiller, que dire à ces personnes qui n'en peuvent plus d'attendre que « les événements » se terminent, qui n'arrivent plus à supporter les privations d'eau, d'électricité, de denrées, de médicaments, d'argent ; ou les obus, ou les souffrances ; qui ne veulent plus voir leurs enfants grandir sans rien connaître d'autre que la guerre et qui aspirent, enfin, à un avenir sûr, stable, paisible?
Que répondre à ce médecin révolté par la lâcheté des Occidentaux ? « Les dirigeants occidentaux ont qualifié la décapitation du journaliste américain d'acte barbare. Il faut leur rappeler que ces sauvages qui commettent des actes de barbarie chez nous sont ceux-là mêmes qui ont été encouragés, financés et protégés par eux et leurs alliés, au prétexte d'amener au peuple syrien démocratie et liberté ! Dans le cadre d'un plan du nom très romantique de « printemps arabe », qui avait succédé aux formulations précédentes de « chaos constructif » et de « nouveau Moyen-Orient » . Ces sauvages, appelés par les Occidentaux rebelles ou encore combattants de la liberté quand ils commettaient leurs crimes en Syrie, ne sont devenus barbares et terroristes que quand certains de leurs effectifs sont passés en Irak ?
(À suivre)

Nabil ANTAKI
pour les Maristes Bleus

Rester ou quitter, tel est le dilemme auquel font face, maintenant plus que jamais, les Syriens, Alépins surtout. Que faire ? Résister encore? Rester en dépit de tout ce qui se passe ? De tout ce que nous subissons depuis plus de trois ans ? Quelle est la solution? Quel sera l'avenir ? Mais d'abord, y en aura-t-il un ? Quitter définitivement le pays ? Aller vivre ailleurs son avenir et...
commentaires (1)

Le pire, c'est la peur qu’inspirent ces sauvages qui ont possédé toute la Syrie depuis 45 ans pour y faire régner leur Despotisme ! En majorité des noussaïrîs, avec lesquels les Sunnites ne s'identifient guère, qui flagellent et enterrent des vivants Cf. leur guerre au Liban ! La liste de leurs actes de cruauté est trop longue. Mais c'est le sort réservé aux Sunnites qui a motivé la décision des Syriens de quitter par millions le pays. Placés devant le choix de la Boucler, mourir, ou fuir, des millions ont pris la route de l'exode, quittant la terre de leurs ancêtres ! Et que dire à ces personnes qui n'en peuvent plus d'attendre ; comme les Libanais bien avant eux et pour 15 longues années, eux, alors que cette sœur-syrie barbotait dans la bääSSyrienne paix ; que les événements se terminent, qui n'arrivent plus à supporter les privations d'eau, d'électricité, de denrées, de médicaments, d'argent ? Que répondre à ces Libanais révoltés par la lâcheté des bääSSyriens à l’époque de la "guerre libanaise" ? Il faut leur rappeler que ces sauvages bääSSyriens qui ont commis des actes de barbarie au Liban aussi sont ceux-là mêmes qui ont été protégés, au prétexte d'amener au peuple syrien la Paix sur Golan dans le cadre du « plan Kissinger ». Ces sauvages, appelés par les Occidentaux « anti-jihadistes-terroristes » quand ils commettent leurs crimes en Syrie, ne sont devenus barbares que quand ils « menaçaient! » Äsraël avec leurs armes chimiques !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

20 h 11, le 04 septembre 2014

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Commentaires (1)

  • Le pire, c'est la peur qu’inspirent ces sauvages qui ont possédé toute la Syrie depuis 45 ans pour y faire régner leur Despotisme ! En majorité des noussaïrîs, avec lesquels les Sunnites ne s'identifient guère, qui flagellent et enterrent des vivants Cf. leur guerre au Liban ! La liste de leurs actes de cruauté est trop longue. Mais c'est le sort réservé aux Sunnites qui a motivé la décision des Syriens de quitter par millions le pays. Placés devant le choix de la Boucler, mourir, ou fuir, des millions ont pris la route de l'exode, quittant la terre de leurs ancêtres ! Et que dire à ces personnes qui n'en peuvent plus d'attendre ; comme les Libanais bien avant eux et pour 15 longues années, eux, alors que cette sœur-syrie barbotait dans la bääSSyrienne paix ; que les événements se terminent, qui n'arrivent plus à supporter les privations d'eau, d'électricité, de denrées, de médicaments, d'argent ? Que répondre à ces Libanais révoltés par la lâcheté des bääSSyriens à l’époque de la "guerre libanaise" ? Il faut leur rappeler que ces sauvages bääSSyriens qui ont commis des actes de barbarie au Liban aussi sont ceux-là mêmes qui ont été protégés, au prétexte d'amener au peuple syrien la Paix sur Golan dans le cadre du « plan Kissinger ». Ces sauvages, appelés par les Occidentaux « anti-jihadistes-terroristes » quand ils commettent leurs crimes en Syrie, ne sont devenus barbares que quand ils « menaçaient! » Äsraël avec leurs armes chimiques !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    20 h 11, le 04 septembre 2014

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