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Liban - L’éclairage

Aoun souhaite briser la polarisation ambiante et prendre ses distances avec le Hezbollah

Le chef du Courant patriotique libre (CPL), le député Michel Aoun, est monté d’un cran dans ses positions hostiles au report de l’âge de la mise à la retraite du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, et du chef d’état-major, le brigadier Walid Salmane, sur décision du ministre de la Défense, Fayez Ghosn, conformément aux articles 29, 55 et 56 de la loi sur la défense nationale. La formule avait précédemment été approuvée par le président de la République, Michel Sleiman, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, lesquels avaient estimé qu’il s’agissait là du seul moyen d’éviter le vide à la tête de l’institution militaire. Nagib Mikati avait refusé de proroger le mandat des deux responsables militaires par décret et s’était gardé de convoquer le gouvernement à une séance extraordinaire pour poser tous les sujets qui posent problème, en raison d’une absence de consensus minimal sur d’éventuelles solutions. C’est pourquoi le Premier ministre démissionnaire a finalement accepté la formule du report de l’âge de la mise à la retraite sur décision du ministre de la Défense, selon des sources proches de M. Mikati, qui souhaite empêcher davantage de complications et une aggravation de la crise.


Pour Michel Aoun, « la mesure est anticonstitutionnelle, et ce qui en découle l’est tout autant ». Selon le chef du bloc du Changement et de la Réforme, ce qui se produit n’est « pas moins qu’un coup d’État de certains contre la Constitution ». Le député stigmatise ce qu’il considère comme « une série d’infractions commises par l’ensemble de la classe politique depuis le torpillage du projet de loi du Rassemblement orthodoxe jusqu’à la prorogation du mandat de la Chambre, en passant par l’apathie du Conseil constitutionnel ou encore la domination exercée sur la Chambre, le Conseil des ministres et les centres vitaux de l’État, à travers l’atteinte aux lois et une tendance prononcée au pouvoir personnel ». C’est pourquoi il a appelé à la formation d’un front national regroupant ce qu’il a qualifié « d’autorités dans le domaine juridique et légal ». Selon un député aouniste, l’idée de fondation de ce front émane du général Aoun lui-même, mais a besoin d’élaboration, à travers des contacts qui permettraient de clarifier et d’élargir le concept. Ce n’est donc pas pour demain, compte tenu du nombre important de contacts à effectuer avant de mettre en place cette structure.


Michel Aoun divorcera-t-il de ses alliés du 8 Mars, à la lumière de ses récentes déceptions ? À en croire un cadre aouniste, un débat interne a lieu actuellement à l’intérieur du CPL sur la question de revoir la ligne politique et les alliances du courant. Ce débat devrait se terminer par une prise de position du général Aoun sur les différentes questions litigieuses, quitte à le libérer de ses engagements et du poids de ses alliances. L’homme adopterait alors une ligne indépendante dans les affaires quotidiennes, tout en préservant son alliance stratégique avec le Hezbollah en ce qui concerne la lutte contre Israël.


Selon des sources du 8 Mars, plusieurs personnalités chrétiennes mènent actuellement des tentatives au sein de l’alliance pour réconcilier Michel Aoun et le chef des Marada, Sleimane Frangié, dont les relations se sont nettement détériorées ces derniers jours. De même, des personnalités à la fois proches de Rabieh et du Hezbollah tentent de colmater les brèches dans la relation entre le chef du CPL et le parti chiite, notamment après la dispute autour de la « prorogation » du mandat du général Kahwagi. Cependant, à la différence de Sleimane Frangié, le Hezbollah évite de polémiquer sur la place publique avec le député du Kesrouan. Hassan Nasrallah a donné dans ce cadre des directives strictes à ses cadres d’éviter d’entrer en conflit avec Michel Aoun et ses seconds, surtout à travers les médias. Pourtant, selon les milieux du Hezbollah, le numéro un du parti chiite a une série de reproches à faire au chef du CPL sur son comportement, mais « ne veut pas laver le linge sale en public », préférant laisser la voie libre aux médiations en cours pour ramener les relations à la normale avec Rabieh.


La question se pose toutefois au sein du 8 Mars de savoir si Michel Aoun et ses députés participeront à la prochaine réunion de la Chambre fixée au 20 août, après avoir boycotté les deux premières séances. La raison invoquée par le chef du CPL pour justifier son boycott était la question de la prorogation du mandat du général Kahwagi. Maintenant que cette dernière a été réglée, l’ancien Premier ministre profitera-t-il de l’occasion pour se rabibocher avec le président de la Chambre ? Fera-t-il le nécessaire pour rétablir les ponts avec l’ensemble des composantes de l’alliance, d’autant que la période à venir, avec son lot de développements et de changements, nécessite pour le 8 Mars de refaire son unité et sa cohésion ?


En réponse à ces interrogations, un député aouniste souligne que le débat interne n’est pas encore terminé et que le parti n’a pour l’instant tranché ni dans un sens ni dans l’autre. Selon lui, il y aurait deux logiques au sein du CPL actuellement : la première souligne la nécessité de faire acte de présence, parce qu’il ne faut pas bloquer l’une des institutions constitutionnelles fondamentales du pays, d’autant que l’appellation du bloc parlementaire, le changement et la réforme, lui impose de participer à la séance. La seconde, sur laquelle se basent les partisans du boycott, met l’accent sur toutes les mésaventures et autres « trahisons » subies par le courant et son chef de la part de leurs alliés, en dépit de la clarté des positions du CPL sur la question de la prorogation du mandat de Jean Kahwagi.


Partant, Rabieh, à la lumière des dernières prises de position de Michel Aoun, est plus que jamais sous le feu des projecteurs. En attendant les arguments que Hassan Nasrallah développera aujourd’hui et qui se rapporteront, même si de manière indirecte, à la question de la consolidation du front du 8 Mars dans l’optique des défis à venir. Qu’à cela ne tienne, selon les milieux aounistes, Michel Aoun est déterminé à se repositionner hors de la polarisation 14-8 Mars, dans une tentative de créer un nouveau courant politique fondé sur le respect de la Constitution, des lois et des délais constitutionnels, loin des prorogations et des reports. Dans ce sens, ajoutent-ils, la querelle actuelle avec le Hezbollah aura servi de choc positif et salutaire.

 

Pour mémoire

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commentaires (5)

Etant donné que le mandat du parlement est prorogé et, le nombre de député de chaque camp étant ce qu’il est, l’Éminence orange va devoir se positionner un peu plus au centre si elle veut que son séant conserve une petite chance de devenir locataire du fauteuil suprême en 2014. Encore un ou deux repositionnements comme celui-ci, et il pourra ravir le titre de girouette nationale à M. Joumblatt. Nos politiciens nous assurent toujours que ce ne sont pas leurs « constantes nationales » qui changent… c’est le repère dans lequel elles se trouvent qui n’en finit pas de tourner.

Jack Hakim

16 h 46, le 01 août 2013

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Commentaires (5)

  • Etant donné que le mandat du parlement est prorogé et, le nombre de député de chaque camp étant ce qu’il est, l’Éminence orange va devoir se positionner un peu plus au centre si elle veut que son séant conserve une petite chance de devenir locataire du fauteuil suprême en 2014. Encore un ou deux repositionnements comme celui-ci, et il pourra ravir le titre de girouette nationale à M. Joumblatt. Nos politiciens nous assurent toujours que ce ne sont pas leurs « constantes nationales » qui changent… c’est le repère dans lequel elles se trouvent qui n’en finit pas de tourner.

    Jack Hakim

    16 h 46, le 01 août 2013

  • OU : DE PARA...VENT À VENT !

    SAKR LOUBNAN

    15 h 47, le 01 août 2013

  • Cool ! Il va bientôt fuir de nouveau. 15 nouvelles années de répit, le pied !

    Robert Malek

    10 h 49, le 01 août 2013

  • Grâce au Général Aoun l'Union Nationale s'est faite même si cette union est contre le CPL . Allah y dim el wefe2 . Hariri, Nasrallah, geagea, Berry,Frangieh, Joumblatt, Tashnag, Gemayel , etc... Tous contre Un. Ça rappelle le paysage du début des années 90.

    Chadarev

    09 h 50, le 01 août 2013

  • Kleenex...CPL jetable, en quelque sorte...j'exagère un peu,OK. Mais il doit se sentir un peu seul sur ce coup là,GMA. Non?

    GEDEON Christian

    02 h 04, le 01 août 2013

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