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Liban - Liban

Le réseau des télécoms du Hezbollah à Zahlé, un prolongement des installations de Tarchich

Nouvelle polémique autour du sujet de l’autosécurité.

Manifestation de jeunes en colère, hier à Zahlé, pour protester contre les travaux relatifs au réseau de téléphonie du Hezbollah aux alentours de la ville. Photo Danielle Khayat

L’affaire des travaux d’excavation entrepris dans les environs de Zahlé, afin « d’installer le réseau privé de télécommunications propre au Hezbollah », a fait éclater hier une nouvelle polémique autour du sujet de l’autosécurité.
Cette pratique, qui s’est notamment répandue avec l’apparition des barrages érigés par les membres du parti chiite dans la banlieue sud au lendemain de l’attentat à la voiture de piégée de Roueiss, avait provoqué un tollé dans les milieux politiques qui ont vivement dénoncé la perpétuation, par le Hezbollah, d’un comportement qui continue de s’inscrire « en marge de l’État ». Hier, le ton est monté d’un cran pour stigmatiser une nouvelle mesure unilatérale du Hezb, de plus à Zahlé cette fois-ci, et l’absence totale de réaction des institutions officielles.


Ayant pris contact avec les responsables de la sécurité de la région afin de faire arrêter les travaux entamés aux abords de la ville, le député Kataëb de Zahlé, Élie Marouni, n’avait pas réussi son entreprise dans un premier temps, le Hezbollah ayant, selon lui, poursuivi sans souci aucun les opérations d’excavation. Une attitude qui a provoqué une effervescence dans la ville où les jeunes sont descendus dans la rue pour protester pacifiquement contre le principe et pour dénoncer « la présence d’éléments armés sur le chantier ».


Le député Chant Chinchinian a pour sa part avancé la version selon laquelle les « éléments du parti qui installaient les câbles étaient en tenue civile mais bénéficiaient d’une couverture sécuritaire assurée par des unités armées ». Une information démentie en soirée notamment par une source du parti chiite qui a indiqué que les ouvriers qui se trouvaient sur les lieux « n’étaient pas armés », insistant au passage sur le fait que le chantier était localisé « sur l’axe de Karak, soit en dehors de la ville à proprement parler ». La source a également indiqué qu’il ne s’agissait pas de l’installation d’un nouveau réseau, mais de simples travaux de maintenance d’un réseau installé depuis 5 ans. Des précisions confirmées par le président de la municipalité de Zahlé, Joseph Maalouf, qui atteste qu’il s’agit d’une « vieille installation » qui date de près de cinq ans, « couplée à des canalisations d’eau et bénéficiant d’une autorisation accordée par le conseil municipal qui siégeait à l’époque ».

Ancien ou nouveau ?
Contactée en soirée par L’Orient-Le Jour, une source, qui a voulu garder l’anonymat « pour rester en dehors de la polémique politique », a précisé que ces travaux « de réparation sont intervenus sur le réseau de téléphonie privé du Hezbollah, installé il y a quelque temps déjà ». « Il s’agit d’un câble qui se situe dans le prolongement de la ligne de Tarchich qui avait déjà provoqué des remous il y a près d’un an », a commenté la source.
Confirmant que le câble installé à Zahlé avait effectivement été autorisé « sous le couvert d’une canalisation d’eau », la source a jugé utile de trouver une solution radicale à cette question. « Ce problème relève d’une affaire nationale qu’il s’agit de régler une fois pour toutes par le biais de l’État qui doit trancher la question du réseau de téléphonie privé du Hezbollah, afin de mettre un terme à la valse des controverses politiques suscitées à chaque fois. »
« Soyons clairs, enchaîne la source, ce réseau, d’intérêt stratégique pour le Hezbollah, ne vise ni la ville de Zahlé ni celle de Tarchich. »


En soirée, on apprenait également que les 6 individus qui effectuaient les travaux sur le terrain ont été arrêtés par les services de renseignements de l’armée, le temps d’être interrogés, avant d’être relâchés peu de temps après. Entre-temps, la tension est montée dans différents quartiers de Zahlé, un groupe de jeunes s’étant rassemblés pour dénoncer fermement ce qu’ils considèrent être une « véritable ingérence dans les affaires de la ville ». Rejoignant l’avis de plusieurs responsables locaux, ils ont exprimé leur crainte de voir soumis les habitants de la ville à des écoutes téléphoniques illégales de la part du parti chiite.

Les députés crient au scandale
Les réactions – trés vives – à ce nouvel épisode n’ont pas tardé à affluer. À commencer par le bloc des députés de Zahlé qui, lors d’une conférence de presse, a considéré que l’installation de ce « réseau sécuritaire s’inscrit dans le cadre des écoutes qu’effectuent le Hezbollah en violant la vie privée des citoyens ». S’adressant directement aux responsables du parti chiite, le communiqué, lu par l’un des participants, ajoute : « Si vous craignez un danger quelconque de la part d’Israël, allez donc vous en remettre à l’État présumé faible et illusoire. » Les députés se sont demandé au passage « quelle était l’utilité militaire d’un tel réseau installé à Zahlé », avant de répondre sans ambages : « Il s’agit d’un prétexte pour envahir le domaine public et provoquer des tensions sécuritaires. » Et de signer leur communiqué par cette déclaration finale : « Le caza de Zahlé restera l’oasis de la légalité libanaise par excellence. »


À leur tour, les Kataëb, dont le bureau politique a tenu sa réunion périodique, ont relevé dans un communiqué « le climat trouble suscité par le régime de l’autosécurité, que ce soit au niveau de la réputation du Liban à l’extérieur ou au niveau de la relation ambiguë (du Hezbollah) avec les forces de l’ordre ». Le texte dénonce « l’aggravation de la situation de l’autoadministration proclamée dans la banlieue sud et dans certaines régions se trouvant sous l’emprise du Hezbollah par le fait que le parti fait assumer la responsabilité de cette situation à l’État, et considère que la sécurité de substitution est nécessaire pour pallier le vide créé par l’impuissance de l’État à assurer la sécurité ». Et le parti Kataëb d’exprimer son refus catégorique de « toute nouvelle tentative du Hezbollah de poursuivre et d’étendre sa structure militaire, le dernier exemple en date étant les travaux d’installation d’un réseau privé fixe de télécommunications prés de Zahlé ». Ils ont exhorté les autorités à « réagir fermement face à ce genre d’activités qui risquent de créer des conflits remettant en cause la paix civile ».


Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Hezbollah, qui s’est longuement attardé hier dans sa défense de « l’autosécurité », en général, et dans la banlieue sud, en particulier, a gardé un mutisme absolu sur l’incident de Zahlé. Ce qui a poussé l’ex-député aouniste de la ville de Zahlé, Salim Aoun, à exhorter le parti chiite à publier un communiqué « pour expliquer ce qui se passe », ainsi que les forces de l’ordre d’ailleurs, invitées à « rendre publics les éléments de leur enquête ».

 

 

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commentaires (4)

Au lieu de commérer sur ce sujet, la queue entres les jambes, ne pourrait t’ils pas, en temps et lieu voulu, entreprendre de simples travaux de démaintenance de réseau, et cela sous le couvert d’une canalisation d’eau qui pisse?

Saad Antoune

21 h 47, le 17 septembre 2013

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Commentaires (4)

  • Au lieu de commérer sur ce sujet, la queue entres les jambes, ne pourrait t’ils pas, en temps et lieu voulu, entreprendre de simples travaux de démaintenance de réseau, et cela sous le couvert d’une canalisation d’eau qui pisse?

    Saad Antoune

    21 h 47, le 17 septembre 2013

  • Soyons constructifs...celui là va peut être mieux marcher que le réseau actuel...et quand nous aurons la paix, dans quelques jours, ce sera tout bénéf pour nous. Mort de rire...

    GEDEON Christian

    13 h 35, le 17 septembre 2013

  • Le hezbollah ...viole chaque jour un peu plus... les lois de la République....évidement pour libérer la Palestine des philistins...

    M.V.

    12 h 24, le 17 septembre 2013

  • Ancien ou nouveau, Zahlé ou pas Zahlé, peu importe! qu'on nous montre la loi qui autorise un parti libanais (?) à posséder un réseau de télécommunication privé.

    Yves Prevost

    07 h 05, le 17 septembre 2013

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