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Liban - Sciences

Le Liban, « à des années-lumière d’un programme spatial » ?

Le Liban se maintient à l'écart de la course aux étoiles avec un développement timide de sa filiale spatiale. Pourtant, les initiatives ne manquent pas, en présence d'experts en astrophysique. La volonté non plus.

La recherche liée à l’espace extra-atmosphérique se limite au « Remotesensing » et consiste à utiliser des satellites étrangers pour étudier les caractéristiques du territoire libanais. Photo BCFC/bigstock

Alors que la Syrie a récemment annoncé le lancement de sa première agence spatiale, au Liban, un programme de recherche dans ce domaine n'est pas près de voir le jour. Jusqu'en 1964, les tentatives de conquête de l'espace par une poignée d'étudiants de l'Université de Haigazian (qui ont inspiré par la suite le film Lebanese Rocket Society) avaient suscité l'intérêt et le soutien de l'armée. Mais, depuis, aucun programme concret n'a été mené en termes de technologie extra-atmosphérique.


Aujourd'hui, au centre de recherche et d'études stratégiques de l'armée, la recherche scientifique est un enjeu crucial mais celle-ci exclut de fait le développement de technologies visant à explorer l'espace. « Nous n'y voyons pas une priorité en termes de défense. De plus, mettre en place un pôle de recherche astrophysique et aéronautique demande des moyens financiers conséquents que nous n'avons pas », explique son directeur, le général de brigade Khaled Hamadé. « Nous sommes à un million d'années-lumière de développer un programme spatial », ajoute le lieutenant-colonel Rami al-Ayoubi.


Dans la région, seuls deux pays disposent d'une agence spatiale à proprement parler, ayant un lanceur et la capacité d'envoyer un satellite au-delà de l'atmosphère. L'Iran a lancé la sienne en 2004 et affirme avoir envoyé à ce jour des animaux dans l'espace dans le but d'y dépêcher des astronautes a posteriori. Elle disposerait d'un budget de 139 millions de dollars. Créée dans les années 80, l'agence israélienne se voit, elle, allouer un budget annuel d'environ 6 millions de dollars et utilise officiellement la recherche à des fins militaires, telles que la mise en orbite de satellites espions. Ainsi, pour qu'un centre de recherche devienne une agence spatiale, un soutien financier de l'État est nécessaire, ce qui n'est pas le cas au Liban.


Et pourtant, le pays est bel et bien membre du Comité des Nations unies pour l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique (UNCOPUOS), une branche onusienne destinée à encourager la recherche spatiale, aéronautique et astrophysique à des fins non militaires. Une adhésion qui traduit la volonté d'un petit groupe d'universitaires de remettre à flot cette branche scientifique, dont la recherche a été sinon bloquée, du moins ralentie par la guerre. « Nous sommes une poignée d'astrophysiciens à être revenus au Liban afin de développer l'astronomie à différents niveaux, que ce soit à l'université, dans les clubs d'amateurs ou au sein d'organismes scientifiques », explique Roger Hajjar, professeur d'astrophysique à l'Université Notre-Dame de Louaizé (NDU) et président du Lebanese Astronomy Group.

 

Un projet d'observatoire en montagne
Pour l'instant, la recherche liée à l'espace extra-atmosphérique correspond principalement à ce qu'on nomme le « Remotesensing » ou « télédétection » en français. Développée par le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), elle consiste à utiliser des satellites étrangers pour étudier les caractéristiques du territoire libanais. En d'autres termes, il s'agit de comprendre les phénomènes terrestres à partir de la recherche spatiale. « Depuis quelques années, nous essayons de faire l'inverse : observer l'espace depuis la terre. Pour cela a été créé, il y a quatre ans, un master d'astrophysique commun entre la NDU et l'USJ, et nous nous sommes dotés d'un observatoire au sein du campus, équipé scientifiquement », précise le chercheur. Un autre projet d'observatoire, en montagne cette fois, est actuellement en cours.


Le but est à présent de redynamiser la filiale. « Nous observons des objets qui sont de plus en plus loin. Il faut développer ces technologies pour acquérir une véritable expertise dans le secteur de l'astronomie. » Si l'idée d'un programme spatial libanais à venir semble invraisemblable à Roger Hajjar, le développement d'une expertise locale pourrait permettre au pays de jouer un rôle significatif au sein d'un programme régional par exemple. Un projet qui se fraye un chemin, notamment aux Émirats arabes unis depuis 2008, où tente de se mettre en place une Agence spatiale panarabe (PASA), analogue à l'Agence spatiale européenne.


« Un programme spatial complet et indépendant est trop coûteux pour être supporté par l'économie libanaise », affirme le chercheur. Mais l'intérêt de longue date de certains libanais pour l'espace n'est pas passé inaperçu à l'étranger. Deux d'entre eux se trouvent d'ailleurs à la tête de départements de la NASA : Charles Elachi est directeur du Jet Propulsion Laboratory, qui conçoit et supervise les vols non habités de l'agence spatiale américaine, et Georges Hélou est directeur de l'observatoire Herschel.

 

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