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À La Une - Liban

Nasrallah appelle à une entente générale sur la présidentielle

Le secrétaire général du Hezbollah accuse les Etats-Unis d'être derrière la poursuite des combats en Syrie et critique violemment l'offensive saoudienne au Yémen.

Photo AFP/STRINGER

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est apparu mardi soir en personne dans le complexe Sayed al-Chouhada' dans la banlieue-Sud de Beyrouth à la veille de la commémoration de l'Achoura, abordant durant son discours la situation en Syrie, au Yémen et au Liban.

La commémoration de l'Achoura est la plus importante du calendrier chiite. Les pèlerins pleurent leur martyr Hussein, assassiné en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid durant la bataille de Kerbala. Selon la tradition, l'imam Hussein a été décapité et son corps mutilé, ce que de nombreux fidèles commémorent par des actes d'auto-flagellation. Des pèlerins chiites du monde entier visitent chaque année son mausolée à Kerbala, situé à 80 km au sud-ouest de Bagdad.
Des millions d'autres, du Liban à l'Asie, commémorent la mort de l'imam dans leur pays respectifs, s'adonnant aussi à une kyrielle de rituels. Certains se flagellent le dos, d'autres se frappent la tête avec une épée jusqu'à ce leur visage et leur vêtement immaculé soient recouverts de sang.

 

"Le choix du Hezbollah a toujours été clair"

Sur le plan local, le leader chiite a appelé à une entente générale sur l'élection présidentielle, laissant ainsi entendre qu'un accord bilatéral entre le Courant du Futur et les aounistes ne suffirait pas.

"Durant les dernières semaines, le pays a été témoin d'événements politiques positifs concernant l'élection présidentielle libanaise. Il était question d'un accord ou d'un soutien du chef du Courant du Futur, Saad Hariri, à la candidature du général Michel Aoun. Tout développement politique positif qui aboutit au résultat souhaité obtient notre soutien et nos encouragements, et nous reconnaissons le courage de ceux qui sont responsables de ces développements", a-t-il déclaré, en allusion à M. Hariri.

Michel Aoun, fondateur du Courant patriotique libre est jusqu'ici soutenu par son allié, le Hezbollah, ainsi que par les Forces libanaises de Samir Geagea. Le chef des Marada, Sleiman Frangié, est soutenu par le Courant du Futur de Saad Hariri. Néanmoins, plusieurs rumeurs, démenties à ce stade par le Courant du Futur, laissent penser que M. Hariri pourrait finalement appuyer la candidature de M. Aoun.
Michel Aoun et Sleiman Frangié sont tous deux issus de la coalition du 8 Mars qui gravite autour du Hezbollah.

"Le choix du Hezbollah a toujours été clair. Nous avons annoncé, il y a deux ans, jour pour jour, notre soutien à Michel Aoun, qui est un candidat naturel. Nous avons choisi de boycotter les séances électorales dans le cas où nous n'avons pas la garantie de l'élection de Michel Aoun à la présidence. Ceci est notre droit naturel et légal. Même si nous élisons un président, on dira encore que le Hezbollah ne voulait pas de président et qu'il a été obligé de voter pour lui", a lancé le leader chiite.
"Nous avons fait l'objet de beaucoup de pression régionales et internationales et il y a eu des contacts afin que nous retirions notre soutien à Michel Aoun", a-t-il déclaré, avant d'affirmer que sa formation est "accusée depuis deux ans de paralyser la présidentielle, le Parlement, et le gouvernement. D'aucuns veulent la discorde entre le Hezbollah et ses alliés, le CPL, Amal et les Marada. Ils ne se soucient pas de l'élection d'un chef de l'Etat".

 

(Lire aussi : Présidentielle : Frangié et le CPL campent sur leurs positions)

 

Après avoir reconnu que le parti chiite "gardait depuis deux à trois semaines le silence", Hassan Nasrallah s'est prononcé sur  le choix de sa formation. "Malgré le fait que Sleiman Frangié est notre allié et notre ami, nous maintenons notre choix initial (le soutien à Michel Aoun). Mais si M. Frangié se retire aujourd'hui de la course, cela résoudra-t-il le problème ? Ce ne sera le cas qu'avec le soutien de M. Hariri à Michel Aoun".
Et d'ajouter : "Il y a entre le Courant du Futur et le CPL une entente, mais pas un marché. Qu'est-ce qui empêche donc qu'il y ait des ententes avec Nabih Berry et Sleiman Frangié et les autres alliés ? Il faut des contacts, des rencontres, afin que la présidentielle aboutisse. Les Libanais doivent durant les semaines à venir déployer leurs efforts afin d'obtenir une entente et que nous puissions élire un président pour former ensuite un gouvernement d'union nationale et que nous organisions des législatives pour que la vie politique reprenne son cours. Nous n'attendons rien des développements dans la région. Cela a toujours été le cas pour nous".

Critiquant ses observateurs, Hassan Nasrallah a lancé : "Certains journalistes ont affirmé que si le chef du Hezbollah hausse ce soir le ton concernant l'Arabie saoudite, il sabotera les chances du général Michel Aoun d'arriver à la présidence de la République. Mais je ne vois pas le lien entre ces deux sujets. C'est du chantage. En tous les cas, je ne suis pas quelqu'un qui insulte. Dénoncer des faits est-il devenu inacceptable ?".

 

(Lire aussi : Présidentielle : un chemin semé d'embûches..., le décryptage de Scarlett Haddad)

 

"Il est nécessaire de réactiver le travail du gouvernement"

Hassan Nasrallah a en outre appelé son allié aouniste à assister à nouveau aux réunions du gouvernement, alors que le CPL boycotte partiellement le Conseil des ministres, arguant d'une atteinte au Pacte national et au principe de la participation de tous les pôles politiques à la prise de décision.

"Il est nécessaire de réactiver le travail du gouvernement, nous appelons nos alliés à revenir au cabinet, en échange de garanties concernant le respect de la participation de tous. Il faut également réactiver le travail du Parlement. Certains réclament que la loi électorale soit à l'ordre du jour. Nous avons peut-être des divergences avec nos alliés (en allusion au CPL), mais nous devons avoir à l'esprit qu'il faut empêcher la paralysie du Parlement car de nombreux dossiers sont en suspens", a insisté Hassan Nasrallah.

Le chef du Hezbollah a enfin exprimé l'attachement de sa formation à la stabilité et la paix civile au Liban, affichant dans ce contexte son soutien à l'armée libanaise, "indépendamment de toutes considérations politiques".

 

(Lire aussi : Pour les partis chrétiens, une nouvelle loi électorale est une nécessité absolue)

 

"Les Américains veulent balayer l'EI de l'Irak vers la Syrie"

Sur le plan régional, le chef du Hezbollah a abordé la question du conflit en Syrie et au Yémen.
Il est revenu sur l'échec des négociations en Syrie, notamment entre Moscou et Washington, accusant les Etats-Unis d'être responsables de la poursuite des combats. Un cessez-le-feu, qui aurait pu mener Moscou et Washington à coordonner leurs frappes aériennes en Syrie, a volé en éclat le 19 septembre après avoir tenu seulement 10 jours. Depuis, l'aviation russe mène une campagne de frappes meurtrières sur Alep, en soutien à une offensive du régime pour reconquérir la partie rebelle de cette ville divisée depuis 2012 en secteur gouvernemental dans l'ouest et quartiers rebelles dans l'est.

"Alep-Nord n'intéresse plus les Etats-Unis, qui l'a délaissée au profit son allié turc. Les Américains veulent balayer l'EI de l'Irak vers la Syrie. Il y a des objectifs américains et israéliens en Syrie, et le Front al-Nosra (actuellement le Front Fateh el-Cham, après avoir annoncé la rupture de ses liens avec le réseau jihadiste el-Qaëda) est instrumentalisé afin de servir ces objectifs-là", a affirmé Hassan Nasrallah. "Il semble qu'il n'y ait pas dans l'avenir proche de solutions politiques (en Syrie). Il faut résister, rester sur le champ de bataille. Les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et certains pays de la région, sont responsables du sabotage d'une éventuelle solution politique", a ajouté le leader chiite.

La guerre en Syrie, de plus en plus complexe, a tué plus de 300.000 personnes depuis 2011 et entraîné la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.

 

"Le massacre de Sanaa"

Pour ce qui est du Yémen, Hassan Nasrallah est revenu sur les frappes aériennes de samedi contre une cérémonie funèbre. Ces frappes ont fait plus de 140 morts parmi les civils, selon un bilan de l'Onu, et ont vraisemblablement été menées par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

"Le massacre de Sanaa doit être un moyen pour mettre un terme à la guerre au Yémen, de sorte à convaincre l'Arabie qu'il n'y a pas d'issue à ce conflit. Si l'Arabie saoudite s'obstine à poursuivre les combats, elle ne perdra pas seulement le Yémen, mais elle s'autodétruira également", a mis en garde le chef du Hezbollah.

Les civils représentent environ la moitié des 6.700 morts de ce conflit qui oppose, dans ce pays le plus pauvre de la Péninsule arabique, une rébellion chiite à une coalition arabe montée par Riyad pour soutenir le gouvernement yéménite reconnu internationalement.

 

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Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est apparu mardi soir en personne dans le complexe Sayed al-Chouhada' dans la banlieue-Sud de Beyrouth à la veille de la commémoration de l'Achoura, abordant durant son discours la situation en Syrie, au Yémen et au Liban.
La commémoration de l'Achoura est la plus importante du calendrier chiite. Les pèlerins pleurent leur martyr...

commentaires (8)

Michel Aoun est le candidat "naturel" de Hassan Nasrallah. Quelqu'un d'autre serait-il un candidat "artificiel" ?

Un Libanais

18 h 12, le 12 octobre 2016

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Commentaires (8)

  • Michel Aoun est le candidat "naturel" de Hassan Nasrallah. Quelqu'un d'autre serait-il un candidat "artificiel" ?

    Un Libanais

    18 h 12, le 12 octobre 2016

  • LIBANAIS, NE VOUS ILLUSIONNEZ PAS... CAR MEME S,IL SE TROUVAIT DES STUPIDES POUR ACCEPER LES SALLETS IL TINE IL Y AURAIT APRES DES CAISSES DE CERISES A GOBER AUSSI... ET AINSI DE SUITE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 11, le 12 octobre 2016

  • Oui, c'est ca, une entente générale mais à mes conditions dictatoriales et sans le GENERAL. Pauvre GMA qui continue à espérer et qui n'a toujours pas compris que Hassouna ne veut pas de Président de la République maronite et de surcroit quelqu'un comme le GMA à qui Hassouna ne fait pas confiance.

    Achkar Carlos

    11 h 54, le 12 octobre 2016

  • Il y a encore des libanais qui croient en la parole de cet homme !!!! Faites ce que je vous dis et tout ira bien Sinon .... PS - Il a réussi à sortir de son bunker !!!! J'imagine avec quelle escorte renforcée !!!!

    FAKHOURI

    10 h 34, le 12 octobre 2016

  • "Nasrallah boycotte les séances électorales !! Car il veut garantir l'élection de AOUN !!" Mais ce n'est plus un pays libre .... quelle honte pour Aoun d'accepter ce marché .

    Hind Faddoul FAUCON

    08 h 46, le 12 octobre 2016

  • IL FAUT UNE ENTENTE GÉNÉRALE. ÇA VAUT DIRE QUOI EXACTEMENT UNE ENTENTE POUR NASRALLAH ? ÇA VAUT DIRE METTEZ VOUS TOUS À GENOUX ET DITES OUI À TOUS CE QUE JE DEMANDE. POINT FINALE

    Gebran Eid

    01 h 51, le 12 octobre 2016

  • le leader chiite a appelé à une entente générale sur l'élection présidentielle, laissant ainsi entendre qu'un accord bilatéral entre le Courant du Futur et les aounistes ne suffirait pas. Haha ah bon?! Hahahahah

    Bery tus

    22 h 45, le 11 octobre 2016

  • Comment peut on douter de ce qu'il dît ? Il respire la confiance dans la force du JUSTE.

    FRIK-A-FRAK

    22 h 32, le 11 octobre 2016

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