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Liban : La justice écornée par un « troc » douteux

Trois prévenus suspectés d’avoir planifié l’enlèvement des deux pilotes turcs le 9 août ont été relaxés.

L'un des trois suspects relaxés hier, accueilli en véritable héros dans la banlieue sud.

C’est un accueil triomphal que la banlieue sud a réservé hier aux trois prévenus suspectés d’avoir planifié l’enlèvement des deux pilotes turcs le 9 août, près de l’aéroport, en représailles à l’enlèvement des pèlerins chiites libanais de Aazaz. Les suspects accueillis en héros venaient d’être relaxés contre une caution.


Au lendemain du retour des neuf otages de Aazaz dans la banlieue sud, c’était donc au tour de Nadim Zogheib, Hassan Saleh et Mohammad Saleh, les trois suspects détenus à Roumieh, de retrouver leurs familles dans une ambiance de liesse et de célébrations populaires. La libération de ces personnes suspectées de rapt a déclenché dans la banlieue sud une réaction de joie identique à celle qui avait prévalu au retour des otages libérés.


La veille, les familles des prévenus, notamment Mohammad Saleh, un proche des otages, avaient imploré les autorités libanaises, en l’occurrence le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, d’obtenir « la libération des détenus comme ils l’ont fait pour les otages ». Ce souhait a vite été honoré. À 19 heures hier, Nadim Zogheib s’est rendu à Hay el-Sellom et Hassan Saleh à son domicile à Bir Hassan, accompagné de Mohammad Saleh. Ils ont tenu à remercier « les juges qui nous ont libérés » et invoqué une nouvelle fois leur « innocence qui sera révélée au grand jour ».
En effet, le juge d’instruction du Mont-Liban, Ziad Mekanna, et après accord du procureur général près la cour d’appel du Mont-Liban, a approuvé la relaxation des trois suspects contre une caution de 500 000 livres libanaises chacun. Alors que les deux pilotes turcs avaient été libérés samedi dans la foulée de la libération des otages de Aazaz, l’élargissement des trois suspects devait compléter « le marché » conclu pour clore le dossier des otages. La justice n’aura donc pas été épargnée par ce « troc », dont les contours restent en tout cas flous.


Néanmoins, si la libération des otages a été saluée par toutes les parties comme une victoire nationale, la relaxation des trois suspects dans l’affaire du rapt des pilotes turcs a déclenché beaucoup d’interrogations. Ainsi, des milieux politiques du 14 Mars, cités par l’agence d’information al-Markaziya, ont critiqué « le laxisme de l’État susceptible d’encourager tous ceux qui veulent défendre une cause juste de recours à la loi du Talion pour obtenir gain de cause. Il semblerait que la logique des armes, de la force et des mini-États ait consacré sa supériorité par rapport à l’État et ses capacités ».


Sur un autre plan, la situation dans son ensemble a fait l’objet d’une réunion hier à Baabda regroupant les responsables sécuritaires, présidée par le chef de l’État et en présence du ministre sortant de l’Intérieur Marwan Charbel. Ce dernier s’est montré rassurant, faisant remarquer, à l’attention des citoyens, que les voitures piégées en provenance de Syrie sont toutes traquées par les services de sécurité. La coopération entre ces différents services a été renforcée. Dans ce cadre, le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, a également reçu à Yarzé le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Les deux hommes s’étaient respectivement entretenus avec le président Michel Sleiman.


De son côté, le président de la Chambre Nabih Berry a reçu le général Ibrahim qui lui a fait part des détails de la libération des otages de Aazaz. M. Berry a fait don aux neuf otages libérés des frais des examens médicaux nécessaires, qu’ils ont subis hier à l’hôpital Sahel.

 

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