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Culture - Cimaises

L’humanisme pictural de Georges Daoud Corm

C'est la peinture classique par excellence que l'exposition consacrée aux œuvres de Georges Daoud Corm (1896-1971) met en lumière à la galerie de l'AUB, dans un voyage au cœur de la vision esthétique et humaniste de l'artiste.

Nature morte et portraits successifs accrochés sur un mur de la galerie de l’AUB.

Sous l'intitulé «Georges Daoud Corm 1896-1971 : Lebanese Painterly Humanism », la galerie de l'AUB présente, jusqu'au 19 avril 2014, des huiles, des croquis (dont certains exposés pour la première fois) et un essai datant de 1966 en français, publié à cette occasion en arabe et en anglais, de G. D. Corm, cet « humaniste pictural» aujourd'hui à l'honneur.


D'Alexandrie à Beyrouth, en passant par Paris, l'on suit l'itinéraire de l'artiste pionnier de l'art libanais. Ici figurent un grand nombre de portraits dont la plupart sont certainement des commandes. Défilent alors les belles mondaines, les gens de la haute société de l'époque. Mais à côté, les figures des « fellahins », des paysans font encore plus belle figure... Des natures mortes et des paysages apparaissent également dans ce parcours.


«Le but principal de cette exposition est de faire connaître l'art et les écrits de Georges Daoud Corm auprès des artistes, des étudiants et du plus large public», indique Octavian Esanu, curateur des galeries de l'AUB.
« Un fil conducteur thématique a été adopté, souligne-t-il. Il s'agit de sa réflexion sur l'esthétique, qui s'exprime dans son art, mais aussi dans son Essai sur l'art et la civilisation de ce temps, rédigé en deux parties dans les années soixante et qui peut être considéré comme un manifeste sur ce qu'on appelle le painterly humanism (l'humanisme pictural). »


Peintre, poète, écrivain, pianiste et activiste culturel, Georges Corm est né en 1896 à Beyrouth d'une famille de lettrés du Kesrouan. Il est le petit-fils de Semaan Corm (précepteur des fils de l'émir Béchir) et le fils de Daoud Corm, l'un des pionniers de la peinture au Liban, célèbre aussi bien par ses toiles religieuses que par ses très beaux portraits de notabilités libanaises, égyptiennes et romaines.


Entre 1919 et 1921, il entreprend des études de peinture à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. À son retour à Beyrouth, il décroche la médaille d'or en peinture à la Foire-Exposition de la ville. En 1922, il gagne le concours de réalisation de la maquette de la médaille du Mérite libanais et participe au jury pour le choix d'un projet de monument aux morts de l'armée du Levant.
De 1922 à 1928, il s'active à promouvoir et devient membre du comité exécutif pour la création du Musée d'antiquités et des beaux-arts de la ville de Beyrouth.
Il est également secrétaire du Congrès archéologique international, tenu à Beyrouth en 1926, et promoteur et membre du jury du Conservatoire national de musique libanais.
En 1928, il émigre en Égypte où il épouse Marie Bekhyt. Au Caire, il fonde en 1934, avec quelques artistes et écrivains, un groupement pour la promotion et la diffusion des lettres et des arts intitulé L'Atelier.
Il a reçu de nombreuses récompenses dont, en 1936, celle d'officier d'Académie de France. Il est également titulaire de la médaille d'honneur du Mérite libanais (1937), dont il a également été élu membre (en 1955), année durant laquelle il devient également membre de la Royal Society of Arts de Londres. Officier de l'ordre du Cèdre (1958).


Dans ses écrits, Corm y définit clairement sa position esthétique et intellectuelle.
Ce fameux Essai sur l'art et la civilisation de ce temps (1966) est décrit comme « un réquisitoire violent contre l'influence corrosive du marxisme stalinien et du mercantilisme américain sur les arts contemporains, et une dénonciation des modes artistiques lancées à coup de campagnes publicitaires », comme l'indique Etel Adnan dans un article intitulé «Georges Corm, maître incontesté de la nature». Pour la poète et artiste, Corm exprime avec véhémence «toute sa nostalgie de l'humanisme classique dont il était entièrement pétri, mais aussi sa foi dans l'émergence d'une nouvelle civilisation humaniste... adaptée aux besoins de cette ère industrielle et atomiste ».


À propos de ce même essai, son fils Georges Corm, économiste, historien et ancien ministre des Finances, indiquait pour sa part que « ce fut son unique cri public de révolte contre la civilisation de son siècle qui l'avait meurtri sur plus d'un plan, un cri qui, aujourd'hui, n'est pas sans trouver d'étranges résonances dans la résurgence des mouvements de fondamentalisme mystico-religieux au Moyen-Orient, mais aussi dans les pays occidentaux ».
Faut-il révérer le passé et construire sur ses traces, ou le critiquer et le rejeter ? Ces deux courants questionnent depuis toujours notre vision de l'art et son histoire. Dans son art et dans ses écrits, Corm a établi une critique assez dure envers les modernistes et l'esthétique de l'avant-garde.
Il était également convaincu que le Liban en particulier et l'Orient en général pouvaient se positionner en gardiens de l'art classique européen, pris d'assaut au XXe siècle par les mouvements d'avant-garde.
Grand défenseur et adepte de la beauté telle que l'entendent les grands peintres de la Renaissance, G. D. Corm était également un humaniste. Pour lui, faire un portrait est une étude plus importante, du moins au début de sa carrière, que de faire un paysage, parce que «dans la hiérarchie des êtres, l'homme est au
sommet ».


À la galerie de l'AUB l'on peut voir, justement, ce superbe nu qu'est La Jeune femme et la nature qui, selon Ethel Adnan, est « un de ces tableaux dans lesquels parfois un grand peintre arrive à exprimer toutes les dimensions de son être. Ce tableau s'analyserait comme une œuvre complète. Essai philosophique, comme on pourrait dire d'un tableau de Léonard qui représente la pensée du grand peintre italien. »
Prônant l'humanisme européen fermement ancré dans l'éthique chrétienne, Georges Daoud Corm n'en a pas néanmoins exprimé son bonheur de tâter tous les genres : portraits, paysages, nus et natures mortes dans toutes les techniques utilisées, fusains, huiles, pastels. À voir, à admirer au cours de cette exposition qui est ouverte du mardi au samedi de midi à 18h.

*AUB Art Gallery, rue Sidani, Hamra. Tél. : 01/350000, ext. 4 345.

 

Sous l'intitulé «Georges Daoud Corm 1896-1971 : Lebanese Painterly Humanism », la galerie de l'AUB présente, jusqu'au 19 avril 2014, des huiles, des croquis (dont certains exposés pour la première fois) et un essai datant de 1966 en français, publié à cette occasion en arabe et en anglais, de G. D. Corm, cet « humaniste pictural» aujourd'hui à l'honneur.
D'Alexandrie à Beyrouth,...

commentaires (2)

Ce Portrait d'un notable anonyme, mériterait d'être acquis par l'Etat Libanais, pour être exposé un jour dans le futur Musée d'Art Moderne. L'Art et la Culture constituent le creuset où s'épanouit une identité Nationale, et la voie royale qui mène au dialogue social et à l'unité d'une nation,garants de la Paix.

MELKI Raymond

22 h 03, le 27 mars 2020

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Commentaires (2)

  • Ce Portrait d'un notable anonyme, mériterait d'être acquis par l'Etat Libanais, pour être exposé un jour dans le futur Musée d'Art Moderne. L'Art et la Culture constituent le creuset où s'épanouit une identité Nationale, et la voie royale qui mène au dialogue social et à l'unité d'une nation,garants de la Paix.

    MELKI Raymond

    22 h 03, le 27 mars 2020

  • A propos des peintres Libanais, une vente publique prévue à Paris le 4 Avril 2020, en pleine pandémie Covid 19, nous fait découvrir le Portrait d'un notable Libanais,une huile sur toile signée Daoud CORM ( 1842 - 1930 ), issue d'une collection privée. C'est l'occasion de mieux connaitre ce peintre du XIXème siècle,qui se rend à Rome et intègre lAccademia di San Luca où il suit l'enseignement de Roberto Bompiani, le peintre de la cour royale italienne.Il y obtient sa première reconnaissance officielle lorsqu'on le charge de peindre le portrait du Pape Pie IX.De retour au Liban en 1875,Daoud Corm peint des portraits pour des notables,dont celui du roi Abbas II d'Egypte (1892- 1914). Son travail est alors exposé dans toute l'Europe jusqu'à la consécration de 1900 où ses tableaux sont présentés pendant l'Exposition universelle de Paris où le grand prix d'excellence lui est décerné. En ce temps de pandémie, seule la culture peut nous aider à la traverser sereinement !

    MELKI Raymond

    18 h 05, le 27 mars 2020

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