Rechercher
Rechercher

À La Une - Éclairage

De Qousseir à Beyrouth, un forcing pour encercler le Hezbollah

Soudainement, le monde entier a les yeux fixés sur le Liban et sur ce qui est appelé la participation du Hezbollah aux combats de Qousseir. Même le président américain Barack Obama s’est fendu d’un coup de fil au chef de l’État Michel Sleiman pour dénoncer l’intervention de ce parti dans les combats en Syrie et lui demander de tenter d’y mettre un terme. Si les combats de Qousseir s’étaient soldés par une victoire de l’opposition, il est évident que les réactions n’auraient pas été aussi unanimes et radicales. Mais comme il s’agit d’une bataille stratégique qui pourrait bien entraîner un renversement du statu quo qui a duré pendant des mois en Syrie, l’Occident et ses alliés s’empressent de pointer du doigt le Hezbollah.


Réagissant à ce tollé quasi général, des sources proches de la formation commencent par le trouver plus ou moins flatteur. Selon ces sources, le régime syrien se bat depuis plus de deux ans et à la première victoire significative qu’il remporte, on crie à l’intervention du Hezbollah, comme si les succès militaires ne peuvent que lui être attribués. En même temps, les sources proches du Hezbollah précisent qu’avec sa franchise habituelle, le secrétaire général de cette formation a clairement expliqué la portée de la participation du parti dans les combats en Syrie. Il s’agit d’abord de défendre les habitants libanais des villages syriens autour de Qousseir, menacés dans leurs biens et leurs vies par les rebelles syriens qui avaient pris le contrôle de la région depuis plusieurs mois, et ensuite de protéger les lieux saints chiites en Syrie, comme le mausolée de Sitt Zeinab, pour éviter le déclenchement d’une discorde totale entre les deux principales branches de l’islam, les sunnites et les chiites.

 

(Lire aussi : L’UE envisage l’inscription de la branche armée du Hezb sur sa liste terroriste)


Dans son dernier discours, Hassan Nasrallah a été encore plus loin, expliquant que pour ce qu’il appelle la résistance libanaise, l’objectif réel de la guerre en Syrie est de l’encercler et de briser l’axe dont elle fait partie. Ce qu’il ne dit pas vraiment, mais qui est sous-entendu, c’est qu’il est donc normal qu’elle y prenne part d’une manière ou d’une autre, puisque avec la Syrie et l’Iran, il s’agit d’une même cause et d’un même bloc. La guerre en Syrie ne serait donc qu’une nouvelle face, ou un nouvel épisode, de la confrontation générale entre deux camps, celui de la résistance et celui qui veut le compromis avec Israël au prix d’immenses concessions.


Pour étayer cette vision des choses, les sources proches du Hezbollah ajoutent que tout ce qui se passe actuellement va dans ce sens. Elles précisent ainsi que la chute du gouvernement Mikati devait être le prélude à la formation d’un gouvernement dit « du fait accompli » qui organiserait des élections au plus tôt sur la base de la loi actuelle, aboutissant ainsi à la victoire du 14 Mars et à l’isolement du Hezbollah, dont l’influence serait nulle au sein du gouvernement et quasiment affaiblie au sein du Parlement. D’ailleurs, les deux conditions posées par le chef des renseignements saoudiens et l’actuel homme fort du royaume wahhabite l’émir Bandar ben Sultan à ses interlocuteurs libanais au sujet de la formation du prochain gouvernement sont concluantes : non à une participation directe du Hezbollah et non au tiers de blocage. De plus, ces conditions sont posées pour le gouvernement en principe de transition, que serait-ce alors pour le gouvernement qui devrait suivre les élections – qui seraient bien évidemment perdues par le Hezbollah et ses alliés –, alors qu’en Syrie, le régime serait de plus en plus affaibli...

 

(Lire aussi : Halte aux crimes commis par le Hezb à Qousseir, crient des jeunes depuis le centre-ville)


Mais, toujours selon les mêmes sources, le 8 Mars et le CPL ont réagi. Ce camp a commencé par appuyer la candidature de Tammam Salam à la présidence du Conseil, contraignant en quelque sorte ce dernier à donner la priorité à la formation d’un gouvernement d’entente. Il a ensuite stoppé une première tentative de former un gouvernement du fait accompli, lorsque le président Michel Sleiman a demandé à Salam si Walid Joumblatt était d’accord avec sa mouture et ce dernier avait eu cette phrase : « Ce gouvernement signifierait la guerre civile. » Joumblatt a alors demandé à Salam de se rendre chez Berry qu’il n’avait pas consulté au sujet du gouvernement. L’entretien était aimable, mais rien de concret n’en a résulté. Le 8 Mars et le CPL ont aussi stoppé une deuxième tentative, poussant Joumblatt à se rendre d’urgence en Arabie saoudite pour demander un délai supplémentaire avant l’annonce du gouvernement et laisser une chance à une entente sur le sort des élections. Joumblatt a obtenu gain de cause, mais en même temps, il aurait entendu des mots assez durs de la part de ses interlocuteurs saoudiens à l’égard du 8 Mars. Ce qui signifie, selon les mêmes sources, que le plan visant à encercler le Hezbollah et à l’affaiblir sur la scène politique se poursuit. Elles ajoutent d’ailleurs que la dernière visite du ministre iranien des Affaires étrangères en Arabie saoudite n’a pas abouti à un accord entre Salihi et l’émir Saoud al-Fayçal. Le ministre iranien aurait proposé à son interlocuteur de laisser de côté le dossier syrien et de s’entendre sur le reste, dont le Liban. Mais son homologue saoudien aurait refusé, mettant l’accent sur les interventions iraniennes un peu partout dans le monde arabe.


Les sources proches du Hezbollah affirment ainsi qu’il y a actuellement un forcing arabe et international pour contraindre le Liban à pointer du doigt cette formation ; en plus du tollé autour de Qousseir, des pressions sont exercées pour obtenir la tenue des élections à la date prévue, sur la base de la loi de 1960, et la formation d’un gouvernement le plus tôt possible sans le Hezbollah et sans le tiers de blocage. Ce gouvernement adopterait dans sa déclaration ministérielle une politique de neutralité du Liban à l’égard de la Syrie (plus forte que la dissociation), sans évidemment mentionner la fameuse équation armée-peuple-résistance. De la sorte, le Hezbollah n’aurait plus d’influence sur le Liban officiel en prélude à son affaiblissement politique au Parlement.

 

 

Lire aussi

Mourir pour Qousseir, l'éditorial de Issa Goraieb

 

Deux batailles, un même K.-O., l'article d'Elie Fayad

Soudainement, le monde entier a les yeux fixés sur le Liban et sur ce qui est appelé la participation du Hezbollah aux combats de Qousseir. Même le président américain Barack Obama s’est fendu d’un coup de fil au chef de l’État Michel Sleiman pour dénoncer l’intervention de ce parti dans les combats en Syrie et lui demander de tenter d’y mettre un terme. Si les combats de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut