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Économie - Liban - Finances

Rachat de Standard Chartered : des tractations entourées de mystère

Les rumeurs vont bon train depuis plusieurs semaines sur le rachat de la banque Standard Chartered au Liban. En dépit d'un accord de confidentialité signé par les parties concernées, les fuites se sont multipliées, alimentant la curiosité générale... et le mystère.

Standard Chartered s’est lancée à la conquête du marché libanais en 1999, en acquérant la majorité des parts de la Metropolitan Bank.

« Personne ne sait vraiment ce qui se passe », a avoué mercredi le président de l'Association des banques du Liban (ABL), François Bassil. Il était interrogé par L'Orient-Le Jour au sujet des négociations en cours portant sur le rachat de la Standard Chartered au Liban.

Il a récemment été confirmé que la filiale libanaise de la banque britannique Standard Chartered cessera totalement ses activités au pays du Cèdre. La banque « est basée au Liban sur le long terme, et elle est réticente à fermer ses bureaux dans les pays en développement, même si ceux-là subissent des tensions politiques et sécuritaires », avait pourtant affirmé en juin dernier son président-directeur général, Dan Azzi, lors d'un entretien avec L'Orient-Le Jour.

Standard Chartered s'est lancée à la conquête du marché libanais en 1999 en acquérant la majorité (89 %) des parts de la Metropolitan Bank, un établissement local fondé en 1979. Ses activités sont relativement restreintes : les dépôts totaux s'élèveraient à quelque 80 millions de dollars, tandis que le nombre de branches, toutes basées à Beyrouth, s'élève à trois.

La décision de Standard Chartered de se retirer du Liban aurait, selon les sources interrogées, été motivée par deux facteurs, l'un économique et l'autre sécuritaire.

En ce qui concerne le premier facteur, il convient de prendre en considération le fait que la maison mère a subi des changements internes en profondeur. Début janvier, Standard Chartered annonçait une réorganisation de ses activités et un remaniement de sa direction. « Elle a aussi réaffirmé sa volonté, a souligné une source informée, de se débarrasser de toutes ses agences dans le monde qui ne sont pas rentables. »

La banque a ainsi annoncé cette semaine qu'elle cherchait un repreneur pour son activité de banque privée en Suisse ; elle a également cessé ses activités de banque de détail au Japon l'an dernier et devrait fermer quelque 100 branches en Corée du Sud, selon le mensuel économique Business Korea.

Au vu de l'ultracompétitivité et de la petite taille du marché libanais, l'on peut se demander quelles pouvaient être les motivations d'une banque étrangère à tenter de s'implanter au pays du Cèdre. Selon M. Bassil, c'est en partie à cause des faibles risques qu'encourait la Standard Chartered en rachetant la Metropolitan. « Les risques restaient confinés aux fonds propres », a-t-il relevé.

L'autre facteur, l'instabilité politico-sécuritaire du Liban serait d'égale importance dans la décision de la banque de se retirer, selon les sources interrogées. Une supposition que ne réfute pas le président de l'ABL, qui a déploré la dégradation de la situation.

Les rumeurs
« Les rumeurs concernant mon acquisition de Standard Chartered au Liban sont dénuées de tout fondement et je suis entièrement dédié au succès et à la croissance de BLC Bank, dont je suis et reste le PDG et un actionnaire de référence », a déclaré fin novembre 2013 le directeur général de la BLC Bank, Maurice Sehnaoui.

Ces propos intervenaient en réponse à un article paru dans le journal al-Akhbar, affirmant que des négociations portant sur l'acquisition, à titre privé, par M. Sehnaoui de SC-Liban seraient « en voie d'être finalisées ». Ces informations avaient été révélées au quotidien par des « sources informées au sein du secteur bancaire ».

Deux mois plus tard, le quotidien anglophone The Daily Star et d'autres publications annonçaient que quatre banques étaient en lice pour le rachat de la licence et des actifs de SC-Liban : IBL, First National Bank, Cedrus Invest Bank et Bank Audi.

La mention de Bank Audi en a néanmoins surpris plus d'un. « Bank Audi n'a aucun intérêt à se lancer dans cette entreprise, a fait remarquer M. Bassil. Ses propres activités sont déjà assez conséquentes. Seuls des établissements "jeunes", de taille moins importante, pourraient y voir un intérêt. »
Aux dernières nouvelles, Bank Audi retirait sa candidature, toujours selon The Daily Star et d'autres médias, tout comme IBL. Restent donc FNB et Cedrus Invest Bank.

Le tri des rumeurs
Quelle est la part de vérité dans les mille et une histoires « fuitées » et colportées ? Une chose est certaine, c'est que les principaux intéressés demeurent obstinément muets, refusant de communiquer le moindre détail portant sur les tractations en cours.

Après avoir tous, sans exception, été contactés par L'Orient-Le Jour, certains ont exprimé leur regret de ne pouvoir s'exprimer « tant que les choses ne sont pas finalisées », tandis que d'autres mettaient en avant la « sensibilité » des informations. « Nous ne pouvons absolument pas faire de commentaire au sujet des rumeurs qui circulent ; nous ne pouvons ni infirmer ni confirmer ce qui se dit dans la presse », a déclaré à L'Orient-Le Jour un responsable de Standard Chartered Liban. Une clause de confidentialité aurait, de fait, été signée par les parties concernées, a indiqué une personne proche du dossier, « selon la volonté de la maison mère ».

Une source informée a néanmoins confirmé deux choses à L'Orient-Le Jour. La première, qui laisse perplexe, c'est qu'effectivement Bank Audi aurait, à un moment, fait partie des candidats au rachat de SC-Liban. La seconde étant que FNB et Cedrus Invest Bank sont bel et bien les deux candidats qui restent en lice.

Au final, la réticence des parties concernées à s'exprimer ne fait qu'alimenter la curiosité du public. Une curiosité décuplée par des fuites à la presse relatant des faits réels – mais aussi infondés, ce qu'a dénoncé une personne proche du dossier.
« Tout ce que je peux dire, c'est que ces fuites ont créé une ambiance bizarre » parmi les candidats au rachat de SC-Liban, a-t-elle confié. Les parties concernées par les tractations ont toutefois promis de clarifier la situation « dès qu'un accord aura été trouvé ».


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