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Culture - Festival de Byblos

Stromae, un talent qui saute... au visage

Pour les 7 000 spectateurs conquis par Stromae, la sensation belge était, comme les BD de son pays natal, à savourer de 7 à 77 ans.

Un dégingandé pétri de talents. Photo Press

Il est vrai que le public était, ce soir-là, grandement métissé, question génération. Des enfants de sept ans accompagnés de leurs parents trentenaires. Des ados attendus à la sortie par leurs aînés, lesquels ont assisté de loin, du port de Byblos, attablés dans les restaurants surplombant la mer. Une bonne tranche de public adulte, francophone pour la plupart, qui connaît trois ou quatre chansons de ce véritable phénomène qu'est Stromae, mais a répondu présent pour les hits Alors on danse, Formidable, Papaoutai. Et les fans, les 18-28 ans, debout devant la scène depuis l'ouverture des portes à 19h. Le vent était également de la partie, heureusement, apportant une touche de fraîcheur dans l'humidité ambiante, tempérant la chaleur aoûtienne, mais aussi humaine des 7 000 festivaliers impatients et heureux d'avoir pu dégoter des places assises pour un événement « sold out » depuis plusieurs semaines déjà. Quant aux places debout, le guichet a été fermé deux jours avant le concert.


Il est 21h10, la scène s'anime finalement de quelques pulsations électro. Quatre musiciens en chapeau melon produisent des ombres chinoises sur l'écran blanc du fond de scène. Sur ce dernier, une silhouette de jeu vidéo tombe dans un gouffre, tournoie et atterrit sur ses pieds. Se profile alors une ombre longiligne. Stromaeoutai ? Eh bien il est là. Mais il est aussi partout sur scène. Se déplaçant à toute vitesse, chantant, dansant, sautillant, faisant le zouave, l'ivrogne, la poupée, la victime... Il enchaîne les titres à un rythme effréné. Pas un laps de temps mort, pas un instant plat. Et c'est là la véritable réussite de cet artiste complet. Avoir tenu la scène pendant 110 minutes. En introduisant quelques incartades, juste ce qu'il faut pour ne pas casser l'ambiance. En performer aguerri et caméléon, il se transforme comme il change de tenue et de ton. En bermuda et pull (eh oui, on a eu chaud pour lui) il demande : « Libanais, Libanaises, ça va ? La famille, les amis ? Byblos, ça va ? » En « tuxedo » et nœud papillon il milite pour les frites et leur appellation « Belgian fries » au lieu des « French fries ». En veste bigarrée il ressort son côté féminin et se déhanche comme une féline sur Tous les mêmes. Puis, après une vanne à deux sous (il le reconnaît lui-même) sur le hommos de Byblos vs un morceau de musique sans boum boum qui serait comme Venise sans gondole, il apostrophe le public sur le ton d'un général face à une armée piquée par des mouches tsé-tsé. « Et toi, tu es encore assis, allez tous debout ! »


Look preppy ou dandy, rétro ou glam, le maestro balance sa grande dégaine et ses mots (maux ?) forts. Ses coups de gueule, surtout. Contre le cancer (Quand c'est ?), la misogynie (Tous les mêmes), les MST (Moules frites), l'alcoolisme (Formidable), le racisme (Bâtard), les pères absents (Papaoutai)...
Des délires en paroles sur des musiques de dance floor. Des incursions de beats africaines, de tango, de sodade, de je-ne-sais-quoi encore qui fait de sa musique un cocktail énergisant et adhésif (aux tympans).
Des chansons entraînantes et à haute valeur additive, donc, sur un fond d'écran qui se déchaîne entre motifs rétro (assortis à ses cardigans papier peint), formes géométriques, coucher de soleil cap verdien, armée façon Orson Wells.


« Est-ce le V de la victoire ou le V de la violence ? » demande Paul. Oui, Paul Van Haver de son nom, plus connu sous le pseudo de Stromae, melting-pot belgo-rwandais, victorieux en musique, maître de ses mises en scène perfectionnistes.
Concluant un show mené gambettes battantes, l'infatigable revient pour le bis qui se fera a cappella, les musiciens et le chanteur reprenant en chœur Moules frites et Tous les mêmes. Une baisse de tension un brin décevante pour les survoltés qui auraient souhaité une finale plus délirante. Plus stromaeinne, quoi.

 

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