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Liban - Vendredi saint

« Le Christ résume en lui toutes les souffrances humaines »

À Kaslik, l'abbé Tannous Nehmé remercie Sleiman « pour tout le bien qu'il a fait au Liban »

Un grand nombre de responsables politiques se sont retrouvés autour du président Sleiman à Kaslik pour la messe du vendredi saint. Photo Dalati et Nohra

En Jésus, c'est toute la souffrance humaine qui est résumée, c'est l'expérience de toutes les générations humaines qui se sont attristées et ont souffert, qui s'incarnent. Et cette expérience de solitude et de rachat vaut aussi bien pour les individus que pour les sociétés. Tel est en substance le message que le supérieur général de l'ordre libanais maronite, l'abbé Tannous Nehmé, a cherché à faire passer lors du rite de l'enterrement du Christ célébré hier, partout au Liban et particulièrement à l'Université de Kaslik, en présence du chef de l'État, Michel Sleiman, comme de tradition, et d'une pléiade de personnalités politiques de tous bords, ainsi que du commandant de l'armée, le général Jean Kahwagi. Le nonce apostolique Gabriele Caccia a concélébré le rite avec l'abbé Nehmé.

Sans oublier de saluer le chef de l'État « pour tout le bien qu'il a fait au Liban » et de réclamer que les affaires libanaises « soient abordées dans un esprit positif, loin des plaintes et des accusations mutuelles », le père Tannous Nehmé a voulu répondre, à la profondeur voulue, et non de façon conventionnelle, à la lassitude que tout Libanais ressent, face à une crise interne qui semble interminable.
Revêtu des habits liturgiques traditionnels durant la semaine de la Passion, le père Nehmé a affirmé que « depuis que le monde existe, toutes les générations font l'expérience des guerres, des famines, des exodes, des conflits, des fléaux, des problèmes humains, des faillites matérielles ou morales, des conflits sociaux, des pertes matérielles et morales ».

Chaque homme et tous les hommes
« Dans les souffrances du vendredi saint, c'est l'histoire de tous les hommes et de chaque homme que l'on retrouve, pour peu que l'on accepte de regarder la vie en face, a enchaîné en substance le père Nehmé. Et même si l'on passe sa vie à se fuir, la souffrance finit par nous rejoindre et par entrer sans frapper. Toute douleur nous introduit dans celle de l'agonie du Christ au jardin des Oliviers, puis sur la croix ».
« Cette souffrance, a-t-il repris, nous prive de la joie de vivre, nous isole des autres, au point que tout secours humain finit par manquer ; et combien de fois ne nous tenons-nous pas avec la solitude pour seul compagnon, alors que nous sommes entourés de monde ? Combien de fois ne nous sentons-nous pas abandonnés des hommes et de Dieu ? »

(Lire aussi : Pèlerins et Palestiniens chrétiens commémorent la passion du Christ à Jérusalem)

Une lecture complète
« Ce sentiment d'abandon doit nous inciter à lire nos souffrances dans celles du Christ, à condition que cette lecture soit complète, qu'elle ne s'arrête pas au premier verset du Psaume 22 à travers lequel le Christ pousse son cri d'angoisse : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?", mais qu'elle aille jusqu'au bout du Psaume où il est dit "Ils loueront Dieu ceux qui le cherchent". Il ne faut donc pas se laisser paralyser par la tristesse, la souffrance et la solitude », a insisté l'abbé Tannous Nehmé. Dans les épreuves, l'homme doit « garder les yeux fixés sur son histoire personnelle et l'histoire en général. Tout est dans le regard que l'on jette sur l'existence. Nous avons le choix entre nous laisser noyer par le chagrin ou élargir notre regard à une histoire dont Dieu est le Seigneur ».
« Et ce n'est pas fuir la réalité, a-t-il poursuivi. Car le véritable réalisme consiste à avouer que l'on est incapable de comprendre l'énigme de la souffrance, sans tenir compte de l'histoire des rapports entre Dieu et les hommes. » Et le père Nehmé de citer le pape François affirmant que « notre tristesse infinie ne peut être guérie que par l'amour infini » (La Joie de l'Évangile, 265).
« Le grand risque du monde d'aujourd'hui (...) est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installée et avare, de la recherche maladive des plaisirs superficiels, de la conscience isolée », a encore dit l'abbé citant le pape.

La vie nationale
Le « paradoxe créatif » de la vie jaillissant de la souffrance s'applique aussi, pour le père Tannous Nehmé, à notre vie nationale. « Quand nous nous tournons vers le Liban, vers le Machrek, vers notre monde, nous comprenons que nous ne pouvons échapper à la tristesse, à l'anxiété, au découragement dont Jésus a fait l'expérience sur la croix, et que la seule issue pour un croyant est de s'attacher fermement au bien, à l'ouverture sur toute personne, à répandre l'amour, le bien et la bonté partout où nous nous trouvons, sachant que c'est la seule voie vers la vie et la résurrection (...) Voilà ce que nous souhaitons pour le Liban et le monde entier. Nous ne craignons pas pour le Liban, car c'est la patrie de la foi et des saints. Croyons en lui et abordons ses affaires dans un esprit positif, fuyant résolument les plaintes et les accusations mutuelles. »
Puis s'adressant au chef de l'État : « Je vous remercie pour tout le bien que vous avez fait au Liban et à sa société (...) vous qui avez servi cette patrie d'abord dans l'armée, ensuite en assumant l'énorme responsabilité qui fut la vôtre, déployant toute votre énergie au cours de votre mandat pour maintenir le cap. »

À Bkerké
Pour sa part, le patriarche Raï a célébré le rite de l'enterrement du Crucifié dans la grande église de la cour extérieure du siège patriarcal de Bkerké, assisté de ses vicaires, et en présence du patriarche émérite Nasrallah Sfeir.
Dans son homélie, consacrée aux « sept paroles du Christ en croix », le patriarche a plaidé en faveur de « la culture de la paix et du pardon ».
Sensible à la situation du Liban et de la région, le patriarche a affirmé : « Nous citons dans nos prières, associées aux souffrances et à la mort vivifiantes du Christ, tous les malades et ceux qui souffrent dans leur corps, leur âme ou leur esprit, que ce soit à cause d'une maladie, de la guerre, de l'oppression, de la violence ou du terrorisme, qu'ils soient en situation d'exode, chassés de chez eux, pris en otages ou séquestrés, ou qu'ils vivent dans la peur, le tourment ou le désespoir, qu'ils soient pauvres ou toxicomanes et dépendants, ou victimes et agressés. Leur cri de souffrance atteint le cœur de Dieu. »

Le métropolite Audi
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, a célébré le rite traditionnel du vendredi saint, commémoré cette année à la même date par les catholiques et les orthodoxes, en la cathédrale Saint-Georges, place de l'Étoile.
Notons que la « sainte flamme », qui apparaît chaque année sur la tombe du Christ, durant le samedi saint, sera transportée ce soir à Beyrouth et acheminée vers la cathédrale.


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commentaires (3)

Grâce aux seuls Laïcs Sain(t)s, ce patelin redeviendra le pays du talent et de l’entregent ! Entité auparavant presque arrivée, il repartira de ses propres ailes. Dans ses échappées belles, il repense aux démangeaisons de ses 20 ans, rêvant à nouveau de Laïcité pour cette belle contrée qui l’entoure et toutes ces choses-là. La rupture mûrit dans son esprit, ce qui n'est pas Rien dans cette contrée qui prône si volontiers les sectarismes en tous genres. Un jour, ce Chéri passera à l'acte, cédant au "démon" Laïc de midi. Balancera son con fort sectaire, enfin tout ce qui compose la vie d’un pays + ou - réussi archaïquement parlant, et partira avec ces Sain(t)s parsemer cette Laïcité au hasard des vallées crevassées de ce Mont-libanais(h). La Laïcité c'est une admirable technique. Il s'agit d'aider les faibles, mais vraiment très faibles, à se libérer d’un Sectarisme très fort ! Ces cent fleurettes, comme disait l’autre…. Mau-Mau, ces microscopiques provoquent une infusion dans les villes ou les campagnes mortes, et raniment même un zkâk ; tous sectaires. Voilà ! On est loin du développement sectaire à l’aveuglette. C'est parce que ce Liban a la tête pleine d'humanité en ces temps sectaires, qu’on pense à lui de temps en temps : un Grand qui intervient pour sauver ; n’en déplaise aux sectaires de tout poil ; des vies Laïques et Saines dans une situation si Malsaine et si sectaire.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 46, le 22 avril 2014

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Commentaires (3)

  • Grâce aux seuls Laïcs Sain(t)s, ce patelin redeviendra le pays du talent et de l’entregent ! Entité auparavant presque arrivée, il repartira de ses propres ailes. Dans ses échappées belles, il repense aux démangeaisons de ses 20 ans, rêvant à nouveau de Laïcité pour cette belle contrée qui l’entoure et toutes ces choses-là. La rupture mûrit dans son esprit, ce qui n'est pas Rien dans cette contrée qui prône si volontiers les sectarismes en tous genres. Un jour, ce Chéri passera à l'acte, cédant au "démon" Laïc de midi. Balancera son con fort sectaire, enfin tout ce qui compose la vie d’un pays + ou - réussi archaïquement parlant, et partira avec ces Sain(t)s parsemer cette Laïcité au hasard des vallées crevassées de ce Mont-libanais(h). La Laïcité c'est une admirable technique. Il s'agit d'aider les faibles, mais vraiment très faibles, à se libérer d’un Sectarisme très fort ! Ces cent fleurettes, comme disait l’autre…. Mau-Mau, ces microscopiques provoquent une infusion dans les villes ou les campagnes mortes, et raniment même un zkâk ; tous sectaires. Voilà ! On est loin du développement sectaire à l’aveuglette. C'est parce que ce Liban a la tête pleine d'humanité en ces temps sectaires, qu’on pense à lui de temps en temps : un Grand qui intervient pour sauver ; n’en déplaise aux sectaires de tout poil ; des vies Laïques et Saines dans une situation si Malsaine et si sectaire.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 46, le 22 avril 2014

  • SYMBOLE DE TOUS LES LIBANAIS QUI MONTENT SANS FIN LEUR CALVAIRE. DES CAÏFES, DES PONCE PILATE, DES PHARRISIENS, ET SURTOUT DES "JUDA" ON EN A EN GRAND NOMBRE MALHEUREUSEMENT DANS LE PAYS ET QUI SONT PRÊTS À SACRIFIER MILLE JESUS CHRIST !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 54, le 19 avril 2014

  • Il en est l'inspirateur , mais sa passion a ete partagee par d'autres Hommes après lui . On va pas les nommer , parce que cela pourrait porter a equivoque et pourrait faire penser que cela ne serait qu' une comparaison de plus .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 06, le 19 avril 2014

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