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Moyen Orient et Monde - Naufrage

« Papa je ne peux pas. Le bateau penche trop »

Quelque 271 personnes toujours portées disparues ; la colère monte face à une évacuation mal gérée.

Reuters / Yonhap

La Corée du Sud était en état de choc hier après le naufrage d'un ferry qui pourrait avoir coûté la vie à des centaines d'adolescents. Et la colère montait face à la réaction de l'équipage pendant le drame.
Le Sewol, un bateau de 6 825 tonnes doté de plusieurs étages a sombré mercredi matin à une vingtaine de km de la côté sud, alors qu'il se rendait sur l'île de Jeju avec des classes entières à bord, en voyage scolaire. L'ampleur de la catastrophe a stupéfait la Corée du Sud, pays riche et moderne, qui pensait avoir relégué dans le passé ce type de drames. Un accident d'autant plus cruel que nombre de victimes sortait à peine de l'enfance.


Vingt-cinq décès ont été confirmés. Il reste 271 personnes dont on est sans nouvelle, sur les 475 qui étaient à bord, dont 325 sont des lycéens, ont indiqué hier soir les gardes-côtes. 179 personnes sont saines et sauves. Plusieurs centaines de plongeurs travaillent autour de l'épave mais aucun ne parvient à pénétrer dans l'épave immergée dont seule la quille est hors de l'eau en raison de la violence des courants et d'une visibilité très réduite. Les secours espèrent encore trouver des survivants dans des poches d'air. Mais un responsable des gardes-côtes confie depuis un des bateaux se trouvant autour du Sewol que « les chances de retrouver quelqu'un vivant sont proches de zéro ». Trois grues géantes ont été déployées sur le site pour essayer de redresser l'épave.


La présidente du pays, Park Geun-hye, s'est rendue hier dans le gymnase de l'île de Jindo où sont regroupés les proches des passagers disparus. Visiblement émue, la chef de l'État a engagé une longue séance de questions/réponses avec des interlocuteurs dévorés d'angoisse et de douleur, dans une atmosphère souvent tendue. Park Yu-shin, une mère, suppliait. « Ma fille est là-bas quelque part, dans la mer froide. S'il vous plaît, aidez-la. »

 

 

Une première heure gâchée
Les causes de l'accident ne sont pas connues mais des témoignages de passagers laissent entendre que le ferry a heurté le fond. Des experts évoquent aussi la possibilité que la cargaison du ferry, qui transportait 150 véhicules, se soit déplacée, déséquilibrant irrémédiablement le navire.
Le capitaine du ferry, Lee Joon-seok, qui a survécu et que les enquêteurs interrogent, a affirmé qu'il n'avait pas heurté un rocher. Entouré d'équipes de télévision dans les bureaux des gardes-côtes, il a présenté ses excuses. « Je suis vraiment désolé pour les passagers, les victimes et les familles », a-t-il déclaré.

 

Le ferry s'est complètement retourné. AFP PHOTO/YONHAP


Par ailleurs, les consignes données aux passagers sont au centre d'une polémique grandissante. Les rescapés ont indiqué que l'équipage leur avait donné l'ordre de ne pas bouger de leurs sièges après le choc. « Nous avons attendu 30 à 40 minutes », a raconté un lycéen. « Et puis (le ferry) a basculé, tout le monde s'est mis à hurler et a essayé désespérément de sortir de là ». « Le message était répété à intervalles réguliers : "ne bougez pas" », a indiqué un autre survivant, Huh Young-ki, à la télévision coréenne News Y.
La discipline est stricte dans le système scolaire sud-coréen et l'autorité respectée, ce qui conduit la presse à conclure que les lycéens ont certainement obéi aux ordres sans protester. « Si seulement on nous avait dit de sortir plus tôt, nous aurions été plus nombreux à sauter à l'eau », où des bateaux de pêche récupéraient les passagers, estime une lycéenne sur la télévision MBC. « Mais la plupart des gens n'ont pas bougé, comme on le leur avait demandé. » Des images prises à bord par le smartphone d'un rescapé montrent une femme hurlant « l'eau arrive! l'eau arrive ! »


Pour Bae Min-hoon, directeur de l'association pour la sécurité maritime, l'évacuation a été mal gérée. « Il semble que cette première heure, si précieuse, a été gâchée lorsqu'on a demandé aux passagers de rester dans leur cabine », a-t-il noté. La preuve : une femme de 61 ans n'a pas obéi au message sonore, qui continuait d'être diffusé alors que l'eau entrait dans sa cabine. Elle a nagé dans les couloirs, puis est parvenue à sortir du bateau à travers une fenêtre brisée par un sauveteur.

 

 

Le bateau penche trop
Pendant que le ferry était immobilisé, et juste avant qu'il ne sombre, nombre d'adolescents sud-coréens ont envoyé des messages de panique, de désespoir et d'amour filial à leurs parents. « Papa, ne t'en fais pas. Je porte mon gilet de sauvetage et je suis avec les autres filles. Nous sommes dans le bateau, dans le couloir », écrit une lycéenne, identifiée dans la presse par son seul prénom, Shin. Son père lui ordonne de sortir à tout prix mais il était trop tard. « Papa, je ne peux pas. Le bateau penche trop. Le couloir est plein de gens », dit-elle dans son dernier message.


Chung Yong-hyun, directeur de l'Institut coréen de plongée, estime « quasiment impossible » pour les passagers de bouger au sein du bateau une fois qu'il pique du nez vers le fond. « Le plancher devient le mur et le mur le plancher. Il n'y a plus de lumière, tout est noir, il est impossible de savoir dans quelle direction aller », a-t-il expliqué au quotidien Chosun Ilbo. Sur des images vidéo prises depuis la mer, lors du naufrage, des passagers terrifiés, en gilet de sauvetage, grimpent dans des canots de sauvetage ou se jettent à l'eau alors que le ferry glisse doucement vers le fond.

 

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