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Économie - Liban - Finance

La Bourse de Beyrouth, otage des turbulences politiques

 « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Telle pourrait être la devise de la Bourse de Beyrouth, dont l'activité bondit ou chute en fonction de la conjoncture.

La simple rumeur de la formation d’un gouvernement a permis de faire repartir de plus belle l’activité de la Bourse de Beyrouth, qui a clôturé deux semaines plus tôt à 2,29 %.

L'année 2013 a de nouveau mis l'économie libanaise en général et la Bourse de Beyrouth (BSE) en particulier à rude épreuve.


Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 51,4 millions d'actions ont été échangées en cours d'année, en baisse de 6,6 % par rapport à 2012. La valeur des transactions a totalisé 375,2 millions de dollars fin décembre, en baisse de 8,2 % par rapport aux 408,5 millions de dollars en 2012. La capitalisation du marché a, pour sa part, très légèrement augmenté (1,2 % depuis fin 2012 à 10,54 milliards de dollars).
Le grand gagnant de l'année était le spécialiste de l'automobile, Rasamny Younis Motor Company (Rymco), dont les actions ont bondi de 32 % en glissement annuel. La société immobilière Solidere a vu, pour sa part, ses actions A et B dégringoler respectivement de 15 et de 14,8 %, enregistrant le recul le plus sévère de 2013.


La majorité des spécialistes interrogés s'accorde à pointer du doigt l'instabilité politique qui a prévalu l'an dernier sur les plans local et régional. Face aux attentats, à la désertion des touristes arabes et, surtout, à l'absence d'un gouvernement, le découragement des investisseurs et des consommateurs était palpable.
« Le conflit en Syrie, les dissensions politiques aiguës... tout cela a influé sur le sentiment des investisseurs libanais et arabes. Les conséquences, et c'est normal, se sont répercutées sur l'activité boursière, notamment sur le plan des volumes échangés », résume le vice-président de la BSE, Ghaleb Mahmassani. Une conjoncture défavorable aggravée par les troubles qui secouent en parallèle les autres pays de la région depuis 2008, ajoute-t-il, et qui ont affecté les investisseurs arabes jusque dans leur propre pays, les rendant doublement réticents à se lancer dans de nouveaux projets.
Même son de cloche de la part du directeur général de Solidere, Mounir Douaïdi. Interrogé par L'Orient-Le Jour, il estime que la conjoncture est directement responsable des fluctuations du cours des actions – en mal comme en bien.

 

Rebond
Car, en effet, si l'activité de la Bourse de Beyrouth a négativement été impactée l'an dernier par les facteurs politico-sécuritaires cités plus haut, la simple rumeur de la formation d'un gouvernement a, inversement, permis de faire repartir de plus belle l'activité de la Bourse de Beyrouth. Elle a ainsi clôturé deux semaines plus tôt à + 2,29 % ; la semaine suivante, les actions Solidere A et B bondissaient de 25 et 22 % respectivement. « Leur prix est effectivement remonté, tournant autour de 13,50 dollars, voire plus (...) », s'était alors félicité M. Douaïdi.
Un regain d'optimisme pour la Bourse de Beyrouth qui a été confirmé vendredi dernier par une clôture dans le vert, en dépit de l'attentat de Haret Hreik survenu en milieu de semaine (+1,12 % à 1 209,63 points). Les actions Solidere poursuivaient elles aussi leur ascension, à +4,36 % de variation hebdomadaire pour Solidere A et +3,03 % pour Solidere B.

 

Problèmes structurels
Cela étant, la Bourse de Beyrouth, si elle demeure principalement otage des fluctuations politico-sécuritaire, souffre de bien d'autres problèmes de fond : la modestie de sa taille et de son activité, une structure qui gagnerait à être modernisée ...
Un facteur d'ordre culturel rentre en compte : la tradition familiale, très ancrée, des entreprises locales, qui freine leur entrée en Bourse. « Les patrons libanais sont souvent réticents à l'entrée d'un étranger au capital de leur entreprise, relève M. Mahmassani. Ils préfèrent s'adresser à une banque pour garder le contrôle, fournir des garanties personnelles et souscrire à un prêt... »
Mais, tempère-t-il, des améliorations ont également été effectuées, notamment avec la création en 2011 de l'Autorité de régulation des marchés financiers. Cette entité a permis selon lui de faire un grand pas en avant sur le plan de la transparence et de s'aligner sur les normes internationales.


Rappelons que l'Autorité de régulation des marchés financiers a récemment confirmé la loi punissant les délits d'initié. Elle interdit à toute entité, morale ou physique, d'utiliser les informations confidentielles dans son propre intérêt ou dans l'intérêt d'une entité tierce, sous peine de sanctions. Les contrevenants peuvent encourir jusqu'à trois ans de détention et écoper d'une amende de deux à 10 fois le montant du gain illicite réalisé.

 

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