On avait la vague impression, ces dernières semaines, que le patriarche maronite s'était laissé embarquer dans une sorte de combat souterrain contre les promoteurs de la vacance présidentielle, lesquels n'ont poussé en avant pour y faire face qu'un second couteau du CPL, le député Ziad Assouad, de Jezzine.
À coups d'observations à caractère populiste et de paquets de surenchère chrétienne, ce dernier a quasiment occupé à lui seul l'arène politique pendant quarante-huit heures, ciblant, un jour, le mufti de Tripoli et l'autre, le chef de l'Église maronite. Mais, au final, il ne faisait que ressortir pleinement le mutisme de ses collègues boycotteurs d'élection, pourtant tous pris à partie par le patriarche, implicitement il est vrai.
De cet aparté quelque peu réducteur pour une personnalité de son rang, Mgr Béchara Raï est brusquement sorti hier, Bkerké revenant au-devant de la scène avec notamment le soutien clair apporté à sa démarche au sujet de l'échéance présidentielle par le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora.
Venu à la tête d'une importante délégation de son bloc, M. Siniora n'y est pas allé par quatre chemins : l'élection présidentielle reste la priorité des priorités, a-t-il martelé, et le Futur est tout sauf hostile à un président qui serait en mesure d'être « un dénominateur commun » entre tous les protagonistes politiques.
De tels propos rejoignent clairement la position du patriarche qui s'était prononcé une fois de plus il y a quelques jours en faveur d'un chef d'État qui ne serait issu d'aucun des deux grands camps politiques en présence. On sait par ailleurs que le chef du PSP, Walid Joumblatt, est très proche, lui aussi, de cette conception et que le président de la Chambre, Nabih Berry, n'en est pas très éloigné non plus.
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Pour autant, la boucle serait-elle déjà bouclée entre ces quatre acteurs essentiels, couvrant le spectre communautaire libanais, que sont les haririens, les joumblattistes, les berrystes et le patriarche maronite ? Il est encore tôt pour le dire, d'autant que de nombreux paramètres continuent d'entraver la formation d'un tel noyau dur qui faciliterait beaucoup l'avènement d'un président de la République. L'engagement du Hezbollah en faveur de la candidature non déclarée du général Michel Aoun n'est pas le moindre de ces paramètres.
D'autre part, si le candidat officiel du 14 Mars, Samir Geagea, a déjà fait savoir à plusieurs reprises que son camp et lui-même étaient prêts à des alternatives à sa candidature, il reste à fixer la limite de ce que M. Geagea peut considérer comme une alternative acceptable, sachant qu'il a mis plusieurs fois l'accent sur la primauté du programme sur la personne du candidat.
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D'autres éléments ont également contribué à réorienter les projecteurs en direction de Bkerké. Parmi ces éléments, la visite hier au siège patriarcal du nouvel ambassadeur d'Iran, Mohammad Fateh Ali, la première depuis son arrivée à Beyrouth. Certes, il s'agit d'une visite protocolaire, mais on sait quel rôle peut jouer Téhéran dans le dossier présidentiel libanais, dans un sens ou dans l'autre.
Un autre élément est représenté par l'irritation grandissante, dans les milieux occidentaux, à l'égard de l'incapacité des leaderships politiques chrétiens libanais à produire un minimum d'accord entre eux sur un ou deux candidats présidentiels. Cela tend à renforcer, aux yeux des capitales concernées, le rôle de Bkerké dans ce domaine.
Enfin, le patriarche Raï lui-même, nonobstant les grincements du député aouniste de Jezzine, a poursuivi hier sa campagne ascendante contre les boycotteurs, les accusant de « violer la Constitution » et de « décapiter l'État ».
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Sur les autres dossiers internes, l'actualité a été dominée hier par le « retour à la case départ » du problème de la grille des salaires des fonctionnaires du public, quelques heures à peine après la réunion tenue jeudi soir par le ministre des Finances et proche collaborateur de M. Berry, Ali Hassan Khalil, son collègue de la Santé, Waël Abou Faour, et M. Siniora. Les premiers résultats de cette réunion avaient pourtant été annoncés sur un ton optimiste, mais les déclarations respectives des protagonistes montraient hier qu'on n'y est toujours pas.
Cependant, c'est bien entendu la dramatique actualité régionale qui continuait, hier, de faire de l'ombre sur tout le reste : l'échec de la trêve à Gaza, bien sûr, mais aussi et surtout la prise de position du roi d'Arabie saoudite appelant à la mobilisation de tous contre les « traîtres » extrémistes de l'État islamique (ex-Daech).
Ce n'est certes pas la première fois que le royaume s'en prend à cette mouvance, mais l'intervention du roi Abdallah, hier, la première du genre depuis le coup de force survenu en Irak, et qui a été saluée par le chef du courant du Futur, Saad Hariri, ne manquera pas d'avoir d'importantes retombées sur l'ensemble de la région, et en particulier sur les sunnites.
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commentaires (5)
Message au Patriarche Rai:Croyez-moi, votre Eminence, nous ne voulons pas un President parceque nous avons peur que les prerogatives des chretiens s'erodent. A mon avis, permettez-moi de le dire tout haut: ceci est le moindre de nos soucis. Nous voulons un President qui soit capable de dire a tous: "Assez, basta, ca suffit comme ca. Il est temps de remettre de l'ordre dans les ecuries. Il est temps que le pays redevienne un pays pour TOUS. Il est temps de cesser les dilapidations des biens publics. Il est temps que l'Etat agisse en Etat et non comme une bande quarante voleurs.Seul un President capable serait a meme de parler ainsi.Mais, reussirons-nous a le trouver??????
George Sabat
18 h 52, le 02 août 2014