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Liban - Présidentielle syrienne

« Nous apportons notre appui à Bachar à partir du Liban ; c’est du pareil au même, les deux pays ne font qu’un »

Un trafic insensé vers 20h00 bloquait la route de Damas, comme la veille, jusqu’à l’ambassade de Syrie. Photo Yehya Hamdan

Au deuxième jour de la présidentielle syrienne au Liban, au siège de l'ambassade à Yarzé, le calme prévaut plus que la veille, même si le flot des électeurs syriens reste, quant à lui, non négligeable. Les forces de l'ordre, armée et Forces de sécurité intérieure (FSI), sont présentes de manière imposante dans les environs de l'ambassade syrienne, et font subir aux votants syriens comme aux passants une régulation très stricte de leur passage. Avec une certaine nervosité, les militaires empêchent les voitures de se garer ne serait-ce qu'à plusieurs mètres de la route menant à l'ambassade. Les piétons, eux, sont répartis sur deux files indiennes, l'une pour les hommes et l'autre pour les femmes.

 

(Lire aussi : Les Syriens votent à Yarzé : le chaos diminue, mais les rumeurs sur les pressions du Hezbollah continuent de circuler)


À l'entrée de la rue menant vers l'ambassade, un point de contrôle de l'armée. Et à l'intérieur, des mesures encore plus strictes mises en place : du côté des hommes, de loin plus nombreux que les femmes (qui circulent plus tranquillement), de nombreux militaires encerclent les électeurs (par centaines) regroupés, curieusement, par carrés de plusieurs dizaines, et obligés de rester accroupis. C'est apparemment pour mieux pouvoir les surveiller, mais le spectacle est assez insolite. Arrivés près de la grande porte noire de l'ambassade, ils sont acheminés en file indienne vers le lieu du déroulement du scrutin où ils rentrent un à un ou deux par deux. Selon un témoignage recueilli sur place, ces mesures ont permis d'éviter le chaos observé la veille, quand des nombres comparables de personnes se ruaient d'un seul coup vers l'ambassade.
Recueillir des témoignages de Syriens dans le voisinage de l'ambassade relève d'une véritable gageure tant les mesures militaires sont strictes, et tant les électeurs refusent pour la plupart de s'exprimer. Les témoignages que nous avons quand même recueillis, sous le couvert de l'anonymat, vont quasiment tous dans le même sens.

 

(Pour mémoire : Vote ou provocation ? L'insulte faite au citoyen libanais)


Deux réfugiées, habitant l'une à Bourj Hammoud et l'autre à Zahlé, nous indiquent qu'il est « naturel » pour elles de venir voter, même si l'issue de l'élection est connue d'avance. « Nous venons tous voter pour (le président syrien) Bachar el-Assad, nous faisons cela pour notre pays, nous voulons rentrer chez nous », disent-elles. Croient-elles que voter pour le même homme les aiderait à rentrer? « Bien sûr, voter pour lui est notre garantie de retour, répondent-elles. Il est le seul à pouvoir nous assurer la stabilité. » Elles soulignent toutefois que la destruction de leurs maisons en Syrie les empêchent de concevoir un retour imminent.
Une autre femme, originaire de Hassaké en Syrie, arrive tout juste de la Békaa où elle habite actuellement. Elle est venue avec toute sa famille voter pour Bachar el-Assad, une famille qui est déplacée depuis trois ans, depuis le déclenchement des évenements en Syrie. « Nous venons voter pour le président, il ne nous a jamais fait de mal », dit-elle. La maison familiale est intacte en Syrie, mais cette famille ne semble pas pressée de rentrer. « Nous allons le faire à l'avenir, mais, pour le moment, nous travaillons ici dans l'agriculture, dit-elle. Et le président Bachar, nous le soutenons par nos votes. »


Si la plupart des personnes interrogées disent vouloir rentrer au pays, l'un des témoignages sonne comme un discours qu'on croyait révolu. Un groupe d'hommes trentenaires disent venir voter pour Bachar el-Assad, qu'ils « défendraient avec leur sang ». Aura-t-il besoin de leur sacrifice plus qu'aujourd'hui ? Pourquoi ne le soutiennent-ils pas en Syrie ? « Nous lui apportons notre appui à partir d'ici, c'est du pareil au même, les deux pays ne font qu'un », répondent-ils presque en chœur. Seul l'un d'eux lance : « Nous rentrerons quand il en aura fini avec les rebelles. » Sur notre insistance concernant les raisons qui les empêcheraient de rentrer chez eux quand ils ne semblent pas y être en danger, ils réitèrent : « Nous travaillons ici pour le moment. Ici, c'est comme chez nous, nous faisons partie d'une même nation. Là-bas, ce sont nos frères, et ici aussi. »

 

(Lire aussi : Berlin opposé aux camps de réfugiés syriens aux frontières, car celles-ci « ne sont pas sûres »)


La majorité des personnes interrogées démentent les informations sur de quelconques pressions exercées sur les votants et relayées par certains médias. « Qui pourrait nous obliger à venir voter si nous ne le voulons pas ? » s'interroge une femme. La réponse succincte que donne un vieil homme, soutenant sa femme âgée, est bien plus éloquente. « Je n'ai qu'un mot à vous dire, nous voulons assurer notre billet de retour », dit-il.

Au moins deux des personnes interrogées disent ne pas être des réfugiées mais qu'elles viennent de débarquer de Syrie où elles résident. Une femme, en compagnie de son mari et de ses enfants, précise qu'elle est « en congé au Liban ». « Mais c'est le moment de voter et c'est notre devoir national », dit-elle. Un homme se dit fonctionnaire à Damas, ayant pris un congé pour rester avec sa famille au Liban, sa femme étant libanaise. « Je ne viens pas simplement voter mais montrer mon appartenance à mon pays, à la Syrie », dit-il. Il ajoute que la situation « est acceptable à Damas ». « Chacun devrait rentrer dans son pays et y rester, pour le rebâtir », dit-il, un regard sur les nombreux électeurs qui l'entourent.

 

(Présidentielle syrienne au Liban : les images)


Des réfugiés vivant dans une grande précarité, il y en avait également hier, dans le voisinage de l'ambassade. Trois très jeunes hommes, à peine sortis de l'adolescence, disent « avoir eu d'énormes difficultés à faire le déplacement pour voter ». Originaires de Hassaké et vivant, avec leurs familles (ou sans nouvelles de leurs proches), dans des tentes à Kfarsalloum pour les uns, à l'intérieur du camp de Chatila pour les autres, ils assurent qu'ils sont venus voter pour Bachar el-Assad parce qu'ils veulent que la Syrie retrouve son calme. « Nous voulons rentrer chez nous, nous sommes très fatigués ici », disent-ils. Ce qui retarde leur retour, selon eux, c'est la destruction de leurs maisons et l'absence de moyens de subsistance dans leur région d'origine. « Ici, le peuple nous accepte très difficilement, racontent-ils. On nous insulte régulièrement, nous faisant assumer tous les malheurs du pays. Il nous est très difficile de travailler. Et nous ne profitons d'aucune aide. Quant aux nouvelles du pays, nous n'en avons que par les bulletins télévisés. »

 

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Au deuxième jour de la présidentielle syrienne au Liban, au siège de l'ambassade à Yarzé, le calme prévaut plus que la veille, même si le flot des électeurs syriens reste, quant à lui, non négligeable. Les forces de l'ordre, armée et Forces de sécurité intérieure (FSI), sont présentes de manière imposante dans les environs de l'ambassade syrienne, et font subir aux votants syriens...

commentaires (4)

j'espère qu'aucun libanais ne croit ces paroles et surtout cette conviction de réfugiés syriens : " ... les deux pays ne font qu’un " Pourquoi ne vont ils pas dans les régions contrôlées par le régime de Bachar le petit Hitler ? Simplement, qu'ils soient en Syrie ou au Liban, ils sont encadrés par le Hezbollah qui leur font scandé les slogans cités dans cet article. J'ajouterai que la trésorerie du Hezbollah a du encore souffrir !!! Faut pas s'en faire : les ayatollah ou Poutine rembourserons ... Il ne faut se faire aucune illusion : le Liban est vraiment pris en otage !!! et par des mercenaires libanais qui prétendent être la Résistance ... Quelle blague mortelle. Le Hezbollah est le protecteur d'Israël et fait en sorte qu'Israël vive tranquille dans ses frontières. du Tartufe ... Tous les membres du Hezbollah, les habitants de la région sud, les partisans fanatiques sont des serviteurs des ayatollah ... Il suffit de constater la pagaille qu'ils sèment dans l'élection présidentielle, accompagné par par Michel Aoun qui ira bientôt prié à Teheran .... Quel gâchis

FAKHOURI

19 h 12, le 30 mai 2014

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Commentaires (4)

  • j'espère qu'aucun libanais ne croit ces paroles et surtout cette conviction de réfugiés syriens : " ... les deux pays ne font qu’un " Pourquoi ne vont ils pas dans les régions contrôlées par le régime de Bachar le petit Hitler ? Simplement, qu'ils soient en Syrie ou au Liban, ils sont encadrés par le Hezbollah qui leur font scandé les slogans cités dans cet article. J'ajouterai que la trésorerie du Hezbollah a du encore souffrir !!! Faut pas s'en faire : les ayatollah ou Poutine rembourserons ... Il ne faut se faire aucune illusion : le Liban est vraiment pris en otage !!! et par des mercenaires libanais qui prétendent être la Résistance ... Quelle blague mortelle. Le Hezbollah est le protecteur d'Israël et fait en sorte qu'Israël vive tranquille dans ses frontières. du Tartufe ... Tous les membres du Hezbollah, les habitants de la région sud, les partisans fanatiques sont des serviteurs des ayatollah ... Il suffit de constater la pagaille qu'ils sèment dans l'élection présidentielle, accompagné par par Michel Aoun qui ira bientôt prié à Teheran .... Quel gâchis

    FAKHOURI

    19 h 12, le 30 mai 2014

  • J'aurais jamais immaginé que les Syrien aiment autant, à ce point leur dirigeant en chef et leur patrie. Bravo!

    Ali Farhat

    18 h 42, le 30 mai 2014

  • You will never walk alone ! vaillant peuple syrien résistant au complot . La libération est proche et on ne retiendra que les actes de bravoure qui ont fait des martyrs qui ne mourront pas pour rien , NON, JAMAIS !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 05, le 30 mai 2014

  • Si votre maison est intacte, rentrez chez vous bordel ! Et non, les deux pays n'en font pas qu'un, c'est le régime nazi de Damas et le Hezbollah soumis aux mollahs qui font un. N'insultez pas le Liban, ne le confondez pas avec les mercenaires.

    Robert Malek

    02 h 33, le 30 mai 2014

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