Michel Aoun avait notamment critiqué mardi le président de la République Michel Sleiman – lequel a « commis une erreur », selon lui, en adressant un mémorandum à l’ONU sur le bombardement syrien d’un territoire (Ersal) « qui n’est pas sous notre contrôle » – et avait réclamé « l’interrogatoire par la justice » du ministre de l’Intérieur Marwan Charbel dans l’affaire el-Assir.
« Il est vrai que les circonstances difficiles que le Liban et la région traversent nous imposent de nous élever au-dessus des petites contingences et de nous éloigner des polémiques politiques par respect pour la mémoire des martyrs récemment tombés, a affirmé hier Samir Geagea dans un communiqué. Cependant, ce qu’a affirmé hier le général Michel Aoun dépasse le cadre des tiraillements habituels et touche l’essence de la Constitution, du régime démocratique et des institutions légales. »
« L’atteinte au président de la République, en raison de positions patriotiques et souverainistes telles que celles que nous attendions inlassablement depuis Taëf, constitue une tentative de la part du général Aoun d’encercler et de marginaliser la seule instance constitutionnelle souverainiste qui demeure et le dernier rempart de la République libanaise. Quel est donc le modèle de président que souhaite Aoun pour le Liban ? Souhaite-t-il reproduire l’expérience du président fantoche des temps de l’occupation syrienne ? Veut-il d’un président qui arrête nos jeunes, se livre à des “7 août” et jette les militants dans les prisons ? Est-ce là son aspiration profonde ? Ou bien ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un président qui n’ait pas de doubles standards, qui veille au respect de la Constitution et qui défende la souveraineté libanaise contre les violations syriennes et israéliennes de manière égale, comme le fait Michel Sleiman depuis qu’il a accédé à la présidence de la République ? » a déclaré M. Geagea.
Concernant par ailleurs l’appel lancé par le chef du CPL visant à interroger Marwan Charbel, M. Geagea a dit : « Le général Aoun a pris le pli de construire sa notoriété sur le dos de victimes politiques. Il tente de réduire la crise qui ravage le Liban depuis des années à la personne du ministre de l’Intérieur, faisant mine d’ignorer les causes de la maladie, en l’occurrence les armes du Hezbollah, la suprématie de cet arsenal sur la vie politique et la création d’une classe politique totalement inféodée à ce dernier. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est de cesser de divertir les Libanais avec des questions d’ordre secondaire pour détourner les regards de la propagation des armes illégales. Il faut en finir avec ces armes et leurs ramifications sécuritaires et politiques, aussi bien celles qui menacent les fondements de l’État et la paix civile que celles qui ont imposé un gouvernement à l’image des armes. »
Et le leader des FL d’ajouter : « S’il y a quelqu’un que la justice doit bel et bien interroger, c’est le bloc le plus important au sein du cabinet, qui était trop affairé dans ses marchandages, combines, campagnes de provocations, compromis et postures de couverture des armes illégales et de défense de leur implication en Syrie, alors que le phénomène el-Assir grandissait sans que personne n’en ait cure. »
Les armes du Hezbollah à l’origine d’Assir
« Le phénomène Assir n’est pas isolé dans l’espace et le temps, a poursuivi M. Geagea. Il s’agit d’un épisode d’une longue série dont l’un des actes était les incidents de Mar Mikhaël, les guerres de Chaker el-Absi, l’assassinat du capitaine Samer Hanna à Soujod, entre autres incidents et violations, qui laminent progressivement le prestige des institutions légales. La fin du phénomène Assir ne sera qu’un calmant tant que la réalité des armes du Hezbollah restera telle quelle. Le général Aoun suivra-t-il l’exemple des chefs de la communauté sunnite et de tous les autres leaders nationaux qui ont ôté toute couverture aux armes d’Assir et empêché de ce fait la discorde sectaire ? Ou bien persistera-t-il à couvrir des armes qui tantôt tuent Hachem Selmane, et tantôt terrorisent les habitants de Fanar, de Jdeideh ou Dekouané, ou encore qui bombardent Beyrouth et la Montagne comme cela s’est produit le 7 mai 2008 ? », s’est interrogé
M. Geagea.
Le chef des FL a ensuite appelé la justice à prendre les sanctions les plus sévères à l’encontre des criminels de Abra. « Cependant, les autres assassinats d’officiers et de soldats, comme Wissam Eid, François el-Hage ou Wissam el-Hassan et leurs compagnons, qui sont entre les mains d’autres tribunaux, notamment du TSL, nécessitent aussi une action parallèle, qui commence par la mainmise de la justice sur les quatre accusés (du Hezbollah, poursuivis par le TSL dans l’affaire Rafic Hariri), ainsi que l’adoption des sanctions les plus sévères contre ceux qui fomentent, exécutent et incitent à la réalisation de ces crimes, depuis la tentative d’assassinat de Marwan Hamadé jusqu’à celui de Wissam el-Hassan, en passant par le réseau Assad-Samaha », a-t-il souligné.
« Une mentalité populiste, mercantile, revancharde »
« Quant aux atteintes du général Aoun contre le commandant et le commandement en chef de l’armée, à un moment où nous devons tous soutenir la troupe pour lui permettre de transcrire dans la réalité le soutien politique et populaire dont elle dispose, elles ne sauraient être séparées de l’assassinat du capitaine Samer Hanna, ni des agressions des partisans de Assir contre l’armée, a déclaré M. Geagea. La vision qu’a Aoun du mécanisme des nominations au sein du commandement de l’armée et d’autres institutions officielles découle d’une mentalité populiste, mercantile et revancharde, à mille lieues des mécanismes constitutionnels en usage. Aoun œuvre-t-il avec le reste des forces du 8 Mars à transposer le vide aussi au commandement de l’armée, après la paralysie du rôle des institutions constitutionnelles et sécuritaires ? Ce que propose tout simplement le général Aoun, c’est de faire entrer la politique et ses tiraillements au sein de l’institution militaire, à l’heure où nous avons le plus besoin d’éloigner l’armée des surenchères et de la garder à l’écart des polémiques politiques pour qu’elle puisse remplir son rôle et étendre son autorité sur l’ensemble du territoire libanais », a ajouté Samir Geagea.
Et de conclure : « Le phénomène Assir a pris fin et l’armée a perdu des martyrs qui nous sont chers. Il est aujourd’hui requis d’en finir avec le phénomène initial qui a engendré Assir et qui ne s’arrête pas à Abra et ses habitations, mais qui s’étend à travers ses armes, son réseau de communications et ses missiles de Naqoura au Akkar, des hauteurs du Sannine à Qousseir, Homs et le reste de l’hinterland syrien. Le général Aoun ôtera-t-il sa couverture au phénomène milicien originel ? »
commentaires (5)
Laissez tomber Samîr, oubliez-le ! Vous perdez votre temps Hakîm avec ce type. Ça ne sert à R i e n ! Déëélle maïy maïy.....
Antoine-Serge KARAMAOUN
13 h 51, le 27 juin 2013