Rechercher
Rechercher

Liban - liban,

Attentat de Hermel : le kamikaze n’est toujours pas identifié

Une nouvelle attaque-suicide a secoué la ville samedi, faisant trois morts et plus d'une vingtaine de blessés.

Le cratère laissé par la voiture piégée est très visible sur cette photo, ainsi que les experts qui collectent les preuves. Photo AFP/STR

La station d'essence Aytam (elle porte le nom des orphelins qui sont les bénéficiaires de ses gains) au Hermel offre, depuis samedi soir, un paysage de désolation : la structure de la station est complètement soufflée, un grand cratère près d'un petit café complètement détruit témoigne de l'explosion de la Grand Cherokee qui a fait trois morts dont un enfant, Ali Amir Allaou, Issam Khairallah et Hassan Taha. L'explosion a également fait quelque 28 blessés, dont trois demeuraient hier soir à l'hôpital.
Une école, celle des Mabarrat, se trouve à proximité de la station d'essence, mais aucun élève n'a été blessé, comme l'a indiqué la direction.

Samedi soir, le Front al-Nosra au Liban, un groupuscule lié à el-Qaëda, a revendiqué sur son compte Twitter l'attentat-suicide. C'est la deuxième fois que cette ville est visée par une attaque de ce groupe jihadiste, qui appelle le Hezbollah à retirer ses combattants de Syrie. Il avait déjà revendiqué l'attentat à la voiture piégée qui avait tué trois personnes le 16 janvier dans la ville de Hermel.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le kamikaze, qui n'avait pas encore été identifié hier, aurait suivi la route qui le mène de Ersal à Laboué, puis au Hermel, en passant par deux barrages de l'armée sans être inquiété. Les images des caméras de surveillance l'ont montré garant la voiture près du café adjacent à la pompe à essence, puis la faire exploser.

La voiture est une Grand Cherokee grise, mais son numéro de châssis n'a pas été retrouvé et il a été impossible hier aux autorités de déterminer si elle avait été volée au préalable. Sa plaque d'immatriculation était falsifiée : il s'est avéré qu'elle appartient à une autre Grand Cherokee dont le propriétaire habite Tyr, et qui n'a pas été volée. Dans un communiqué diffusé hier à la mi-journée, l'armée a confirmé les informations concernant la charge en ajoutant que le véhicule contenait 25 à 30 kilogrammes d'explosifs, dont des bombes et des grenades. Une source de sécurité a indiqué que la déflagration avait provoqué un énorme incendie qui a gêné l'arrivée des secours.

Hier en journée, la police judiciaire a terminé son travail sur la scène du crime. Des équipes de l'association Jihad el-Bina' (relevant du Hezbollah) et de la municipalité de Hermel ont recensé les dégâts matériels énormes dans la station tout comme dans les bâtiments alentour, et au niveau des voitures calcinées et endommagées.

Par ailleurs, les députés de la région, Ghazi Zeaiter, Ali Moqdad et Émile Rahmé, ont inspecté les lieux, ainsi que nombre d'autres personnalités. Des équipes d'Électricité du Liban (EDL) ont réparé les dégâts dans les câbles et rétabli le courant, coupé après l'explosion.

Sentiment de révolte
La mort d'un jeune garçon de seize ans de la famille Allaou a suscité un grand sentiment de révolte parmi ses proches. Dans la soirée de samedi, des membres de la famille ont coupé la route menant à la ville de Hermel, pour protester contre la multiplication des attentats qui visent leur région. La route a été rouverte peu après par les forces de l'ordre.

Les informations selon lesquelles la voiture serait passée par Ersal a poussé hier les notables de ce village frontalier de la Békaa à dénoncer fortement le terrorisme qui a frappé Hermel, afin de se désolidariser des terroristes. Le communiqué exprime « le refus du terrorisme d'un point de vue humanitaire et moral, et au nom de l'engagement national et de la coexistence ». Pour mieux accentuer cette position, une délégation de la municipalité et des moukhtars de Ersal a rendu visite à l'ancien président du conseil municipal de Laboué Moustapha Rabah.

Raï : Les responsables sont ceux qui planifient pour le vide
Comme pour tous les autres attentats, l'explosion de samedi a suscité un grand nombre de réactions parmi les responsables. Cette fois, les propos tenus ont insisté sur la nécessité de renforcer le dialogue et de faire des concessions en vue de l'entente nationale.

Le président de la République Michel Sleiman a exprimé l'espoir que « les Libanais, leaders et opinion publique, sauront tirer la leçon des actions terroristes ». Il a demandé aux hommes politiques « de méditer sur les dangers qui menacent ce pays et d'agir en conséquence, en renforçant l'union nationale et en privilégiant le dialogue et l'entente ».

Le Premier ministre désigné, Tammam Salam, a qualifié l'attentat « d'acte terroriste lâche », appelant les habitants de la région à la retenue et à la solidarité, tout en assurant que les responsables de cet acte seront arrêtés et traduits en justice.

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a lui aussi condamné l'attentat et renouvelé son appel à l'unité « pour protéger le pays ».

De son côté, le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a lancé une nouvelle mise en garde. « Nous sommes entrés dans une période de terrorisme ambulant en raison de la guerre en Syrie », a affirmé le leader druze. M. Joumblatt a par ailleurs mis en garde contre de nouveaux attentats, « surtout que plusieurs voitures piégées ont pu pénétrer dans la banlieue sud de Beyrouth, le Hermel et Tripoli ».

La réaction du patriarche maronite Béchara Raï, dans son homélie du dimanche, a été très remarquée hier. Il a fait assumer la responsabilité de la multiplication de ces attentats « aux parties politiques qui refusent la réconciliation et l'entente et à tous ceux qui freinent la formation d'un nouveau gouvernement dont l'objectif serait l'homme et non les portefeuilles, et qui menacent ou envisagent un vide constitutionnel ».

Les autres leaders religieux n'étaient pas en reste. Le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, a estimé que « cette explosion a visé tous les Libanais », ce qui, selon lui, devrait les pousser « à ne plus couvrir aucune partie terroriste et à rester attachés à leur union nationale ».
Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a estimé que cette série d'attentats « vise à faire éclater la discorde confessionnelle entre des Libanais innocents, et à noyer le pays dans des conflits sans fin ». Quant au cheikh Akl druze Naïm Hassan, il a estimé que « les messages de condamnation ne suffisent plus, il n'est plus possible, face à ces actes criminels, de poursuivre les atermoiements dans le dossier de la formation du gouvernement ».

Parmi les réactions venant de l'étranger, notons celle de l'ambassade des États-Unis, qui a condamné « l'attentat qui a visé une nouvelle fois les habitants de Hermel ». Le communiqué invite « toutes les parties à la retenue et à éviter de contribuer au cycle de violence ».

Pour sa part, le ministre syrien de l'Information Omrane Zohbi a condamné l'explosion, estimant que « celui à qui profitent ces attentats au Liban et ceux qui tombent en Syrie et en Irak est le même, c'est l'ennemi sioniste ».

De nombreuses réactions sont venues des deux principales forces chiites. Le mouvement Amal a appelé à « colmater les brèches sécuritaires » et à « réaliser l'entente entre toutes les forces politiques pour faire face à l'étape dangereuse qui vient ».
Pour sa part, le député Ali Fayad, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a mis en exergue le danger de discorde, estimant que « la menace que représentent les groupes takfiristes pour les sunnites et les Libanais en général n'est pas moindre que le danger qu'ils représentent pour les chiites ».


Lire aussi

Vous avez dit libanité ?, la chronique de Nagib Aoun

Le Conseil de sécurité et Ban condamnent l'attentat terroriste « odieux »

La station d'essence Aytam (elle porte le nom des orphelins qui sont les bénéficiaires de ses gains) au Hermel offre, depuis samedi soir, un paysage de désolation : la structure de la station est complètement soufflée, un grand cratère près d'un petit café complètement détruit témoigne de l'explosion de la Grand Cherokee qui a fait trois morts dont un enfant, Ali Amir Allaou, Issam...
commentaires (4)

Pour qu'il y ai union nationale il faut que les parties soient nationaux. Le Hezbollah l'est il? Le PSNS, le Baas, le parti de Ali Eid, etc... le sont ils? De qu'elle union parlons nous donc?

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 36, le 04 février 2014

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Pour qu'il y ai union nationale il faut que les parties soient nationaux. Le Hezbollah l'est il? Le PSNS, le Baas, le parti de Ali Eid, etc... le sont ils? De qu'elle union parlons nous donc?

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 36, le 04 février 2014

  • Toute une série, en fait, des mêmes hypocrisies et des mêmes antiennes !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 48, le 03 février 2014

  • PARLER D'UNION NATIONALE, QUAND ON EST DANS LE PÉTRIN UNIQUEMENT = DEMANDER L'AVAL DE TOUS LES AUTRES SUR LES EXACTIONS QU'ON A COMMISES ET QU'ON COMMET !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 07, le 03 février 2014

  • Chaque semaine maintenant un attentat ! Suit un blablabla de condamnations des "responsables" politiques et religieux, mais rien de concret en termes d'entente dans ce pays de la mésentente. Plus écoeurant tu meurs !

    Halim Abou Chacra

    04 h 56, le 03 février 2014

Retour en haut