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À La Une - Le point

À la recherche d’un allié

C’est comme pour le nez de Cléopâtre : il s’en est fallu de bien peu pour que les retombées de la journée électorale allemande de dimanche ne soient différentes. Il a manqué au CDU-CSU quatre sièges pour obtenir la majorité absolue; pour son allié du FDP, l’écart est tout aussi mince, soit 0,2 pour cent de voix, qu’il n’a pu décrocher pour retourner au Bundestag ; et c’est d’un infime 0,3 pour cent supplémentaire que l’AfD aurait eu besoin pour accéder au saint des saints. On n’en applaudira pas moins l’extraordinaire performance de la chancelière sortante, assurée de former son troisième gouvernement, une prouesse réussie par seulement deux de ses prédécesseurs, Konrad Adenauer et Helmut Kohl.
Le quotidien conservateur Die Welt croit pouvoir expliquer ce succès par le fait qu’Angela Merkel « fait son travail discrètement, sans aucun narcissisme » et qu’« elle n’énerve ni ne dérange les citoyens ». Faisons plus court : elle est l’incarnation même d’un peuple parfaitement discipliné, sérieux et ne rechignant pas aux sacrifices. On connaît dans l’histoire contemporaine peu d’exemples de nations ayant accepté un gel des salaires qui aura duré quinze ans – non sans moult plaintes et réclamations, il est vrai. Ce même esprit d’abnégation a poussé les Allemands à admettre le principe d’un renoncement au nucléaire (après le désastre de Fukushima en 2011) et même au charbon pour se tourner de plus en plus vers les énergies renouvelables. Il s’agissait pour eux d’une mesure d’économie car les factures d’électricité des ménages, et même des entreprises, commençaient à atteindre des sommets quasi inaccessibles.
En dépit de tous les tours de vis subis par la population et les avatars de l’euro, la popularité de la présidente du Conseil se maintient à un taux supérieur à 50 pour cent. Elle est aujourd’hui l’unique survivante de la grande débâcle qui a secoué le monde et dont les répliques se font toujours sentir. Point n’est besoin de rappeler que ses homologues en France, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie ont mordu la poussière, victimes de la crise financière.
Dans les jours à venir, elle devra affronter une épreuve tout aussi ardue que la campagne électorale : la formation d’un gouvernement, une procédure qui devrait déboucher, selon toutes les prévisions, sur une large coalition avec les sociaux-démocrates du SPD, dont le score reste malgré tout assez décevant : un 25,7 pour cent des voix proche de leur plus bas historique d’il y a quatre ans, quand ils avaient cher payé leur alliance avec la CDU-CSU. Échaudés par cette expérience ratée, ils devraient selon toute probabilité faire montre d’une intransigeance susceptible de compliquer les pourparlers. Certes, Mme Merkel pourrait toujours se tourner vers les Verts, eux aussi déçus par le scrutin qui en fait la lanterne rouge des partis admis dans l’hémicycle avec 8,4 pour cent des suffrages exprimés, soit 2,3 points de moins que lors de la précédente consultation. D’ailleurs, les divergences avec l’ogre conservateur sont énormes.
Sur le papier, un accord n’en demeure pas moins du domaine du possible avec le SPD comme avec les écologistes. Les complications, il convient de les chercher ailleurs. Ainsi, le parti de Peer Steinbrück, qui montre peu d’empressement à prendre le train en marche, pourrait une fois de plus être pénalisé par ses électeurs pour sa présence dans une équipe ministérielle où il ferait figure de parent pauvre. Idem pour ces autres minoritaires que sont les Grünen du tandem Jürgen Trittin et Claudia Roth, partisans d’une fiscalisation poussée à l’extrême et d’une conception de l’exercice politique plutôt éloignée de la réalité.
Les eurosceptiques de l’Alternative für Deutschland caressaient l’espoir de voir leur parti faire son entrée à la Diète fédérale. Hélas ! Il n’a pu réunir les 5 pour cent nécessaires et devra ronger son frein en attendant des jours meilleurs qui verraient les Allemands se rallier à l’idée d’abandonner les Européens à leur triste sort. Les radicaux de gauche, eux, n’étant pas dans la course, nul n’a fait le geste de les consulter en prévision d’une possible coopération.
Que les premiers à être approchés par les chrétiens-démocrates aient été, lundi, leurs anciens partenaires de 2005-2009 revêt une signification particulière. Cette prise de contact avec le président du SPD, Sigmar Gabriel, sera suivie à n’en pas douter par d’autres démarches et dans d’autres directions. Les pays qui ont dû céder à l’appel des sirènes de la cohabitation le savent : le plus difficile est à venir. Mais « la politique est l’art des possibles. C’est Otto von Bismarck qui l’a dit ».

 

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