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Liban - Bénévolat

Bouchée par bouchée, Little Helps fait sourire les enfants pauvres de la Békaa

Little Helps, une association de mères bénévoles, œuvre depuis fin mars à cuire environ 3 000 maamouls par jour.

De g. à d., Candice Lorfing, Tina Jarrous, Sandra Dagher et Noha Jarrous très concentrées sur les maamouls qui prennent forme dans leurs mains.

Que ce soit chez elles, chez leurs amies qui se portent volontaires, ou plus récemment, dans les cuisines industrielles de l'Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), leur but est d'achever une levée de fonds pour les enfants défavorisés de la Békaa, libanais comme déplacés syriens.

Ce matin à Souk el-Tayyeb, elles vendront pour la dernière fois leurs maamouls, coutume traditionnelle de Pâques au Liban. La tâche faite, « c'est alors que commencera le véritable travail de Little Helps (petites aides, en anglais), affirme Sandra Dagher, rassembler les habits et les provisions, pour les redistribuer à Zahlé ».

Dès 9h lundi matin de cette semaine, Sandra et sa sœur jumelle Candice Lorfing ont retrouvé Tina Jarrous et sa mère Noha dans les cuisines de l'USEK. Des coups d'œil se jettent au passage à cette vue tout de même inattendue, et certains bravent de s'y aventurer avec curiosité. Youssef, un professeur de nutrition, prête sa main à la confection pendant une demi-heure, avant d'aller donner son cours.

C'est en écoutant du Daft Punk depuis l'iPhone de Tina – qui quand elle n'a pas les dix doigts dans la pâte à maamoul est présentatrice les matins sur MTV – que les quatre femmes se sont mises à la tâche du jour : préparer soixante boîtes, soit 3 000 morceaux : 1 180 aux dates, et 590 chacune aux amandes, aux noix et aux pistaches – et ceux-là ne feront qu'assurer les commandes passées à l'avance !

Elles ont fait de même chaque jour cette semaine, avant de s'occuper de l'empaquetage vendredi. À chaque coup, les femmes de Little Helps ont épuisé leur stock. À Souk el-Tayyeb à la fin de la semaine dernière, ça ne leur a pris que cinq heures pour vendre les 140 boîtes qu'elles y ont amenées. À 25 000 LL la boîte de 500g, soit 50 maamouls assortis au pif, Little Helps espère petit à petit toucher sa cible de 10 000 dollars.

Selon Tina Jarrous, le groupe estime même dépasser son objectif initial, « parce qu'on produit bien plus qu'on avait anticipé, vu la demande croissante chaque semaine », a-t-elle dit.
Elles ne s'attendaient tout de même pas au succès qui leur est tombé dessus du jour au lendemain. « Sur Instagram, quelqu'un a demandé il y a quelques semaines où se trouvait le meilleur maamoul du Liban, et quelqu'un a laissé un commentaire en disant que c'était le nôtre ! » a confié Candice, que ses amies appelle familièrement Cookie. Illico, les commandes se sont multipliées.

Absentes étaient Rosie Choueiry et Paula Skaff, mais ensemble, ce groupe de jeunes femmes, toutes mères, toutes diplômées et toutes gourmets – avec bien sûr Noha, la mère de Tina, véritable experte du groupe en maamoul – se font un plaisir fou à s'approprier le cliché des femmes cuisinières en en faisant un business charitable.

Une affaire de famille
« À l'époque, explique Noha, les dames se mettaient en groupes et allaient de cuisine en cuisine, aidant à tour de rôle chaque femme à faire les maamouls pour sa famille. »
Leur projet revient à unir les passions partagées des membres de Little Helps : la cuisine et l'altruisme. Sportives, gourmandes, fanas de santé avec un sens de l'humour pointu, à vrai dire, ces femmes ont presque tout en commun. « Il n'y a pas de non-dit entre nous », affirme Tina. Leurs enfants sont amis, elles sortent veiller au centre-ville ensemble, et certaines d'entre elles se connaissent depuis qu'elles étaient étudiantes à la LAU.

Mais au cours du projet, elles ont aussi partagé un même dilemme. « Depuis qu'on fait des maamouls à ce rythme, il a été un peu difficile de trouver l'équilibre entre le projet, les enfants, leurs écoles... », affirme Sandra, qui a passé des journées entières dans la cuisine allant de neuf heures à minuit. « Les maris aussi, ajoute sa sœur Candice, 90 % des gens qui achètent le produit croient que nous avons des employés. »
« En plus, on se retrouve deux nuits par semaine pour parler de tout ce qui est question d'opération », reprend Sandra.
Mais ce n'est pas pour autant que ce n'est pas un projet de famille, selon Tina, qui précise en riant : « Mon mari m'encourage et me soutient. Il n'a pas le choix, de toute façon. Pour les enfants, c'est lui qui ira les chercher après les cours. Mais ils sont fiers de nous après tout. »

Bien qu'aujourd'hui marquera leur dernier jour de vente pour leurs maamouls devenus célèbres, l'expérience a marqué les femmes de Little Helps, et elles envisagent déjà des projets pour cet été.
En tout cas, ce sera une nouvelle coutume dans leurs familles. « Préparez-vous pour l'année prochaine mesdemoiselles ! » conclut Noha.


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