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Ça surfe par ici !

Ils vont par petits groupes se retrouver sur la plage de Jiyeh ou de Batroun, tôt le matin, quand la plage est calme et les vagues à point. Cap sur le surf au large de nos côtes.

Lena Allam.

Le week-end ne s’annonce pas bon pour les surfeurs. Sur la page Facebook de Surf Lebanon, on lit : « Les quelques vagues promises samedi ont apparemment rétréci. De petites “enflures” dimanche pour ceux qui y tiennent absolument. » La communauté des surfeurs au Liban est petite et éparpillée. La page Facebook de Surf Lebanon rassemble les quelque 200 fans. C’est là qu’ils partagent photos, infos et liens intéressants. Et c’est surtout là-dessus qu’ils se donnent rendez-vous. 
Entre les plages de Batroun, Ramleh et Jiyeh, ils sont une quarantaine d’adeptes au Liban, des Libanais qui vivaient à l’étranger où ils se sont mis au surf, mais aussi des surfeurs de nationalités différentes : française, mexicaine, américaine ou autres.


Lena Allam, 19 ans, se réveille vers 5h30 les jours convenus. Elle prend un petit déjeuner assez consistant, « c’est essentiel pour la journée qui s’annonce ». Depuis qu’elle surfe, elle suit un régime alimentaire, mais aussi physique. Elle mange sain, ne boit pas d’alcool la veille des parties de surf et a repris la natation pour être mieux en forme. La jeune étudiante en gestion, qui n’a jamais été sportive jusqu’alors, se dépêche pour être à Jiyeh à 6h30. Une fois là, elle contemple la mer pour un bon quart d’heure : elle « lit » les vagues pour mieux les comprendre. Puis elle rame jusqu’au point de rassemblement dans l’eau, le line-up, où les surfeurs attendent qu’une vague naissante les appelle chacun à son tour. Une attente de 10 à 15 minutes pour une aventure qui durera 15 secondes. Quinze secondes durant lesquelles l’expérience de ramer pour attraper la vague, de sauter debout et de se maintenir en équilibre sur la planche, puis de rester dans cette même vague tant qu’elle ne casse pas vaut toute la peine. C’est tout cela, mais aussi l’adrénaline qui se déverse dans les veines qui rendent les surfeurs accros, au point d’en faire une priorité, un mode de vie. « Mes amis ne comprennent pas toujours que le surf passe en premier pour moi. Je les ai emmenés avec moi car l’ambiance est toujours très cool autour du surf. Quelques-uns l’ont même essayé. » 


Le surf est un sport aquatique qui se pratique tout au long de l’année. Le temps et la chaleur de l’eau ne comptent pas, mais plutôt le vent et le « swell », mot qui désigne l’énergie et le courant dans les vagues. On dit même que le meilleur surf se fait juste après une tempête. Heureusement que les combinaisons sont imperméables !
Pour chaque type de vague, sa technique et sa planche. Une mer calme est idéale pour le paddling, où l’on rame debout sur la planche. Il y a naturellement le shortboard ou surf classique, et le bodyboard où les plus avancés tanguent sur une planche plus longue. La technique s’apprend en leçons théoriques et pratiques, les manœuvres et le style personnel se développent avec la pratique. On peut déjà sortir en mer dès la troisième séance, mais « attraper les vagues » est une autre histoire. « Il y a des jours où, pendant deux heures, je n’arrive pas à attraper une seule vague », dit Lena, avant d’ajouter : « Mais cela ne rend pas l’expérience moins attrayante. » La mer, le vent, le soleil et la compagnie rendent l’atmosphère autour du surf très relaxe. 


Ali Elamine a grandi en Californie, la région culte du surf. Il en a gardé l’accent et le fameux hâle tout au long de l’année. Ali a cofondé Surf Dubai avec un ami avant de s’installer il y a deux ans au Liban. Ancien compétiteur, il coache maintenant les jeunes adeptes et accompagne les plus avancés lors des randonnées le long du littoral libanais.
Depuis l’âge de 15 ans quand il s’y est mis, sa vie tourne autour des planches à surf. Il en a 30 maintenant et il gagne sa vie en important équipements et matériel. En parallèle, il donne des cours pour différents niveaux à raison de $60 les 80 minutes et organise pour la même somme des excursions de stand-up paddle pour les non-initiés. « Ce n’est pas un travail très rentable au Liban, mais au moins je me réveille chaque jour pour faire quelque chose qui me passionne. »
Dans son parcours, Ali aura chevauché les meilleures vagues du monde : à Hawaï, au Portugal et en Australie. Rien de comparable avec celles bien plus modestes du Liban, mais elles lui offrent en contrepartie l’avantage de l’exclusivité ou presque. « La vague ici m’appartient, elle est à moi, rien qu’à moi. » Au Portugal ou en Californie, des dizaines de surfeurs se rangent en file et disputent chaque gonflement du flot. L’étiquette du sport n’étant pas toujours respectée, c’est le plus rapide ou le plus opportuniste qui se l’approprie.

« Je vais surfer tant que je pourrai le faire »
Depuis 18 mois, la vie des Allam tourne autour du surf. Lena est leur fille unique, et volontiers ils l’accompagnent et la filment, ils choisissent le Portugal comme destination pour leurs vacances, et lui offrent en cadeau d’anniversaire une planche longue – taillée par un célèbre shaper – qui décore sa chambre en attendant que Lena devienne de niveau. Même sa recherche de stage et d’études supérieures se limite à des villes où l’on surfe. Elle est accro pour la vie. « Je vais surfer tant que je pourrai le faire », confie-t-elle. Sur son compte Facebook, une photo récente : elle est couchée à plat ventre sur une planche, les mains jointes en supplication. La légende indique : « S’il te plaît maman, laisse-moi surfer encore un peu. »

Sahar CHARARA


 

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