L’armée fait exploser une voiture piégée entre Fakiha et Ras-Baalbeck, sur fond de tensions accrues

Le spectre des attentats-suicide est réapparu dans la Békaa depuis dimanche soir, ranimé par la défaite essuyée par les rebelles à Yabroud.

L'armée libanaise a ainsi fait exploser une voiture piégée, qu'elle a repérée entre les régions de Fakiha et Ras-Baalbeck, évitant de ce fait une nouvelle catastrophe aux régions frontalières relevant du Hezbollah.
Dans les faits, relatés par l'Agence nationale d'information, la troupe a tiré une roquette B7 sur un véhicule de type Grand Cherokee argenté, « trouvé garé sur un chemin non asphalté », selon une source de sécurité, le faisant exploser. La chaîne du Hezbollah, al-Manar, a diffusé des images montrant une voiture garée sur une petite colline plantée d'oliviers, à 300 mètres d'une école de religieuses.
La voiture contenait près de 170 kilogrammes d'explosifs, selon un communiqué de l'armée, qui précise en outre que « la décision, prise par l'expert militaire dépêché sur les lieux, est liée à la difficulté de démanteler le véhicule et la charge qu'il contient, d'une part, et au danger de le transférer à un autre endroit, d'autant qu'il se trouvait dans un lieu non résidentiel ».
En outre, « l'enquête a été entamée pour identifier les auteurs de la tentative d'attentat », ajoute le texte. L'armée a établi une ceinture de sécurité autour de l'emplacement de la voiture piégée, dans une tentative d'arrêter le chauffeur du véhicule. Ce dernier a en effet pris la fuite à bord d'une moto, à l'instant où la voiture a été repérée.

Cette opération réussie de l'armée n'a toutefois pas réussi à apaiser les craintes sécuritaires. Très vite en effet, des informations contradictoires couraient sur un soi-disant démantèlement par l'armée d'un autre véhicule de type Honda CRV, qui aurait été repéré à 500 mètres de la Grand Cherokee. Cette information véhiculée par la chaîne al-Manar n'a pas été confirmée par une source officielle.

L'attentat de Nabi Osman
Dimanche soir, un attentat-suicide avait été perpétré dans le village de Nabi Osman, dans la Békaa (est du Liban), faisant quatre tués et une quinzaine de blessés, selon une source des services de sécurité. L'ANI a de son côté avancé un bilan de deux morts, membres du Hezbollah, et une quinzaine de blessés, dont deux graves. La police militaire et les services d'anthropométrie ont été chargés par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, de mener l'enquête, à l'heure où l'attentat a été revendiqué à la fois par les Brigades des sunnites libres de Baalbeck et par le Front al-Nosra (voir par ailleurs). Déjà, « les experts militaires ont évalué à 100 kg » le poids de la charge placée dans le véhicule qui avait explosé au niveau « de la bifurcation menant vers le village de Nabi Osman, sur l'artère principale », selon un communiqué de l'armée publié hier.

Infiltrations aux frontières
Suite à la neutralisation de la voiture découverte hier matin, l'armée a pris de nouvelles mesures préventives. Les forces héliportées ont été assignées à des postes nouveaux supplémentaires au niveau des chemins de terre et des passages parsemant l'anti-Liban. Les postes de l'armée déjà établis au niveau des villages de Fakiha et de Aïn à Ras-Baalbeck ont été renforcés hier, afin de prévenir d'éventuelles infiltrations de voitures piégées ou d'éléments armés en territoire libanais, à partir de la Syrie. L'armée coordonnerait également avec les municipalités afin d'utiliser des tracteurs civils pour bloquer certains couloirs de passages frontaliers, dans le jurd de Ersal et aux extrémités du village de Laboué.

En effet, des informations sécuritaires faisaient état hier d'infiltrations de plusieurs éléments armés dans la région de Hamrat, dans le jurd ouest de Ersal, entre les villages de Fakiha et de Aïn, en provenance des régions syriennes du Qalamoun et de Yabroud.
D'autres informations ont été obtenues sur l'infiltration de six nouvelles voitures piégées au Liban.
Cela a conduit l'armée à effectuer plusieurs opérations de perquisition et d'inspection dans le jurd de Fakiha, et les villages de Nabi Osman et de Laboué.

L'on apprenait hier que l'armée aurait repéré un suspect portant une ceinture d'explosifs, qu'il aurait lâchée avant de prendre la fuite.
De même, au Nord, l'armée a maintenu sa vigilance au niveau des frontières du Akkar. Elle a précisé dans un communiqué avoir « arrêté un groupe de 19 Syriens et deux Libanais qui traversaient illégalement la frontière vers Wadi Khaled ». « Ils avaient sur eux une arme de type Kalachnikov, deux revolvers de guerre et des munitions, ainsi que trente téléphones mobiles, un ordinateur portable, et des billets de monnaies différentes », selon le texte, qui ajoute que « l'enquête est en cours avec les prévenus sous la supervision des autorités judiciaires compétentes ».

Des roquettes sur Ersal et Laboué
L'armée avait déjà arrêté, dimanche, un groupe de Syriens dans la Békaa en possession d'armes et de munitions. Ils ont été déférés devant les autorités judiciaires compétentes. Parallèlement, la troupe a tiré dans le jurd de Ersal sur une camionnette dont le chauffeur a refusé de s'arrêter au barrage. Le véhicule a été atteint de plusieurs balles, sans qu'on ne sache si ses passagers ont été blessés ou s'ils ont pu être arrêtés.

Signe de la tension accrue dans la Békaa, des roquettes se sont abattues hier sur les collines de la localité sunnite de Ersal, a rapporté l'ANI, ajoutant que les mosquées de la ville ont appelé à un couvre-feu.
Quelques minutes plus tôt, trois roquettes s'étaient abattues sur le village chiite de Laboué, tirées à partir des collines de Ersal, selon l'ANI. Suite à ces tirs, la route menant de Laboué à Ersal a été une nouvelle fois coupée à la circulation.

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