Rechercher
Rechercher

Liban - Liban

Pour sortir de l’impasse, Hariri y va carrément par quatre chemins

Le chef du Futur se déchaîne contre le rôle régional du Hezbollah, affiche sa détermination à une présidentielle avant toute chose et refuse une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre, mais aussi un quelconque décompte communautaire qui dynamiterait Taëf.

L'ancien Premier ministre Saad Hariri. Archives Dalati et Nohra

Si certains affirmaient que le discours tenu hier par l'ancien Premier ministre Saad Hariri allait faire office d'une véritable « percée politique », comparable à celle qui avait précédé la formation du gouvernement Salam, quand son courant avait finalement accepté que ses ministres siègent aux côtés de ceux du Hezbollah, la feuille de route présentée hier soir par le chef du Futur n'a aucunement témoigné d'une ouverture en direction du Courant patriotique libre et du Hezbollah. Pourtant, plusieurs éléments nouveaux se dégagent de cette allocution retransmise en direct à partir de la résidence de Saad Hariri à Djeddah, en Arabie saoudite, à plusieurs iftars organisés par le courant du Futur à Beyrouth et dans d'autres régions libanaises.


D'abord, l'attachement de Saad Hariri à mettre fin à la vacance présidentielle, « priorité avant toute autre mission nationale ». Une élection présidentielle qui serait suivie, selon Hariri, par la formation d'un nouveau cabinet à l'image du gouvernement actuel, et qui se chargerait d'organiser des élections parlementaires. Ensuite, un refus total de toute forme de prorogation du mandat parlementaire ou d'élections législatives précédant la présidentielle, « parce que les élections législatives sans un président de la République signifient que le gouvernement sera considéré comme démissionnaire, et il sera impossible de former un nouveau gouvernement ». « Qui pourra mener alors les consultations parlementaires et qui va signer le décret constituant le gouvernement en l'absence du président de la République ? » s'est interrogé Saad Hariri, assimilant cette éventualité à un « scénario d'effondrement total de l'État que certaines parties souhaitent ».

 

« Une véritable menace... »
Indiquant sur ce plan que son parti entamera des négociations « avec ses alliés et avec toutes les autres forces politiques libanaises » pour mettre fin à la vacance présidentielle, Saad Hariri a également réitéré son attachement à l'accord de Taëf et à la parité. « Que les Libanais s'habituent à l'absence de président et à l'absence de son image, de son rôle et de sa responsabilité constitue une véritable menace à la présidence. C'est une mise à l'écart inacceptable de cette symbolique que constitue l'unique président chrétien dans l'Orient islamique et arabe. C'est aussi poignarder les fondements de la formule sur laquelle le Liban a été créé et à travers laquelle les Libanais ont convenu que le débat sur la présidence aurait lieu exclusivement entre les dirigeants, experts et personnes compétentes au sein de la communauté maronite. De là est venue notre ouverture envers les leaders politiques et spirituels chrétiens, pour éviter de tomber dans le vide et tenter de rechercher des dénominateurs communs qui aideraient le pays à relever les défis. »
Et d'ajouter : « Le Liban est plus important que nous tous. Toute tentative visant à porter atteinte à la formule d'entente nationale et à l'accord de Taëf est un saut dans l'inconnu qui ne fera que rendre plus difficile la réalité politique actuelle. Nous n'avons de veto sur personne, nous participons à toutes les sessions parlementaires et nous sécuriserons le quorum quel que soit le résultat. Nous sommes un facteur d'aide pour l'élection du président, et non pas le facteur déterminant, ce dernier étant le consensus entre les chrétiens, et nous l'accepterons sans aucune réserve. Cependant, nous ne pouvons plus nous contenter de regarder l'obstruction permanente du quorum sous prétexte d'absence d'un consensus chrétien. Cela menace les bases de l'existence du Liban, donc les bases de la présence des chrétiens et des musulmans au Liban, donc aussi les bases de l'existence de l'État du Liban. Nous allons entamer des consultations avec nos alliés du 14 Mars et un dialogue avec les différentes forces politiques en dehors du 14 Mars afin de trouver un moyen de mettre fin à la vacance présidentielle dès que possible, pour être en mesure de poursuivre les étapes constitutionnelles ultérieures, de l'élection d'un Parlement à la formation d'un gouvernement et au rétablissement d'un fonctionnement normal de l'État et de ses institutions. Garder la présidence en otage en pariant sur des changements externes met en danger la formule de participation nationale et les règles de parité consacrées par l'accord de Taëf, qui est la base de notre perception du Liban, fondée sur le rejet du recensement sectaire et confessionnel au profit de la coexistence et du partenariat indépendamment du nombre, des majorités ou des minorités. »

 

« Personne ne peut sauver Assad... »
Enfin, l'ancien Premier ministre a fixé l'élaboration d'un plan d'urgence officiel pour faire face à la crise des réfugiés syriens au Liban et le retrait du Hezbollah de la guerre syrienne comme priorités dans sa feuille de route, appelant à l'élaboration d'un plan national pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, et soulignant que la réponse au terrorisme est une responsabilité nationale, et non pas celle d'une partie ou d'une communauté particulière. « Ce serait une bonne chose pour le Hezbollah que de faire partie d'un projet national libanais dirigé par l'État pour faire face au terrorisme, a-t-il noté. Mais que le Hezbollah fasse partie d'un triangle dirigé par l'Iran, qui comprend l'État d'al-Maliki en Irak et l'État d'Assad en Syrie, est un lourd fardeau pour le Liban et la sécurité du peuple libanais. La dernière expression de ce fardeau a été l'échange de services sécuritaires et militaires entre le Hezbollah et l'armée du régime syrien, au détriment de la souveraineté libanaise et de la sécurité des Libanais, et nous assistons quotidiennement au bombardement aérien syrien des territoires libanais sous le prétexte de soutenir les combats du Hezbollah dans les zones frontalières. »


Et de conclure : « Pendant deux ans, nous avons demandé et exigé le retrait du Hezbollah de Syrie. Malheureusement, le Hezbollah a estimé qu'il pouvait sauver le régime d'Assad, mais la vérité est que personne ne peut sauver le régime d'Assad. Notre position découle du fait que la participation du Hezbollah dans cette guerre est un projet fou qui attire la même folie sur nos terres et, malheureusement, nous l'observons concrètement au quotidien à travers le terrorisme, les attentats-suicides, la peur, la paralysie économique et la crise sociale. »

 

Lire aussi

Grincements entre le courant du Futur et Berry

Les débordements du rôle du Hezbollah remis sur le tapis

 

Si certains affirmaient que le discours tenu hier par l'ancien Premier ministre Saad Hariri allait faire office d'une véritable « percée politique », comparable à celle qui avait précédé la formation du gouvernement Salam, quand son courant avait finalement accepté que ses ministres siègent aux côtés de ceux du Hezbollah, la feuille de route présentée hier soir par le chef du...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut