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Culture - Photographies

Ariane Delacampagne, un regard sur l’histoire

« Les Arméniens de Bourj Hammoud, état des lieux » est une série de photos en noir et blanc accrochées à la galerie d'exposition du CCF jusqu'au 29 avril, qui témoignent du regard juste et authentique de la photographe Ariane Delacampagne.

Le noir et le blanc pour mieux illustrer le passé.

Cela fait cinq ans qu'elle quadrille les rues de Bourj Hammoud. Cinq ans qu'elle va à la rencontre de gens inconnus, qu'elle cogne à leur porte, qu'elle pénètre leur intimité (sans effraction), qu'elle met à nu leurs blessures, leurs angoisses et leurs questionnements. Avec pudeur et en toute révérence (« je n'ai jamais pris des photos à la dérobée », avoue-t-elle), Ariane Delacampagne, photographe d'origine arménienne, née au Liban, mais travaillant à New York depuis vingt-cinq ans, s'est fait humblement le témoin d'un microcosme humain.
Alors qu'elle publie deux ouvrages de photographies, Animaux étranges et fantastiques en 2003 et Visages et voix du flamenco en 2007, l'artiste participe à plusieurs expositions collectives et individuelles, notamment à New York et à Séville.
À l'origine de ce travail de longue haleine que la photographe a entrepris il y a quelques années, une rencontre qui a enclenché tout un processus. « J'avais rencontré à New York une très vieille dame survivante du génocide. J'ai été intéressée par sa figure et son caractère, et je l'ai photographiée, dit Delacampagne. J'ai donc décidé de retourner au Liban à la recherche de ces survivants et de faire un travail de mémoire. »
Ariane Delacampagne a appris à découvrir le quartier de Bourj Hammoud. Elle s'est mise à explorer les moindres recoins de cet espace mythique à dimension historique - puisque c'est là que les survivants du génocide sont venus s'abriter et construire leurs baraques ou maisons -, « ce qui a donné à ce quartier une unité profonde et un sentiment d'appartenance très grand », ajoute la photographe. Mais au-delà de l'aspect historique, il y avait le côté humain qui intriguait la photographe. Comment ces personnes vivaient la solitude, le départ de leurs enfants, la dislocation des familles et, d'autre part, la disparition des petits métiers et la destruction de leurs maisons dans le but de construire des immeubles modernes. Voilà les questions soulevées par ce « reportage » urbain, qui traite également du volet de la vieillesse.

Arpenter les rues
Au fil des repérages successifs, Ariane Delacampagne effectue des rencontres qu'elle fixera à jamais grâce à son objectif. « Je leur parle longuement avant de les photographier, toujours dans leur cadre familier, leur maison ou leur lieu de travail.» «Je ne suis jamais passée par le biais d'organisations, ajoute-t-elle, mais c'est grâce à elles que j'ai appris l'existence du camp de Sanjak, ce lieu historique destiné bientôt à la destruction.
Si le choix du noir et blanc ainsi que le regard fixe des sujets est délibéré, la photographe précise que ce ne sont pas des clichés nostalgiques, ni même un pèlerinage. « C'est mon regard personnel, avec mon bagage et ma culture, que je porte sur ces lieux et ces cadres que je n'ai pas cherché à changer.»
Tant dans les espaces qui évoquent une grande solitude (hospice pour personnes âgées) que dans les boutiques et échoppes d'artistes (peintres ou sculpteurs), d'artisans (confectionneuse de tenues religieuses, marchand de chaussures, technicien et autres), on retrouve cette dentelle propre aux Arméniens, ces icônes et images religieuses. Un joyeux fatras qui illustre en toute honnêteté ces caractères.
Et derrière ces rides, ces mains parcheminées, ces sourires esquissés ou ces regards fixes, c'est un pan de l'histoire qui est raconté.
Cela fait cinq ans qu'elle quadrille les rues de Bourj Hammoud. Cinq ans qu'elle va à la rencontre de gens inconnus, qu'elle cogne à leur porte, qu'elle pénètre leur intimité (sans effraction), qu'elle met à nu leurs blessures, leurs angoisses et leurs questionnements. Avec pudeur et en toute révérence (« je n'ai jamais pris des...

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