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Liban - Société

« Nous sommes prêts à écouter », ou comment aider les hommes à gérer leur colère

La campagne « Nous sommes prêts à écouter » pour la gestion de la colère des hommes se poursuivra jusqu’au 15 juillet. D’autres campagnes seront menées sur une base régulière.

Nada MERHI

 

« Vous êtes énervé ? Toujours survolté ? Au bout du rouleau ?
Ne vous défoulez pas sur votre famille. Nous sommes prêts à écouter. Appelez donc la hotline 71283820. » Depuis le 13 juin dernier, une campagne nationale adressée spécifiquement aux hommes qui ont du mal à se contenir est menée sur l’ensemble du territoire. Objectif ? Pas moins que les aider à gérer leur stress et la colère qu’ils déversent, en général, sur leurs familles.
Cette campagne, placée sous le thème « Nous sommes prêts à écouter » (Meste’deen nesma’ haki), est le fruit d’un partenariat entre les ONG International Medical Corps (IMC) et Abaad. Elle est menée avec le soutien de la Fondation arabe pour l’égalité et la liberté (Arab Foundation For Equality and Liberty – AFE) et se poursuivra jusqu’au 15 juillet.
« Le thème de la campagne revêt un double sens, explique Ghida Anani, fondatrice et directrice de Abaad. D’une part, c’est une allusion à la violence verbale des êtres humains envers leur entourage, qui agissent de la sorte sous l’effet du stress et de la colère. D’autre part, c’est une indication à la mission du Centre des hommes relevant des ONG IMC et Abaad, où des spécialistes aident les hommes qui le désirent à gérer leur stress en leur faisant découvrir des alternatives pour se contrôler et pour se comporter d’une manière moins agressive. »
Pour assurer la réussite de cette campagne, les organisateurs ont eu recours à différents moyens médiatiques : spots publicitaires à la radio et à la télévision, comme sur YouTube, panneaux publicitaires dans les régions où se trouvent notamment les jeunes (devant les pubs, les restaurants, les universités...), page sur Facebook. De même, des brochures ont été distribuées dans les pharmacies, les centres médico-sociaux et les dispensaires dans le Grand Beyrouth.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. En près de trois semaines, environ 1 650 personnes ont visionné l’annonce publicitaire sur YouTube, plus de 90 hommes ont appelé le centre pour prendre des informations et 18 d’entre eux s’y sont rendus à la recherche d’une aide. Deux caractéristiques ont encouragé les hommes à faire le pas : la confidentialité et le service gratuit.

Thérapie individuelle
Les hommes qui prennent rendez-vous « n’ont pas nécessairement le profil d’une personne violente, constate Ghassan Assaf, psychothérapeute du Centre des hommes. Ce sont plutôt des individus qui n’ont pas honte de rechercher une aide afin de prévenir une éventuelle situation de violence. En général, ce sont des gens qui souffrent de pressions familiales, économiques et psychiques. Pour éviter d’atteindre le point de non-retour, ils nous appellent à la recherche d’une aide ».
« Généralement, c’est la jonction de plusieurs facteurs auxquels s’ajoutent des caractéristiques psychiques individuelles qui poussent l’homme à se comporter d’une manière violente, ajoute Ghassan Assaf. Nous leur offrons une thérapie individuelle dans le cadre de laquelle nous les aidons à identifier les causes qui les mènent ou pourraient les mener à un état de violence ou de colère. Nous les poussons également à trouver des alternatives, comme le fait de dialoguer avec le partenaire au lieu de verser toute sa colère sur lui, de faire du sport, etc. Nous n’avons pas des solutions toutes prêtes que nous leur suggérons. Chacun d’entre eux trouve celles qui lui conviennent le mieux. »
En plus de la thérapie individuelle, le Centre des hommes organise des ateliers de travail à l’intention de jeunes hommes âgés entre 18 et 25 ans. Ceux-ci sont centrés sur la prévention de la violence, « parce que nous voulons que l’homme soit un partenaire dans la lutte contre la violence », insiste Ghassan Assaf, qui ajoute : « Nous travaillons avec les hommes à abolir les abus de pouvoir et les caractéristiques du machisme lié au genre, mais aussi en faveur d’une égalité entre les genres. »
Situé à Furn el-Chebback, le Centre des hommes comprend une équipe formée d’un psychothérapeute, d’un coordinateur, d’un superviseur et d’un évaluateur. « Dans les prochains mois, des assistants sociaux se joindront à l’équipe ainsi qu’une psychothérapeute », précise Ghassan Assaf.

Projet pilote
« Nous essayons, à travers cette campagne, de transmettre un message d’empathie avec les hommes victimes de pressions sociales, note Ghida Anani. Certains de ceux qui viennent consulter évoquent un sentiment d’infériorité résultant principalement des pressions économiques dans une société patriarcale où la norme veut que l’homme subvienne aux besoins de sa famille. D’autres parlent de la violence dont ils ont été victimes ou témoins, soulignant qu’ils n’ont pas d’alternatives et qu’il s’agit de la manière dont il faudrait se comporter. »
Et d’affirmer : « Nous encourageons toutes les stratégies susceptibles de permettre de lutter contre la violence dont sont victimes les femmes. Il est donc essentiel de travailler sur les législations et sur la “capacitation” des femmes, mais il est encore plus important de travailler avec les hommes sur des alternatives non violentes pour la gestion de la colère et du stress, les techniques de relaxation à titre d’exemple. »
Le Centre des hommes est dans une phase pilote qui « est une démonstration du modèle de réhabilitation des hommes telle que prévue dans le projet de loi pour protéger la femme de la violence domestique », indique Ghida Anani. « La prochaine étape consiste à engager des discussions avec les ministères des Affaires sociales et de la Santé dans le but de répliquer ce centre dans d’autres régions libanaises de manière à ce qu’ils soient rattachés aux centres communautaires. Entre-temps, la campagne médiatique se poursuivra d’une manière régulière dans un support médiatique à la fois », conclut Ghida Anani.

Nada MERHI
 
« Vous êtes énervé ? Toujours survolté ? Au bout du rouleau ? Ne vous défoulez pas sur votre famille. Nous sommes prêts à écouter. Appelez donc la hotline 71283820. » Depuis le 13 juin dernier, une campagne nationale adressée spécifiquement aux hommes qui ont du mal à se contenir est menée sur l’ensemble du territoire. Objectif ? Pas moins que les aider...

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