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Liban - Liban

«Atayeb Zaman»: des réfugiées syriennes cuisinent pour oublier l’exil

Depuis cinq mois, « Atayeb Zaman » réunit des refugiées syriennes autour des fourneaux pour les aider à dépasser et à oublier la misère de l'exil et l'horreur de la guerre.

Ibtissam présentant fièrement son plat de kebbet raheb, spécialité de Jisr el-Choughour.

Il est midi. Dans la petite cuisine du restaurant Tawlet à Mar Mikhaïl, huit femmes s'activent pour finir de dresser le buffet au plus vite : dans moins d'une heure, leurs premiers clients seront là. Dans le brouhaha régnant des ustensiles de cuisine qui se heurtent, on entend Ghada chantonner des airs de Feyrouz en dressant son plat de « kebbet banadoura », pendant qu'Ibtissam explique la recette de « kebbet raheb », une spécialité de sa ville de Jisr el-Choughour. Chacune y met du sien et finalise, avec un brin de passion et de fierté, le plat qui représentera sa région.


Charifa, Zaynab, Hala, Ghada, Amina, Marlène, Ibtissam et Hoda, toutes cuisinières amatrices, viennent des quatre coins de la Syrie et du Liban et s'unissent, pour la plupart, dans les calamités de l'exil. Le projet qui les réunit, « Atayeb Zaman » ou « Les délices d'antan », a été lancé il y a cinq mois par Souk el-Tayyeb et Caritas, avec le support du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. « La cuisine, c'est tout ce que ces femmes rapportent avec elles de leur pays, explique Kamal Mouzawak, propriétaire de Tawlet. Elles viennent de régions différentes et ce projet leur permet de se recréer une identité nationale autour de la cuisine et de perpétuer les traditions culinaires de leurs régions. »

 

 


Vingt-cinq femmes, dont vingt refugiées syriennes et cinq Libanaises, ont été sélectionnées par Caritas pour participer à un programme d'entraînement de trois mois portant sur la cuisine, l'hygiène, la finance, l'établissement des prix, la confiance en soi et les compétences de vente. Depuis, elles vendent leurs plats chaque samedi à Souk el-Tayyeb. Elles ont aussi participé à l'exposition Afkart, assuré les buffets de quatre événements, préparé deux déjeuners au restaurant Tawlet et en prévoient un troisième le 16 janvier.
Pour ces femmes qui ont quasiment tout perdu en quittant leur pays, « Atayeb Zaman » est une lueur d'espoir qui atténue leurs misères en leur ouvrant de nouveaux horizons.


Charifa Arroub vient de Hama, en Syrie. Elle a adhéré au projet afin d'améliorer ses compétences culinaires. « Mon mari et mon fils aiment manger! Ici, j'ai appris de nouvelles recettes libanaises et syriennes », raconte-t-elle. « J'ai rencontré de nouvelles personnes et je me suis fait de nouvelles amies. On s'est entraidé, on s'est aimé. Nous formons un groupe soudé. Dieu soit loué, on gagne également un peu d'argent pour aider nos familles », poursuit Charifa. « Notre situation est très difficile, ajoute-t-elle, l'air accablé. Notre moral était au plus bas. Il est bon de savoir qu'on a un rôle à jouer dans l'exil », s'exclame-t-elle.

 

« Cette initiative a changé ma vie »
« Initialement, en m'inscrivant dans ce projet, mon but était de gagner de l'argent pour faire vivre ma famille », confie pour sa part Marlène Youkhana, mère de trois enfants et originaire de Hassaké, en Syrie. « Mais cette initiative a changé ma vie. En Syrie, je n'avais aucune vie sociale, mes activités se limitaient au nettoyage, à la cuisine, à l'entretien de la maison, aux enfants et à mon mari. Aujourd'hui plus rien n'est pareil ! Je sors, j'ai rencontré des gens et je ne suis pratiquement jamais à la maison ! », poursuit-elle. « J'avais honte de dire que j'étais une femme au foyer, mais maintenant j'ai appris que je pouvais aider la société avec ce que je savais faire. Qui sait ? Peut-être qu'un jour je pourrais faire de la cuisine mon métier », lance-t-elle, un sourire fier aux lèvres.


Pour des raisons d'organisation, le projet devait inclure des Libanaises, « mais cette limitation a été très enrichissante. Les échanges entre les Libanaises et les Syriennes ont permis de briser les barrières qui séparent ces femmes de différentes cultures », affirme Jihane Chahla, responsable du projet.
« Ce sont des femmes très aimables et, malgré leur situation dramatique, elles sont très amusantes. Nous avons tissé des liens assez forts avec elles », indique Zaynab Najdi, du Liban-Sud.


« Notre priorité est de développer ce projet. Nous projetons d'agrandir le groupe de participantes. Le but reste de permettre à ces femmes de devenir autonomes », indique Jihane. « Aujourd'hui elles sont soutenues par Caritas et Souk el-Tayyeb, et leurs activités sont financées par le HCR mais il faut qu'elles puissent continuer le projet sans nous, pour éventuellement instaurer leur propre service de restauration », insiste-t-elle.
Cette initiative commence à se faire connaître dans les milieux beyrouthins, au point que l'ambassadrice de Suisse, Ruth Flint, est venue goûter les délices concoctées par ces dames : « Il y a un raffinement exceptionnel dans la cuisine syrienne. C'est une initiative fabuleuse. Tout est bon et ça fait plaisir de soutenir ces femmes », a lancé la diplomate.

 

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Il est midi. Dans la petite cuisine du restaurant Tawlet à Mar Mikhaïl, huit femmes s'activent pour finir de dresser le buffet au plus vite : dans moins d'une heure, leurs premiers clients seront là. Dans le brouhaha régnant des ustensiles de cuisine qui se heurtent, on entend Ghada chantonner des airs de Feyrouz en dressant son plat de « kebbet banadoura », pendant qu'Ibtissam explique...

commentaires (2)

Il faudrait surtout obliger aSSmâh des Louboutins à venir juste vider les poubelles et faire la vaisselle.... à la main !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 44, le 31 décembre 2013

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Commentaires (2)

  • Il faudrait surtout obliger aSSmâh des Louboutins à venir juste vider les poubelles et faire la vaisselle.... à la main !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 44, le 31 décembre 2013

  • Franchement Gentil et Mézwiïk, Monsieur Kamal Mouzawak.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 40, le 31 décembre 2013

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